LOS TROYANOS
Personajes
PRÍAMO HÉCUBA HELENO CASANDRA PANTEO ENEAS ASCANIO COREBO HÉCTOR DIDO ANA IOPAS NARBAL |
Rey de Troya Esposa de Príamo Hijo dePríamo Hija de Príamo Sacerdote Troyano Héroe Troyano Hijo de Eneas Prometido de Casandra Hijo de Príamo Reina de Cartago Hermana de Dido Poeta Cartaginés Ministro Cartaginés |
Bajo Mezzosoprano Tenor Soprano Tenor Tenor Soprano Barítono Bajo Mezzosoprano Mezzosoprano Tenor Bajo |
La acción se desarrolla en Troya y Cartago aproximadamente en el año 1200 A.C.
PREMIERE PARTIE: LA CONQUÊTE DE TROYE. ACTE PREMIER (L'emplacement du camp abandonné des Grecs dans la plaine de Troie. A gauche du spectateur et à quelque distance dans l'intérieur de Troie, la Citadelle. A droite, le Simoïs, et sur l'un des bords un tumulus, le tombeau d'Achille. Au loin les sommets du mont Ida. Un autel champêtre sur l'avant-scène et près de l'autel un trône élevé.) Nº 1 - Choeur De La Populace (Le peuple troyen se répandant joyeusement dans la plaine. Soldats, citoyens, femmes, et enfants. Danses, jeux divers. Trois bergers jouent de la double flûte au sommet du tombeau d'Achille.) CHOEUR Ha! ha! Après dix ans passés dans nos murailles. Ah! quel bonheur de respirer l'air pur des champs, que le cri des batailles ne va plus déchirer. (Jeunes garçons et enfants accourant avec des débris d'armes à la main.) Que de débris! - Un fer de lance! Je trouve un casque! - Et moi, deux javelots! Voyez, ce bouclier immense! Il porterait un homme sur les flots! Quels poltrons que ces Grecs! UN SOLDAT Savez-vous quelle tente En ce lieu même s'élevait? CHOEUR Non! Dites-le... C'était? LE SOLDAT Celle d'Achille. CHOEUR (Se reculant avec terreur) Dieux! LE SOLDAT Restez, troupe vaillante! Achille est mort, vous pouvez voir ici Sa tombe, la voici. CHOEUR C'est vrai; de ce monstre homicide Pâris nous délivra. - Connais-tu le cheval De bois, qu'avant de partir pour 1'Aulide Construisirent les Grecs? - Ce cheval colossal, Leur offrande à Pallas, dans ses vastes entrailles Tiendrait un bataillon. On abat les murailles. Dans la ville, ce soir, nous allons le traîner; On dit que le Roi vient tantôt l'examiner! Où donc est-il? - Sur le bord du Scamandre! Il faut le voir sans plus attendre! Courons! courons! Le cheval! le cheval! (Ils surent en tumulte.) No. 2 - Recitatif et Air (Pendant la fin de la scène précédente, Cassandre a paru au milieu des groupes, parcourant la plaine avec agitation. Son regard est inquiet et égaré.) CASSANDRE Les Grecs ont disparu!... mais quel dessein fatal Cache de ce départ l'étrange promptitude? Tout vient justifier ma sombre inquiétude! J'ai vu l'ombre d'Hector parcourir nos remparts Comme un veilleur de nuit, j'ai vu ses noirs regards Interroger au loin le détroit de Sigée... Malheur! dans la folie et l'ivresse plongée La foule sort des murs, et Priam la conduit! Malheureux Roi! dans l'éternelle nuit, C'en est donc fait, tu vas descendre! Tu ne m'écoutes pas, tu ne veux rien comprendre, Malheureux peuple, à l'horreur qui me suit! Chorèbe, hélas, oui, Chorèbe lui-même Croit ma raison perdue!... A ce nom mon effroi Redouble! O Dieux! Chorèbe! il m'aime! Il est aimé! mais plus d'hymen pour moi. Plus d'amour, de chants d'allégresse, Plus de doux rêves de tendresse! De l'affreux destin qui m'oppresse Il faut subir l'inexorable loi! (Elle tombe dans une tendre rêverie.) Chorèbe!... il faut qu'il parte et quitte la Troiade. No. 3 - Duo (Chorèbe s'avance vivement.) CASSANDRE C'est lui! CHORÈBE Quand Troie éclate en transports jusqu'aux cieux Vous fuyez les palais joyeux Pour les bois et les champs, pensive hamadryade! De vous on s'inquiète... CASSANDRE Ah! je cache à vos yeux Le trouble affreux dont mon âme est remplie! CHORÈBE Cassandre! CASSANDRE Quitte-moi! CHORÈBE Viens! CASSANDRE Pars, je t'en supplie! CHORÈBE Moi, partir! Te quitter quand le plus saint des noeuds... CASSANDRE C'est le temps de mourir et non pas d'être heureux. CHORÈBE Reviens à toi, vierge adorée! Cesse de craindre en cessant de prévoir; Lève vers la voûte azurée L'oeil de ton âme rassurée. Laisse entrer en ton coeur un doux rayon d'espoir. CASSANDRE Tout est menace au ciel! Crois en ma voix qu'inspire Le barbare dieu même à nous perdre acharné. Au livre du destin mon regard a su lire, Je vois l'essaim de maux sur nous tous déchaîné! Il va tomber sur Troie! A sa fureur en proie, Le peuple va rugir Et de son sang rougir Le pavé de nos rues; Les vierges demi-nues, Aux bras des ravisseurs, Vont pousser des clameurs A déchirer les nues! Déjà le noir vautour, Sur la plus haute tour A chanté le carnage! Tout s'écroule! tout nage Sur un fleuve de sang, Et dans ton flanc Le fer d'un Grec!... Ah! (Chorèbe soutient un instant dans ses bras Cassandre à demi évanouie.) CHORÈBE Pauvre âme égarée! Reviens à toi, vierge adorée, etc. CASSANDRE La mort déjà plane dans l'air... Et j'ai vu le sinistre éclair De son froid regard homicide! Si tu m'aimes, va-t'en - Pars!... va rendre à ton père Un appui nécessaire A ses vieux ans, Inutile pour nous. CHORÈBE Eh, de quel oeil, si de tels maux sur nous Devaient tomber, chère insensée, Mon père me reverrait-il Fuyant ma fiancée Au moment du péril? Mais le ciel et la terre, Oublieux de la guerre, Proclament ton erreur. Cette tiède douceur Du souffle de la brise Et cette mer qui brise Si mollement ses flots Aux caps de Ténédos; Sur la plaine ondoyante Ces tranquilles troupeaux, Ce pâtre heureux qui chante Et ces joyeux oiseaux Semblent ne faire entendre, Sous le céleste dais, Et partout ne répandre Que l'hymne de la paix. CASSANDRE Signes trompeurs! calme perfide! La mort déjà plane dans l'air, Et j'ai vu le sinistre éclair De son froid regard homicide! Quitte-nous dès ce soir, Entends-moi, je t'implore, Dans nos murs que l'aurore Ne puisse te revoir! D'épouvante j'expire Et mon coeur se déchire! Pars ce soir, pars ce soir! CHORÈBE Te quitter, dès ce soir! Cassandre! et je t'adore! Sauve-moi, je t'implore, D'un affreux désespoir. Tu veux donc que j'expire? Sans pitié peux-tu dire: Pars ce soir, pars ce soir! CASSANDRE Si de ton noble amour, Chorèbe, Tu me crus digne un jour, tu partiras! CHORÈBE Au nom des dieux du ciel et de l'Erèbe, Cassandre, tu m'écouteras! A tes genoux, je tombe, Cassandre! CASSANDRE A tant de douleurs je succombe! Ô dieux cruels! CHORÈBE Te quitter, dès ce soir, etc. CASSANDRE Entends-moi, je t'implore, etc. Aveugle et sourd comme eux! Tu persévères A t'immoler à ton funeste amour? CHORÈBE Je ne te quitte pas! CASSANDRE L'épouvantable jour Te verra donc combattre avec mes frères? CHORÈBE Je ne te quitte pas! CASSANDRE Eh bien! voilà ma main Et mon chaste baiser d'épouse! Reste! La mort jalouse Prépare notre lit nuptial pour demain. CHORÈBE Viens! Viens! (Il l'entraîne éperdue.) No. 4 - Marche et Hymne (Entrent Ascagne a la tête des enfants, Hécube et les Princesses, Énée à la tête des guerriers troyens, Priam et les Prêtres.) CHOEUR Dieux protecteurs de la ville éternelle, Recevez notre encens; Et du bonheur de son peuple fidèle Entendez les accents! Ô vous! divins auteurs de notre délivrance. Dieu de l'Olympe! Dieu des mers! Régulateurs de l'univers, Acceptez les présents de la reconnaissance. Nº 5 - Combat de Ceste Pas de Lutteurs (Danses et jeux populaires) Nº 6 - Pantomime (Andromaque entre à pas lents, tenant par la main Astyanax. Ils sont en deuil - vêtus de blanc - tous les deux.) CHOEUR Andromaque et son fils! Ô destin! Ces clameurs de la publique allégresse... (Astyanax dépose une corbeille de fleurs au pied de l'autel. Andromaque s'agenouille a côté de lui et prie pendant quelques instants.) Et cette immense tristesse, Ce deuil profond, (Andromaque se lève et conduit son fils devant le trône de Priam.) Ces muettes douleurs! (Elle présente l'enfant au Roi et à la Reine. Elle attire Astyanax contre son sein et l'embrasse avec une tendresse convulsive.) Les épouses, les mères pleurent à leur aspect... (Priam se lève et bénit l'enfant. Hécube le bénit à son tour. Lle Roi et la Reine reprennent place sur leurs trônes. Astyanax intimidé revient se réfugier auprès de sa mère. L'émotion douloureuse d'Andromaque augmente.) CASSANDRE (passant au fond du théâtre) Hélas! garde tes pleurs, Veuve d'Hector... (Andromaque abaisse son voile.) A de prochains malheurs Tu dois bien des larmes amères... (Les larmes la gagnant, Andromaque reprend la main d'Astyanax et passe devant les divers groupes du peuple pour se retirer. La foule s'écarte devant les deux personnages. Plusieurs femmes troyennes pleurant, cachent leur visage sur l'épaule des hommes qui sont auprès d'elles. Les deux personnages s'éloignent à pas lents.) CHOEUR Ah! Nº 7 - Narration ÉNÉE (accourant) Du peuple et des soldats, ô roi! la foule S'enfuit et roule Comme un torrent; on ne peut l'arrêter! Un prodige inouï vient de l'épouvanter: Laocoon, voyant quelque trame perfide Dans l'ouvrage des Grecs, a d'un bras intrépide Lancé son javelot sur ce bois, excitant Le peuple indécis et flottant A le brûler. Alors, gonflés de rage, Deux serpents monstrueux s'avancent vers la plage, S'élancent sur le prêtre, en leurs terribles noeuds L'enlacent, le brûlant de leur haleine ardente, Et le couvrant d'une bave sanglante, Le dévorent à nos yeux. Nº 8 - Double Choeur PRIAM, PANTHÉE, CHORÈBE ÉNÉE, HELÉNUS, CASSANDRE ASCACNE, HECUBE, LE PEUPLE Châtiment effroyable! Mystérieuse horreur! A ce récit épouvantable Le sang s'est glacé dans mon coeur. Un frisson de terreur Ebranle tout mon être! Laocoon! un prêtre! Objet de la fureur des dieux, Dévoré palpitant par ces monstres hideux! Horreur! CASSANDRE Ô peuple déplorable! Mystérieuse horreur, etc. Nº 9 - Récitatif et Choeur ÉNÉE Que la déesse nous protége, Conjurons ce nouveau danger! Il est trop vrai, Pallas vient de venger Un affreux sacrilège. PRIAM Pour l'apaiser, suivez mes ordres sans retard. ÉNÉE Déjà sur des rouleaux disposés avec art, Le cheval est placé, que chacun le conduise, Vers le Palladium en pompe l'introduise! A cet objet sacré formez cortège, enfants, Femmes, guerriers, couvrez de fleurs la voie, Et que jusques dans Troie La trompette et la lyre accompagnent vos chants! ENSEMBLE A cet objet sacré formez cortège, enfants, etc. CASSANDRE (parcourant la scène avec égarement). Malheur! PRIAM, HECUBE, ÉNÉE PANTHÉE, CHORÈBE, HELÉNUS Pallas, pardonne à Troie! (Ils sortent. Cassandre reste seule sur l'avant-scène. Après avoir fait quelques pas pour suivre la foule, elle rentre brusquement.) Nº 10 - Air CASSANDRE Non, je ne verrai pas la déplorable fête Où s'enivre, en espoir d'un brillant avenir, Ce peuple condamné, que rien, hélas! n'arrête Sur la pente du gouffre. Ô cruel souvenir! Gloire de la Patrie!... Et voir s'évanouir Du bonheur le plus pur la séduisante image! Ô Chorèbe! O Priam!... Vains efforts de courage, Des pleurs d'angoisse inondent mon visage! Nº 11- Final: Marche Troyenne (On entend le cortège dans un grand éloignement.) CASSANDRE De mes sens éperdus... est-ce une illusion? Les choeurs sacrés d'Ilion! CHOEUR Du roi des dieux, ô fille aimée, Du casque et de la lance armée, Sage guerrière aux regards doux, A nos destins sois favorable, Rends Ilion inébranlable, Belle Pallas, protége-nous. CASSANDRE Quoi, déjà le cortège!... Au loin je l'aperçois! L'ennemi vient et la ville est ouverte!... Ce peuple fou qui se rue à sa perte Semble avoir devancé les ordres de son Roi! (On entend le cortège plus près.) CHOEUR Du roi des dieux, etc. Entends nos voix, vierge sublime, Aux sons des flûtes de Dindyme Se mêler au plus haut des airs. Que la trompette phrygienne Unie à la lyre troyenne Te porte nos pieux concerts! CASSANDRE L'éclat des chants augmente! L'énorme machine roulante S'avance!... la voici! CHOEUR (entrant en scène) Du roi des dieux, etc. Souriante guirlande, A l'entour de l'offrande Dansez, heureux enfants! Semez sur la ramée La neige parfumée Des muguets du printemps. Pallas! protège-nous! (Les chants cessent brusquement. Le choeur s'agite en divers sens; quelques femmes sortent comme pour aller voir ce qui se pose hors de la scène et reviennent presque aussitôt.) QUELQUES HOMMES DU PEUPLE Qu'est-ce donc? et pourquoi ce mouvement d'alarmes? CASSANDRE Jupiter! on hésite! Et la foule s'agite! LES FEMMES Dans les flancs du colosse on entend un bruit d'armes... CASSANDRE On s'arrête... O dieux! Si... LES HOMMES Présage heureux! chantez, enfants! (Les chants reprennent avec plus d'éclat qu'auparavant.) TOUT LE CHOEUR Fiers sommets de Pergame, D'une joyeuse flamme Rayonnez triomphants! (Le choeur reprend la suite du cortège et sort.) CASSANDRE Arrêtez! arrêtez! Oui, la flamme, la hache! Fouillez le flanc du monstrueux cheval! Laocoon!... les Grecs!... il cache Un piège infernal... Ma voix se perd!... plus d'espérance! Vous êtes sans pitié, grands dieux, Pour ce peuple en démence! Ô digne emploi de la toute-puissance, Le conduire à l'abîme en lui fermant les yeux! (Elle écoute les derniers sons de la marche triomphale qu'on distingue encore et qui s'éteignent tout d'un coup.) Ils entrent, c'en est fait, le destin tient sa proie! Soeur d'Hector, va mourir sous les débris de Troie! (Elle sort.) ACTE DEUXIÈME Premier Tableau Nº 12 - Scène et Récitatif (Un appartement du palais d'Énée, qu'éclaire à peine une lampe. Rumeurs de combats éloignés. Énée à demi-armé dort sur son lit. Ascagne sort tout effrayé d'un appartement voisin. Il écoute; il s'approche du lit de son père. Les bruits de la ville cessant de se faire entendre, il n'ose pas le réveiller et s'en retourne. D'un coin obscur s'avance vers Énée le spectre sanglant d'Hector d'un pas lent le solennel. Sa barbe et sa chevelure sont souillées et en désordre. Parvenu auprès d'Énée, il reste un instant immobile à le contempler et soupire profondément. Un bruit d'écroulement au loin, plus fort que les précédents, éveille Énée en sursaut. Il voit Hector debout devant lui et après un instant d'indécision il lui adresse la parole, à demi levé sur sa lit.) ÉNÉE Ô lumière de Troie!... Ô gloire des Troyens! Après tant de labeurs de tes concitoyens, De quels bords inconnus reviens-tu? Quel nuage Semble voiler tes yeux sereins? Hector, quelles douleurs ont flétri ton visage? L'OMBRE D'HECTOR Ah!... fuis, fils de Vénus! l'ennemi tient nos murs! De son faîte élevé Troie enrière s'écroule! Un ouragan de flammes roule Des temples aux palais ses tourbillons impurs... Nous eussions fait assez pour sauver la patrie Sans l'arrêt du destin. Pergame te confie Ses enfants et ses dieux. Va, cherche l'Italie... Où pour ton peuple renaissant, Après avoir longtemps erré sur l'onde Tu dois fonder un empire puissant, Dans l'avenir, dominateur du monde, Où la mort des héros t'attend. (Hector s'éloigne avec solennité et sa forme devient de plus en plus indistincte pendant qu'Énée le suit d'un regard effaré.) Nº 13 - Recitatif et Choeur (Entre Panthée blessé au visage et portant les dieux de Troie.) ÉNÉE Quelle espérance encor est permise, Panthée? Où combattre, où courir? PANTHÉE La ville ensanglantée Brûle! c'est notre jour fatal! Priam n'est plus! Sortis du monstrueux cheval, Les Grecs ont massacré les gardes de nos portes. Déjà d'innombrables cohortes, Affluant du dehors, courent de toutes parts Attiser l'incendie Qu'alluma de leurs chefs l'infâme perfidie; D'autres occupent les remparts. (Entre Ascagne.) ASCAGNE Ô père! le palais d'Ucalégon s'écroule! Son toit fondant en pluie ardente coule! ÉNÉE (l'interrompant) Suis-nous, Ascagne! (Entre Chobère, à la tête d'une troupe armée.) CHORÈBE Aux armes, grand Énée! Viens, la Citadelle cernée Tient encor! ÉNÉE A tout prix il faut y parvenir. Prêts à mourir Tentons de nous défendre. Le salut des vaincus est de n'en plus attendre. (Grands bruits et cris lointains.) CHOEUR Le salut des vaincus est de n'en plus attendre. Entendez-vous L'écroulement des tours?... la flamme dévorante? Les hurlements des Grecs? Toujours leur foule augmente. Marchons! le désespoir dirigera nos coups. TOUS Prêts à mourir, tentons de nous défendre, Le salut des vaincus est de n'en plus attendre. (Énée prend la main d'Ascagne et le place au milieu d'un groupe armé.) Mars! Erinnys! conduisez-nous! (Ils sortent.) Deuxième Tableau Nº 14 - Choeur - Priere (Un intérieur du palais de Priam. Dans le fond, une galerie à colonnade dont le parapet peu élevé donne sur une place située à une assez grande profondeur. Entre les colonnades on aperçoit ou loin le mont Ida. L'autel de Vesta-Cybèle allumé. Polyxène, femmes troyennes, groupées autour de l'autel. Quelques-unes sont agenouillées, d'autres assises à terre plusieurs sont couchées sur les gradins de l'autel, la face contre terre. Toutes dans l'attitude du plus profond accablement) CHOEUR DES TROYENNES Ah! Puissante Cybèle, Déesse immortelle, Mère des malheureux, A les Troyens sois secourable, A leurs efforts sois favorable En ces moments affreux! Sauve de l'outrage Et de l'esclavage Leurs mères, leurs soeurs. Brise l'arme impie De la perfidie Aux mains des vainqueurs, Puissante Cybèle, etc. Nº 15 - Recitatif et Choeur (Entre Cassandre, les cheveux épars.) CASSANDRE Tous ne périront pas. Le valeureux Énée Et sa troupe, trois fois au combat ramenée, Ont délivré nos braves citoyens Enfermés dans la Citadelle. Le trésor de Priam est aux mains des Troyens. Bientôt en Italie, où le sort les appelle, Ils verront s'élever, plus puissante et plus belle, Une nouvelle Troie. Ils marchent vers l'Ida. CHOEUR Et Chorèbe? CASSANDRE Il est mort. CHOEUR Dieux cruels! CASSANDRE De Vesta, Pour ta dernière fois, à l'autel, je m'incline. Je suis mon jeune époux. Oui, cet instant termine Mon inutile vie. CHOEUR O digne soeur d'Hector! Prophétesse que Troie accusait de démence! De nous sauver, hier, il était temps encor, Quand elle prédisait cette ruine immense! CASSANDRE Bientôt elle ne sera plus. CHOEUR Ô désespoir! Ô regrets superflus! CASSANDRE Mais vous, colombes effarées, Pouvez-vous consentir A l'horrible esclavage? et voudrez-vous subir, Vierges, femmes déshonorées La loi brutale des vainqueurs? CHOEUR Faut-il bannir tout espoir de nos coeurs? CASSANDRE L'espoir! Ô malheureuses! Dans ces ténèbres lumineuses Ne voyez-vous, n'entendez-vous donc pas Les cruels Myrmidons qui remplissent nos rues Et ceux qui du palais gardent les avenues? CHOEUR C'en est fait, rien ne peut nous sauver de leurs bras. CASSANDRE Rien, dites-vous? Si l'honneur vous anime, (montrant la galerie) Pour qui donc cet abîme Est-il ouvert devant vos pas? (montrant son poignard et les ceintures des femmes) Pour qui ce fer et ces cordons de soie, Sinon pour vous, femmes de Troie? (Un petit groupe se tait et manifeste une terreur rofonde.) UNE PARTIE DU CHOEUR Héroïne d'amour Et d'honneur, tu dis vrai! nous te suivrons! CASSANDRE Le jour Ne vous trouvera pas par les Grecs profanées? LE GRAND CHOEUR Non, Cassandre, nous le jurons! CASSANDRE Vous ne paraîtrez pas en triomphe traînées? LE GRAND CHOEUR Jamais! jamais! avec toi nous mourrons. Nº 16 - Final (Les femmes se parlent entre elles. Quelques-unes prennent de lyres et en jouent en chantant.) LE GRAND CHOEUR Complices de sa gloire, En partageant son sort, Des Grecs par notre mort Flétrissons la victoire! Pures et libres nous vivions. En cette nuit fatale Pures et libres descendons A la rive infernale! CASSANDRE (interpellant le petit groupe) Vous qui tremblez et gardez le silence, Vous hésitez? LE PETIT GROUPE Ah! je me sens frémir! CASSANDRE Eh quoi! vous subiriez une vile existence indigne des grands coeurs? LE PETIT GROUPE Hélas!... déjà mourir! CASSANDRE (avec explosion) Allez dresser la table et le lit de vos maîtres! Esclaves, loin de nous! LE PETIT GROUPE Pitié... CASSANDRE ET LE GRAND CHOEUR Honte sur vous! Descendez vers ces traîtres, Jetez-vous à leurs pieds, embrassez leurs genoux! (avec une violente expression de mépris) Allez vivre! Thessaliennes! Honte sur vous! sortez! vous n'êtes pas Troyennes! (Elles les chassent. Le petit groupe recule en silence devant les autres femmes jusqu'à la coulisse il sort enfin de la scène. Toutes les autres redescendent la scène avec une exaltation toujours croissante.) LE GRAND CHOEUR Cassandre, avec toi nous mourrons! On ne nous verra pas par les Grecs profanées, Nous ne paraîtrons pas en triomphe traînées, Non, non, jamais, nous le jurons. (Reprenant leurs lyres.) Complices de sa gloire, etc. Ouvre-nous, noir Pluton, Les portes du Ténare! Fais retentir, Caron, Ta funèbre fanfare! CASSANDRE (avec la plus grande exaltation) Chorèbe! Hector! Priam! Roi! père! frère! Amant! Je vous rejoins! entendez leur serment. Dieux des enfers! (Elle saisir la lyre d'une Troyenne.) Mourez dignes de gloire, Et partageant mon sort Des Grecs par votre mort, etc. (Un chef grec entre pendant la fin de cette scène; il s'avance rapidement l'épée haute, et s'arrête étonné à l'aspect des Troyennes.) UN CHEF GREC (pendant la fin du choeur) Quoi! la lyre à la main!... de ce noble transport. J'admire malgré moi la sublime ironie! Cassandre!... qu'elle est belle ainsi chantant la mort, Bacchante à l'oeil d'azur s'enivrant d'harmonie! (Entre une partie des Grecs.) LES SOLDATS Le trésor! le trésor! livrez-nous le trésor! (Ils lèvent leurs épées sur les femmes.) CASSANDRE Nous méprisons votre lâche menace, Monstres ivres de sang, troupe immonde et rapace! Vous n'étancherez pas, brigands, votre soif d'or! (Elle se frappe et tendant le poignard à Polyxène.) Tiens! la douleur n'est rien! (Polyxène se frappe à son tour. Cassandre se soutient toujours.) AUTRE TROUPE DE GRECS (entrant) Dieux ennemis! Ô rage! Couverts de sang, du milieu du carnage, Énée et ses Troyens échappent à nos coups. Et, maîtres du trésor, ils sortent!... CASSANDRE, LES FEMMES (Quelques-unes dénouent leur ceinture et tirant leur poignard.) Malgré vous, Aux chemins de l'Ida déjà les voilà tous, Et nous bravons votre furie. (Toutes agitant leurs voiles et leurs écharpes du côté de l'Ida.) Sauve nos fils, Énée! Italie! Italie! (Quelques-unes se précipitent, d'autres s'étranglent et se poignardent. Cri d'horreur des Grecs s'élançant vers la galerie. Pendant cette dernière scène, Cassandre, après s'être frappée, et voyant les Troyennes monter sur le parapet pour se précipiter, s'avance en chancelant vers le fond du théâtre; mais les forces lui manquent avant de parvenir à la galerie. Elle s'affaisse aux genoux, puis se relevant pour un suprême effort et rendant les bras vers l'Ida, elle s'écrie: Italie! et tombe morte.) DEUXIÈME PARTIE: LES TROYENS À CARTAGE. ACTE TROISIÈME (Une vaste salle de verdure du palais de Didon à Carthage. Sur l'un des côtés s'élève un trône entouré des trophées de l'agriculture, du commerce, et des arts; sur l'autre côté et au fond un amphithéâtre en gradins, sur lequel une innombrable multitude est assise, au lever du rideau.) Nº 17 - Choeur CHOEUR (d'une partie du peuple carthaginois) De Carthage les cieux semblent bénir la fête! Vit-on jamais un jour pareil Après si terrible tempête? Quel doux zéphyr! notre brûlant soleil De ses rayons calme la violence; A son aspect la plaine immense Tressaille de joie; il s'avance Illuminant le sourire vermeil De la nature à son réveil. Nº 18 - Chant National (Entre Didon avec sa suite. A son entrée tout le peuple assis sur les gradins de l'amphithéâtre se lève en agitant des voiles de diverses couleurs, des palmes, des fleurs. Didon va s'asseoir sur son trône ayant sa soeur à sa droite et Narbal à sa gauche; quelques soldats les entourent.) CHOEUR GENERAL Gloire à Didon, notre reine chérie! Reine par la beauté, la grâce, le génie, Reine par la faveur des dieux, Et reine par l'amour de ses sujets heureux! (Le peuple agite des palmes et jette des fleurs.) Nº 19 - Récitatif et Air DIDON (debout, du haut de son trône) Nous avons vu finir sept ans à peine, Depuis le jour où, pour tromper la haine Du tyran meurtrier de mon auguste époux, J'ai dû fuir avec vous, De Tyr à la rive africaine. Et déjà nous voyons Carthage s'élever, Ses campagnes fleurir, sa flotte s'achever! Déjà des bords lointains on s'éveille l'aurore Vous rapportez, laboureurs de la mer, Le blé, le vin et la laine et le fer, Et les produits des arts qui nous manquent encore. Chers Tyriens, tant de nobles travaux Ont enivré mon coeur d'un orgueil légitime! Mais ne vous lassez pas, suivez la voix sublime Du Dieu qui vous appelle à des efforts nouveaux! Donnez encore un exemple à la terre; Grands dans la paix, devenez dans la guerre Un peuple de héros. LE PEUPLE Grands dans la paix, etc. DIDON Le farouche Iarbas veut m'imposer la chaîne D'un hymen odieux; Son insolence est vaine. LE PEUPLE Son insolence est vaine. DIDON Le soin de ma défense est à vous comme aux dieux. LE PEUPLE Gloire à Didon, notre reine chérie! Chacun de nous est prêt à lui donner sa vie! Tous nous la défendrons. Nous bravons d'Iarbas l'insolence et la rage, Et nous repousserons Jusqu'au fond des déserts ce Numide sauvage! DIDON, PEUPLE Chers Tyriens! oui, vos nobles travaux, etc. DIDON Cette belle journée, Qui dans vos souvenirs doit rester à jamais, A couronner les oeuvres de la paix Fut par moi destinée. Approchez, constructeurs, Matelots, laboureurs; Recevez de ma main la juste récompense Due au travail qui donne la puissance Et la vie aux Etats. Nº 20 - Entree des Constructeurs (Les constructeurs en cortège s'avancent vers le trône. Didon donne à leur chef une équerre d'argent et une hache. Le cortège retourne au fond du théâtre.) Nº 21 - Entrée des Matelots (Les matelots en cortège s'avancent vers le trône. Didon donne à leur chef un gouvernail et un aviron. Le cortège retourne au fond du théâtre.) Nº 22 - Entrée des Laboureurs (Le cortège des laboureurs, plus nombreux que les deux précédents, s'avance lentement vers le trône; un vieillard robuste le conduit.) Nº 23 - Recitatif et Choeur (Didon donne au vieillard chef du laboureurs une faucille d'or, puis, tenant à la main une couronne de fleurs et d'épis, elle s'écrie:) DIDON Peuple! tous les honneurs Pour le plus grand des arts, L'art qui nourrit les hommes! LE PEUPLE Vivent les laboureurs! nous sommes Leurs fils reconnaissants; ils nous donnent le pain! DlDON (à part) Ô Cérès! l'avenir de Carthage est certain! CHOEUR GENERAL Gloire à Didon, notre reine chérie! Chacun de nous est prêt à lui donner sa vie. Prouvons-lui notre amour par des gages nouveaux. Colons, marins, formons un peuple de héros! Gloire à Didon, notre reine chérie! Reine par la beauté, etc. (Le peuple, conduit par Narbal, défile en cortège devant le trône de Didon et sort) Nº 24 - Recitatif et Duo DIDON Les chants joyeux, l'aspect de cette noble fête, Ont fait rentrer la paix en mon coeur agité. Je respire, ma soeur, oui, ma joie est parfaite, Je retrouve le calme et la sérénité. ANNA Reine d'un jeune empire Qui chaque jour s'élève florissant, Reine adorée et que le monde admire, Quelle crainte avait pu vous troubler un instant? DIDON Une étrange tristesse, Sans causes, tu le sais, vient parfois m'accabler. Mes efforts restent vains contre cette faiblesse, Je sens transir mon sein qu'un ennui vague oppresse, Et mon visage en feu sous mes larmes brûler... ANNA (souriant) Vous aimerez, ma soeur... DIDON Non, toute ardeur nouvelle Est interdite à mon coeur sans retour. ANNA Vous aimerez, ma soeur... DIDON Non, la veuve fidèle Doit éteindre son âme et détester l'amour. ANNA Didon, vous êtes reine, et trop jeune, et trop belle, Pour ne plus obéir à cette douce loi; Carthage veut un roi. DIDON (montrant à son doigt l'anneau de Sichée) Puissent mon peuple et les dieux me maudire, Si je quittais jamais cet anneau consacré! ANNA Un tel serment fait naître le sourire De la belle Vénus; sur livre sacré Les dieux refusent de l'inscrire. DIDON Sa voix fait naître dans mon sein La dangereuse ivresse; Déjà dans ma faiblesse Contre un espoir confus je me débats en vain. ANNA Ma voix fait naître dans son sein Des rêves de tendresse; Déjà dans sa faiblesse, Au doux espoir d'aimer elle résiste en vain. DIDON Sichée! Ô mon époux, pardonne A cet instant d'involontaire erreur, Et que ton souvenir chasse loin de mon coeur Ce trouble qui l'étonne. ANNA Didon, ma tendre soeur, pardonne, Si je dissipe une trop chère erreur, Pardonne si ma voix excite dans ton coeur Ce trouble qui l'étonne. Nº 25 - Récitatif et Air IOPAS Echappés à grand peine, à la mer en fureur, Reine, les députés d'une flotte inconnue D'être admis devant vous implorent la faveur. DIDON La porte du palais n'est jamais défendue A de tels suppliants. (Sur un signe de la reine, Iopas sort.) Errante sur les mers, Ne fus-je pas aussi, de rivage en rivage, Emportée au sein de l'orage Jouet des flots amers! Hélas, des coups du sort je sais la violence Sur ceux qu'il frappe. Au malheur compatir Est facile pour nous. Qui connut la souffrance Ne pourrait voir en vain souffrir. Nº 26 - Marche Troyenne (dans le mode triste.) DIDON (à part) J'éprouve une soudaine et vive impatience De les voir, et je crains en secret leur présence. (Elle monte sur son trône. Entrent Énée sous un déguisement de matelot, Panthée, Ascagne, et les chefs Troyens portant des présents.) Nº 27 - Recitatif ASCAGNE (s'inclinant devant la reine) Auguste reine, un peuple errant et malheureux Pour quelques jours vous demande un asile. Je dépose à vos pieds les présents précieux, Débris de sa grandeur, que, par ma main débile Au nom de Jupiter, vous offre un chef pieux. DIDON De ce chef, bel enfant, dis-moi le nom, la race? ASCAGNE Ô reine, sur nos pas une sanglante trace Des monts de la Phrygie a marqué les chemins Jusqu'à la mer. Ce sceptre d'Ilion, (Il offre un à un les présents.) Fille du roi Priam, d'Hécube la couronne, Et ce voile léger d'Hélène où l'or rayonne, Doivent vous dire assez que nous sommes Troyens. DIDON Troyens! ASCAGNE Notre chef est Énée, Je suis son fils. DIDON Etrange destinée! PANTHÉE (s'avançant) Obéissant au souverain des dieux Ce héros cherche l'Italie, Où le sort lui promet un trépas glorieux Et le bonheur de rendre aux siens une patrie. DIDON Qui n'admire ce prince, ami du grand Hector? Qui de son nom fameux n'est ignorant encor? Carthage en est remplie. Dites-lui que mon port ouvert à ses vaisseaux L'attend. Qu'il vienne, qu'il oublie Avec vous à ma cour ses pénibles travaux. Nº 28 - Final NARBAL (entrant avec agitation) J'ose à peine annoncer la terrible nouvelle! DIDON Qu'arrive-t-il? NARBAL Le Numide rebelle, Le féroce Iarbas Avec d'innombrables soldats S'avance vers Carthage. CARTHAGINOIS (au loin) Des armes! des armes! NARBAL Et la troupe sauvage Egorge nos troupeaux Et dévaste nos champs. Mais des malheurs nouveaux Menacent la ville elle-même: A nos jeunes guerriers dont l'ardeur est extrême Les armes vont manquer. DIDON Que dites-vous, Narbal? NARBAL Que nous allons tenter un combat inégal. CARTHAGINOIS Des armes! des armes! ÉNÉE (s'avançant après avoir laissé tomber son déguisement de matelot. Il porte un brillant costume et la cuirasse, mais sans casque ni bouclier.) Reine, je suis Énée! Ma flotte sur vos bords par les vents entraînée A de rudes travaux fut par moi destinée; Permettez aux Troyens de combattre avec vous! DIDON J'accepte avec orgueil une telle alliance! Énée armé pour ma défense! Les dieux se déclarent pour nous. (à part, à Anna) Ô ma soeur, qu'il est fier, ce fils de la déesse, Et qu'on voit sur son front de grâce et de noblesse! ÉNÉE Sur cette horde immonde d'Africains, Marchons Troyens et Tyriens, Volons à la victoire ensemble! Comme le sable emporté par les vents Chassons dans ses déserts brûlants Le Numide éperdu; qu'il tremble. ÉNÉE, PANTHÉE, NARBAL, IOPAS ASCAGNE, DIDON, ANNA, TROYENS C'est le dieu Mars qui vous/nous rassemble, C'est le fils de Vénus qui vous/nous guide aux combats! Exterminez/ exterminons la noire armée, Et que demain la renommée Proclame au loin la honte et la mort d'Iarbas! (Pendant la fin de ce morceau, on apporte ses armes d'Énée. Il met rapidement son casque, passe à son bras son vaste bouclier et saisit ses javelots.) ÉNÉE (à Panthée) Annonce à nos Troyens l'entreprise nouvelle Où la gloire les appelle. (Panthée sort.) Reine, bientôt du barbare odieux Vous serez délivrée. A vos soins généreux J'abandonne mon fils. DIDON De mon amour de mère Pour lui ne doutez pas. ÉNÉE (à Ascagne) Viens embrasser ton père. (Il l'embrasse en le couvrant tout entier de ses armes. Ascagne pleure sans répondre.) D'autres t'enseigneront, enfant, l'art d'être heureux; Je ne t'apprendrai, moi, que la vertu guerrière Et le respect des dieux; Mais révère en ton coeur et garde en ta mémoire Et d'Énée et d'Hector les exemples de gloire. (Le peuple de Carthage accourt de toutes parts demandant des armes. Quelques hommes seulement sont armés régulièrement, les autres portent des faux, des haches, des frondes. Panthée rentre en scène. Ascagne essuyé tout à coup ses larmes et s'élance à côté des chefs troyens.) ENSEMBLE Des armes! des armes! Sur cette horde immonde d'Africains, Marchez/ marchons Troyens et Tyriens, etc. |
PRIMERA PARTE: LA CONQUISTA DE TROYA. ACTO PRIMERO (El emplazamiento del campamento abandonado por los griegos ante Troya. A la izquierda, tras las murallas, la Ciudadela. A la derecha, el Simois, y sobre una de sus orillas un túmulo, la tumba de Aquiles. Un altar de campaña en la parte delantera de la escena y, junto a él, un trono sobre un podio.) Nº 1 - Coro de Troyanos (El pueblo troyano se divierte alegremente por la llanura. Soldados, ciudadanos, mujeres y niños. Bailes y juegos. Tres pastores tocan la flauta doble sobre la tumba de Aquiles.) CORO ¡Ja, ja! Muchos días hemos pasado tras las murallas. ¡Ah, qué felicidad poder respirar de nuevo el aire puro de la campiña que el fragor de la batalla nos había arrebatado! (Muchachos y niños acuden llevando despojos de la batalla) ¡Cuántos despojos!... ¡Un hierro de lanza! ¡Yo encontré un casco!... ¡Y yo, dos jabalinas! ¡Mirad, qué escudo tan grande! ¡Se podría llevar sobre él a un gigante! ¡Esos griegos son unos cobardes! UN SOLDADO ¿Sabéis qué tienda estaba en este mismo sitio? CORO ¡No! Dínoslo... ¿De quién era? EL SOLDADO La de Aquiles. CORO (Retroceden con terror) ¡Dioses! EL SOLDADO ¡No corráis , tropa de valientes! Aquiles está muerto, podéis ver aquí su tumba... ¡Ahí está! CORO Cierto, Paris nos libró de ese monstruo homicida. ¿Has visto el caballo de madera, que antes de marchar para la Hélade, nos han regalado los griegos? ¡Es enorme!... Es una ofrenda a Palas. En sus entrañas cabría un batallón. Al anochecer lo llevaremos a la ciudad, pero antes, y debido a su tamaño, deberemos romper las murallas. El rey regresa del Escamandra y viene a verlo. ¡Corramos!... ¡Corramos también a verlo! (Salen todos en tropel) Nº. 2 -Recitativo y Aria (Mientras acaba la escena anterior, Casandra aparece caminando por la llanura agitadamente. Su mirada está inquieta y extraviada.) CASANDRA ¡Los griegos se han ido! Pero, ¿qué siniestra intención se esconde tras esta precipitada partida? ¡La inquietud me invade! He visto la sombra de Héctor recorrer las murallas como un espíritu nocturno y con su negra mirada observar a la destruida Sigea... ¡Ay, desgracia! La locura se ha apoderado de la multitud y abandona las murallas... ¡Príamo va a la cabeza! ¡Desdichado rey! ¡Has caído en las tinieblas eternas! ¡No me escuchas, no quieres entenderme! ¡Pueblo infeliz, mi funesto presagio te acecha! ¡Ay de mí! ¡Incluso Corebo cree que estoy loca! ¡Cuando pronuncio su nombre, el terror invade! ¡Oh, dioses! ¡Corebo y yo nos amamos! Pero no habrá himeneo para mí... No tendré esponsales, ni cantos festivos, ¡ni dulces sueños de ternura! ¡Él deberá cargar con mi destino inexorable! (Entrando en un dulce sueño.) ¡Corebo!... Debes abandonar la Troya... Nº 3 - Dúo (Corebo llega presuroso) CASANDRA ¡Es él! COREBO ¡Cuando Troya estalla de felicidad, tú huyes del alegre palacio y te refugias en los bosques y campos. ¡Estaba intranquilo por ti, oh hamadríada! CASANDRA ¡Ay, deseo ocultar a tus ojos el terrible temor que anida en mi alma! COREBO ¡Casandra! CASANDRA ¡Déjame! COREBO ¡Ven! CASANDRA ¡Vete, te lo suplico! COREBO ¿Marcharme? ¡Dejarte cuando el más santo de los nudos... CASANDRA Ha llegado la hora de morir, no de estar alegre. COREBO ¡Vuelve en ti, virgen adorada! Deja de desconfiar, de vaticinar, eleva hacia la bóveda azul la mirada de tu alma serena. Deja entrar en tu corazón un rayo de esperanza. CASANDRA ¡El cielo nos amenaza! Cree en mis palabras que las inspira mismo dios que nos destruirá. Mi mirada ha leído el libro del destino. ¡Veo un sinnúmero de males caer sobre nosotros! ¡Se precipitarán sobre Troya! Veo que ante su furor, el pueblo gemirá y con su propia sangre enrojecerá el suelo de las calles. Veo a las vírgenes, semidesnudas, en brazos de sus raptores. ¡Gimiendo querrán cubrir su desnudez! ¡Ya el negro buitre, desde la más alta de las torres, ha visto la carnaza! ¡Todo se desplomará sobre un río de sangre! ¡Y en tu costado una espada griega!... ¡Ah! (Corebo sostiene en sus brazos a Casandra medio desvanecida.) COREBO ¡Pobre alma extraviada! Vuelve en ti, virgen adorada, etc. CASANDRA La muerte planea ya sobre el aire... ¡Veo el siniestro relámpago de su fría mirada homicida! ¡Si me amas, vete!... ¡Vete!... Ve a dar a tu padre un apoyo necesario en su vejez. No hay esperanza para nosotros... COREBO Si tu mirada predice tales males para nosotros, querida insensata, ¿acaso crees que me recibiría mi padre sabiendo que he abandonado a mi prometida en un momentos de tal peligro? Pero el cielo y la tierra, olvidados ya de la guerra, proclaman tu error. Siente la tibia dulzura del soplo de la brisa que mece las olas del mar en los acantilados de Ténedos. Mira los apacibles rebaños que sobre el valle ondulante conduce el pastor. Oye el alegre canto de los juguetones pájaros que parecen hacerse entender. Bajo el celeste dosel, y por todas partes, se escucha un himno de paz. CASANDRA ¡Signos arteros y calma aparente! La muerte planea ya sobre el aire. ¡Veo el siniestro relámpago de su fría mirada homicida! Márchate antes del anochecer... Sigue mi consejo... ¡Te lo suplico! Que no te sorprenda la aurora en el interior de la ciudad. ¡Mi corazón se rompe de dolor en mil pedazos! ¡Vete esta misma noche, vete esta noche! COREBO ¿Dejarte esta noche? Casandra, ¡pero si yo te adoro! Sálvame, te lo ruego, de una horrorosa desesperación. ¿Acaso no ves que si parto moriré? ¿Cómo puedes decir que me marche esta noche? ¡Esta misma noche? CASANDRA Si me crees digna de tu amor, Corebo, ¡debes marcharte! COREBO ¡Por todos los dioses del Cielo y del Erebo! Casandra, ¿me vas a escuchar? Te lo pido de rodillas, ¡Casandra! CASANDRA ¡Cedo ante tanto dolor! ¡Oh, dioses crueles! COREBO Dejarte, dejarte esta noche, etc. CASANDRA Escúchame, te lo ruego, etc. ¡Estás ciego y sordo, como todos! ¿Quieres inmolarte por tu funesto amor? COREBO ¡No te dejaré nunca! CASANDRA ¿No comprendes que mañana deberás combatir junto a mis hermanos? COREBO ¡No te dejaré nunca! CASANDRA ¡Está bien! ¡Aquí tienes mi mano y mi casto beso de prometida!... ¡Quédate! Que la celosa muerte prepare nuestro lecho nupcial para mañana. COREBO ¡Ven! ¡Ven! (Él se la lleva apasionado.) Nº 4. Marcha e Himno (Entran Ascanio, a la cabeza de los niños; Hécuba y las princesas. Eneas a la cabeza de los guerreros troyanos, Príamo y los sacerdotes.) CORO Dioses protectores de la ciudad eterna, ¡recibid nuestro incienso! ¡Escuchad las alegres plegarias de vuestro devoto pueblo! ¡Oh, divinos autores de nuestra victoria! ¡Dios del Olimpo! ¡Dios de los mares! Regidores del universo, aceptad nuestras agradecidas ofrendas. Nº 5 - Combate de Guantes Paso de Los Luchadores. (Bailes y juegos populares.) Nº 6 - Pantomima. (Andrómaca entra con paso lento, llevando de la mano a su hijo Astyanax. Van de luto, ambos vestidos de blanco) CORO ¡Andrómaca y su hijo! ¡Oh, contradicción! Esos clamores de pública alegría... (Astyanax deposita un ramo de flores al pie del altar. Andrómaca se arrodilla a su lado y reza durante algunos instantes.) ... y esta inmensa tristeza, este dolor profundo, (Andrómaca se alza y conduce a su hijo ante el trono de Príamo.) ¡Este sufrir en silencio! (Andrómaca presenta al niño al Rey y a la Reina; estrecha a Astyanax contra su pecho y lo abraza con una ternura convulsiva.) Las esposas y las madres lloran al verla... (Príamo se levanta y bendice al niño. Hécuba le bendice también. El Rey y la Reina regresan a sus tronos. Astyanax, intimidado, corre a refugiarse en su madre. La emoción dolorosa de Andrómaca aumenta.) CASANDRA (Apareciendo por el fondo de la escena) ¡Ay, ahorra tu llanto, viuda de Héctor!... (Andrómaca baja su velo.) Ya entregarás amargas lágrimas en las desgracias que se avecinan... (Andrómaca, que no puede reprimir el llanto, toma la mano de Astyanax y pasa ante los diferentes grupos para retirarse. El pueblo se aparta ante su paso. Algunas mujeres lloran, ocultando el rostro tras la espalda de los hombres que tienen cercanos. Andrómaca y Asrtyanax se alejan con paso lento.) CORO ¡Ah! Nº 7 - Narración ENEAS (Llega corriendo) ¡El pueblo y los soldados, oh rey!... La multitud corre y huye como un torrente. ¡Nada puede detenerla! Un prodigio inaudito ha sucedido. Laocoonte, sospechando alguna perfidia en el comportamiento de los griegos, lanzó su jabalina contra la madera y exhortó al pueblo a quemarla. Entonces, hinchadas de cólera, dos enormes serpientes salieron del mar y se enroscaron sobre el sacerdote... Lo abrasaron con su aliento ardiente y, cubriéndolo con una baba sanguinolenta, lo devoraron ante nuestros propios ojos. Nº 8 - Doble Coro PRÍAMO, PANTEO, COREBO ENEAS, HELENO, CASANDRA ASCANIO, HÉCUBA, EL PUEBLO ¡Castigo espantoso! ¡Misterio horrendo! Ante este relato espantoso la sangre se hiela en mi corazón. ¡Un escalofrío de terror recorre todo mi ser! ¡Laocoonte! ¡Un sacerdote! ¡Ha sido blanco del furor celestial! ¡Los monstruos lo han devorado vivo! ¡Horror! CASANDRA ¡Oh, pueblo malvado! Misterio horroroso, etc. Nº 9 - Recitativo y Coro ENEAS ¡Que la diosa nos proteja de este nuevo peligro! Es seguro, Palas ha querido vengar un sacrilegio. PRÍAMO Para aplacarla, cumplid prestos mis órdenes. ENEAS ¡El caballo ya está sobre los rodillos que, con los máximos honores, lo conducirán al Palladium! El sagrado cortejo lo forman niños, mujeres y guerreros. ¡El camino está cubierto de flores! ¡Que la trompeta y la lira lo reciban en Troya! TODOS El sagrado cortejo lo forman niños, mujeres, etc. CASANDRA (Recorriendo la escena fuera de sí) ¡Desgracia! PRÍAMO, HÉCUBA, ENEAS PANTEO, COREBO, HELENO ¡Pallas, ten piedad de Troya! (Todos salen. Casandra queda sola en primer término de la escena. Tras dar algunos pasos siguiendo a la gente, regresa bruscamente.) Nº 10 - Aria CASANDRA No, no participaré en la fiesta donde, ahítos de vino, suplicarán un futuro feliz. Este pueblo condenado, al que nada ¡ay de mí! le impedirá precipitarse en la profunda sima. ¡Oh, cruel recuerdo!... ¡Gloria de la patria!... ¡La más pura y seductora imagen! ¡Corebo! ¡Príamo!... Todo ha sido en vano... ¡Pronto lágrimas de angustia inundarán mi rostro! Nº 11 - Final: Marcha Troyana (Se escucha el cortejo en la distancia) CASANDRA ¿Será una ilusión de mis sentidos? ¡Los coros sagrados de Ilión! CORO Hija amada del rey celestial, portadora del casco y de la lanza, sabia guerrera de mirada dulce, ¡favorece nuestro destino! ¡Haz que Ilión sea invencible! Bella Palas, ¡protégenos! CASANDRA ¡Ya llega el cortejo!... ¡Por allí viene! ¡El enemigo viene y la ciudad está abierta! ¡Este pueblo loco, que camina hacia su perdición, se ha adelantado a las órdenes del rey! (Se escucha el cortejo más cercano.) CORO Del rey celestial, etc. Escucha nuestras voces, virgen sublime, que al compás de las flautas de Dindimo, se elevan hacia lo más alto del firmamento. ¡Que la trompeta frigia junto a la lira troyana te lleven nuestras plegarias! CASANDRA ¡El sonido de los cantos va en aumento! ¡La enorme estatua se acerca!... ¡Aquí está! CORO (Entrando en escena) Del rey celestial, etc. ¡Bailad con vuestras guirnaldas alrededor de la ofrenda, alegres niños! ¡Sembrad el camino con la nieve perfumada de los lirios primaverales! ¡Palas, protégenos! (Los cantos cesan bruscamente. La muchedumbre se agita y algunas mujeres salen como para poder ver lo que hay fuera de escena, luego regresan al momento.) ALGUNOS HOMBRES DEL PUEBLO ¿Qué sucede? ¿Por qué esta agitación? CASANDRA ¡Júpiter! ¡Todos vacilan! ¡La multitud se agita! LAS MUJERES En los costados del coloso se oye ruido de armas. CASANDRA Se detienen... ¡Oh, dioses! Si... LOS HOMBRES ¡Es un feliz augurio!... ¡Seguid cantando, niños! (Los cantos se reinician aun con más fuerza que antes.) TODO EL CORO ¡Orgullosas montañas de Pérgamo, con una alegre llamarada resplandeced triunfantes! (El cortejo inicia el movimiento y sale.) CASANDRA ¡Deteneos, deteneos! ¡Sí, la llama, el hacha! ¡Buscad en el costado del monstruoso caballo! ¡Laocoonte!... ¡Los griegos!... Ahí se oculta una trampa infernal... ¡Mi voz se debilita... no queda esperanza! ¡No tenéis piedad, dioses, para con esta muchedumbre enloquecida! ¡Oh, qué digna labor la de los todopoderosos, conducirla al abismo tapándole los ojos! (Escucha los últimos sonidos de la marcha triunfal que aún se oye y que se extingue de improviso) Entran... ¡El destino ya tiene su presa! ¡La hermana de Héctor morirá en las ruinas de Troya! (Sale.) ACTO SEGUNDO Escena Primera Nº 12 - Escena y Recitativo (Estancia en el palacio de Eneas. Ruidos lejanos de combate. Eneas, medio armado, duerme sobre su lecho. Ascanio sale presuroso de un cuarto vecino. Escucha y se acerca al lecho de su padre, luego da media vuelta y se marcha. De un rincón obscuro avanza hacia Eneas el espectro sangrante de Héctor con paso lento y solemne. Su barba y cabellera están sucias y desordenadas. Al llegar junto a Eneas, se queda inmóvil mirándolo y suspira profundamente. Un ruido lejano, más fuerte que los anteriores, despierta a Eneas con sobresalto. Ve a Héctor de pie ante él y, tras un instante de vacilación, le dirige la palabra, medio incorporado en el lecho.) ENEAS ¡Oh, luz de Troya!... ¡Oh, gloria de los troyanos! ¿Después de tantos trabajos de qué rincón desconocidos regresas? ¿Qué nube oscurece tu mitrada? Héctor, ¿qué dolores han marcado tu rostro? EL ESPECTRO DE HÉCTOR ¡Ah!... ¡Huye, hijo de Venus! ¡El enemigo se abate sobre nuestros muros! ¡El orgulloso destino de Troya llega a su fin! Un huracán de llamas esparce, de los templos a los palacios, sus torbellinos... Nada se puede hacer ya para salvar a la patria. Pérgamo te confía a sus hijos y sus dioses. ¡Márchate!... Ve a Italia... Tu pueblo renacerá allí después de haber errado largo tiempo por el mar. Fundarás un imperio poderoso, destinado a dominar el mundo. Allí encontrarás la muerte de un héroe. (Héctor se aleja solemnemente y su sombra poco a poco desaparece, Eneas le mira despavorido.) Nº 13 - Recitativo y Coro (Entra Panteo con mirada perdida llevando los dioses de Troya.) ENEAS ¿Queda alguna esperanza, Panteo? ¿Combatir?... ¿Salvarse? PANTEO ¡La ciudad arde por los cuatro costados! ¡Ha llegado nuestro último día! ¡Príamo ha muerto! Lo griegos, saliendo del vientre del caballo, han eliminado a la guardia de la puerta. Innumerables hordas, llegadas del exterior, se esparcen por doquier propagando el incendio que alumbra la infame perfidia de sus jefes. Otros, han ocupado las murallas. (Entra Ascanio.) ASCANIO ¡Oh, padre! ¡El palacio de Ucalegón se desploma! ¡Su techo se derrite y cae como lluvia ardiente! ENEAS (Interrumpiéndolo) ¡Sígueme, Ascanio! (Entra Corebo, al frente de una tropa armada.) COREBO ¡A las armas, gran Eneas!... ¡Ven! La ciudadela, aunque cercada, aún se mantiene. ENEAS A cualquier precio hay que llegar hasta ella. ¡La defenderemos hasta la muerte! No perdamos ni un minuto en socorrerla. (Grandes ruidos y gritos lejanos.) CORO No perdamos ni un minuto en socorrerla. ¡Escuchad!... ¿Las torres se abaten?... ¡Las llamas todo lo devoran! ¿No oís las risas de los griegos? El número de enemigos aumenta sin cesar. ¡Vamos, la desesperación dirigirá nuestros golpes! TODOS ¡Estamos dispuestos a morir! No perdamos ni un minuto en socorrerla. (Eneas toma de la mano a Ascanio y se sitúan en medio de un grupo armado.) ¡Marte! ¡Erinas! ¡Guiadnos al combate! (Todos salen.) Escena Segunda Nº 14 - Coro - Plegaria (Interior del palacio de Príamo. Al fondo, una galería porticada que da sobre la plaza. Entre las columnas se aprecia a lo lejos el monte Ida. El altar de Vesta - Cibeles ardiendo. Polyxeno y mujeres agrupados junto al altar. Unas arrodilladas, otras sentadas en el suelo y otras tumbadas sobre los escalones del altar. Todas con actitud de la más profunda Desesperación) CORO DE TROYANAS ¡Ah! Poderosa Cibeles, diosa inmortal, madre de los desventurados. ¡Protege al pueblo de Troya! Escucha sus oraciones en estos terribles momentos. Salva del ultraje y de la esclavitud a las madres y a las hermanas. Destruye las armas impías que sostiene las pérfidas manos de los vencedores. Poderosa Cibeles, etc. Nº 15 - Recitativo y Coro (Entra Casandra, los cabellos desgreñados.) CASANDRA No todo se ha perdido. Eneas y sus hombres por tres veces contraatacaron, liberando a los valientes ciudadanos encerrados en la ciudadela. El tesoro de Príamo está en manos troyanas. Pronto en Italia, donde el destino los conduce, verán renacer, aún más poderosa y bella, una nueva Troya. ¡Ya marchan hacia el Ida! CORO ¿Y Corebo? CASANDRA Ha muerto. CORO ¡Dioses crueles! CASANDRA Por última vez me inclino ante el altar de Vesta. ¡Seguiré a mi joven esposo! Sí, mi inútil vida ha llegado a su fin. CORO ¡Oh, digna hermana de Héctor! ¡Vidente a la que Troya acusó de demencia! Nadie te creyó ayer cuando predijiste toda esta inmensa ruina. CASANDRA Pronto ya no quedará nada. CORO ¡Oh, desesperación! ¡Oh, añoranzas inútiles! CASANDRA Pero vosotras, palomas asustadas, ¿podréis consentir la horrible esclavitud? ¿Queréis sufrir, vírgenes, la brutal deshonra de la ley de los vencedores? CORO ¿Deberemos desechar toda esperanza? CASANDRA ¡La esperanza!... ¡Oh, desventuradas! ¿Acaso no oís, entre las tenebrosas luces, los alaridos de los crueles mirmidones que os buscan por las calles y palacios? CORO ¡Nada nos salvará de sus brazos! CASANDRA ¿Nada, decís?... Si el honor os anima... (Señalando la galería que se abre sobre la plaza.) ¿Acaso no veis que ese abismo os está aguardando? (Señala con su puñal la cintura de las mujeres) ¿Y este acero? ¿Y esos cordones de seda? ¡Son para vosotras , mujeres de Troya! (Un pequeño grupo se calla manifestando gran horror) UNA PARTE DEL CORO ¡Heroína de amor y de honor, dices la verdad! ¡Te seguiremos! CASANDRA ¡El nuevo día no nos encontrará profanadas por los griegos! UNA PARTE DEL CORO ¡Te lo juramos, Casandra! CASANDRA ¿Acaso deseáis ser arrastradas como botín? UNA PARTE DEL CORO ¡Jamás! ¡Jamás! ¡Contigo moriremos! Nº 16 - Final (Las mujeres hablan entre ellas. Algunas toman liras y comienzan a cantar.) UNA PARTE DEL CORO Compartiremos la suerte de nuestros gloriosos compañeros. ¡Nuestra muerte empañará la victoria griega! Puras y libres hemos vivido, y en esta noche fatal, ¡puras y libres descenderemos a la orilla infernal! CASANDRA (Hablando al grupo de las indecisas) Tembláis y guardáis silencio... ¿Vaciláis? LA OTRA PARTE DEL CORO ¡Ah! ¡Me siento estremecer! CASANDRA ¡Y quién no! ¿Acaso preferís tener una vida indigna? LA OTRA PARTE DEL CORO ¡Ay de mí!... ¡Morir tan joven! CASANDRA (furiosa) ¡Iros a la cama de vuestros nuevos amos!... ¡Esclavas! LA OTRA PARTE DEL CORO ¡Piedad!... CASANDRA, CORO ¡Caiga la vergüenza sobre vosotras! ¡Marcharos junto a esos sanguinarios; echaos a sus pies, abrazadles las rodillas! (Con una violenta expresión de desprecio.) ¡Caiga la vergüenza sobre vosotras! ¡Id a vivir! ¡Tesalianas! ¡No sois troyanas! (El grupo de las dubitativas retrocede en silencio ante el empuje de las otras mujeres hasta que salen todas de escena. Inmediatamente el grupo de las decididas regresa a escena, muy exaltadas) CORO ¡Casandra, moriremos contigo! No seremos profanadas por un griego. No formaremos parte del botín del vencedor. ¡No, no, jamás, lo juramos! (Retoman sus liras.) Cómplices de su gloria, etc. ¡Ábrenos, negro Plutón, las puertas del Tártaro! ¡Haz sonar, Caronte, tu fúnebre fanfarria! CASANDRA (Muy exaltada) ¡Corebo! ¡Héctor! ¡Príamo! ¡Amante! ¡Hermano! ¡Rey y padre! ¡Marcharé a vuestro encuentro! ¡Escuchad nuestro juramento dioses infernales! (Toma la lira de una troyana.) Morimos plenas de gloria, y que nuestra muerte lleve la maldición a los griegos, etc. (Un jefe griego entra mientras acaba la escena anterior. Avanza con la espada en alto y se detiene asombrado ante las troyanas.) UN JEFE GRIEGO (Mientras termina el coro.) ¡Qué veo... y con la lira en la mano! Muy a mi pesar admiro su noble gesto. ¡Casandra!... Bella hasta cantándole a la muerte. ¡Bacante de ojos azules llena de armonía! (Entra un grupo de soldados griegos.) SOLDADOS ¡El oro! ¡El oro! ¡Dónde habéis escondido el oro! (Alzan sus espadas sobre las mujeres.) CASANDRA Despreciamos vuestra cobarde amenaza, ¡monstruos ebrios de sangre, inmundos y rapaces! ¿Nunca apagaréis, canallas, vuestra sed de oro? (Se apuñala y tiende el puñal a Polixena.) ¡Toma! ¡El dolor no es nada! (Polixena se apuñala a su vez. Casandra apenas se sostiene durante el resto de escena.) OTRO GRUPO DE GRIEGOS (Entrando) ¡Dioses adversos! ¡Oh, rabia! Cubiertos de sangre, en mitad de la matanza, Eneas y sus troyanos escapan a nuestros golpes. ¡Huyen con el tesoro!... CASANDRA, MUJERES (Algunas desnudan su cintura y se hieren con sus puñales.) A pesar vuestro, ¡ya están todos en el monte Ida! ¡Y nosotras desafiamos vuestra furia! (Todas agitan sus velos y sus tocas hacia el lado del monte Ida.) ¡Salva a nuestros hijos, Eneas! ¡Italia! ¡Italia! (Algunas se lanzan al vacío por la balconada; otras se ahorcan y otras se apuñalan. Gritos de horror de los griegos. Durante esta última escena, Casandra, tras haberse herido, y viendo a las troyanas lanzarse al vacío, se acerca tambaleante al fondo de la escena, pero las fuerzas le fallan antes de llegar a la balconada. Se apoya en las rodillas, después se alza con un supremo esfuerzo y alzando los brazos hacia el Ida, grita: ¡Italia! y cae muerta.) SEGUNDA PARTE: LOS TROYANOS EN CARTAGO. ACTO TERCERO (Gran patio en el palacio de Dido en Cartago. A un lado se eleva un túmulo de trofeos: agrícolas, comerciales y artísticos; al otro lado y al fondo, un anfiteatro en el que una multitud está sentada, a la altura del telón.) Nº 17 - Coro CORO (Una parte del pueblo) ¡El cielo bendice las fiestas de Cartago! ¿Visteis alguna vez un día parecido tras una tan terrible tempestad? ¡Qué dulce brisa! Los rayos de nuestro sol calman las inquietudes. Ante tanta luz la gran llanura reverbera de alegría. El sol avanza iluminando con rojiza sonrisa El despertar de la naturaleza. Nº 18 - Canto Nacional (Entra Dido con su corte. A su entrada, el pueblo se pone en pie agitando velos de variados colores, palmas y flores. Dido se sienta en su trono entre su hermana a la derecha, y Narbal, a la izquierda; algunos soldados la rodean.) CORO GENERAL ¡Gloria a Dido, nuestra querida reina! Reina por su belleza, justicia y sabiduría; ¡Reina por el favor de los dioses! ¡Reina por el amor de sus felices súbditos! (El pueblo agita palmas y arroja flores.) Nº 19 - Recitativo y Aria DIDO (De pie, en lo alto de su trono.) Apenas han pasado siete años desde que, para eludir la persecución del tirano que asesinó a mi augusto esposo, me vi obligada a huir junto con vosotros, desde Tiro hasta estas orillas africanas. ¡Y ya la flota de Cartago es grande y poderosa! ¡Cartago crece y prospera! Desde las lejanas fronteras donde nace la aurora traéis los productos del mar, el trigo, el vino, la lana, el hierro y los más bellos artículos que vuestros talleres producen. Queridos tirios, ¡tantos y tan nobles trabajos embriagan mi corazón de legítimo orgullo! Pero no desmayéis, ¡escuchad la sublime voz del dios que os llama a nuevos esfuerzos! Dad ejemplo a todas las naciones de la tierra. Pueblo de héroes: ¡Sed laboriosos en la paz y fuertes en la guerra! EL PUEBLO Laboriosos en la paz, etc. DIDO El feroz Iarbas quiere imponerme la cadena de un odioso matrimonio. Su insolencia es vana. EL PUEBLO Su insolencia es vana. DIDO Mi honor está en vuestras manos y en la de los dioses. EL PUEBLO ¡Gloria a Dido, nuestra querida reina! ¡Cualquiera de nosotros daríamos la vida por ella! Todos la defenderemos. ¡Desafiaremos la insolencia de Iarbas, y devolveremos al fondo del desierto a ese númida salvaje! DIDO, PUEBLO ¡Queridos tirios! ¡Tantos y tan nobles trabajos... DIDO Este bello día, que quedará por siempre en el recuerdo, ha sido consagrado por mí como la jornada de la paz. Aproximaos, albañiles, marineros y labradores. Recibid de mi mano la justa recompensa por vuestro trabajo, que da poder y vida a la patria. Nº 20 - Entrada de los Albañiles. (Los albañiles avanzan hacia el trono. Dido entrega a su jefe una escuadra de plata y un hacha. El cortejo regresa al fondo de la escena.) Nº 21 - Entrada de los Marineros (Los marineros avanzan hasta el trono. Dido entrega a su jefe un timón y un remo. El cortejo regresa al fondo de la escena.) Nº 22 - Entrada de los Labradores (El cortejo de los labradores, más numeroso que los dos precedentes, avanza lentamente hasta el trono; un anciano lo conduce.) Nº 23 - Recitativo Y Coro (Dido entrega al anciano jefe de los labradores una hoz de oro, después, teniendo en la mano una corona de flores y de espigas, exclama:) DIDO ¡Pueblo! Todos los honores para la más grande de los trabajos: ¡El de nutrir a los hombres! EL PUEBLO ¡Vivan los labradores! ¡Estamos agradecidos a los que nos dan el pan! DIDO (A parte) ¡Oh, Ceres! ¡El porvenir de Cartago es seguro! CORO GENERAL ¡Gloria a Dido, nuestra querida reina! ¡Cualquiera de nosotros daríamos la vida por ella! ¡Demostrémosle nuestro amor! Colonos y marineros: ¡un pueblo de héroes! ¡Gloria a Dido, nuestra querida reina! Reina por su belleza, etc… (El pueblo, conducido por Narbal, desfila ante el trono de Dido y sale.) Nº 24 - Recitativo y Dúo DIDO Los alegres cantos de esta noble fiesta, devuelven la paz a mi agitado corazón. Descanso, hermana mía, sí, mi alegría es perfecta, tengo calma y serenidad. ANA Reina de un pujante imperio cada día mas floreciente; adorada reina a la que todos admiran, ¿qué temor os turba, ni siquiera por un momento? DIDO Una extraña melancolía, sin causa aparente, bien lo sabes, viene a veces a turbarme. No puedo vencer esa debilidad, siento anidar en mi seno un vago desazón, y a mi mirada acuden fácilmente lágrimas... ANA (Sonriendo.) Estaréis enamorada, hermana mía... DIDO No, ese sentimiento está totalmente prohibido a mi corazón. ANA Estaréis enamorada, hermana mía... DIDO No, la viuda fiel debe apagar su deseo y aborrecer el amor. ANA Dido, sois una reina demasiado joven y bella, como para no obedecer la dulce ley. Cartago quiere un rey. DIDO (Mostrando el anillo de Siqueo en su dedo.) Aunque mi pueblo y los dioses me maldigan, ¡nunca abandonaré este anillo consagrado! ANA Ese juramento hace sonreír a la bella Venus. Los dioses se niegan a inscribirlo en su libro sagrado. DIDO Tu voz hace nacer en mi pecho una peligrosa embriaguez. En vano lucho contra una difusa esperanza. ANA Mi voz hace nacer en su pecho sueños de ternura. En vano lucha contra una difusa esperanza. DIDO ¡Siqueo!... ¡Oh, esposo mío! Perdona este momento de debilidad, y que tu recuerdo arroje lejos de mi corazón la turbación que me confunde. ANA Dido, mi tierna hermana, perdona si te disipo tu error; perdona si mi voz hace nacer en tu corazón la turbación que te confunde. Nº 25 - Recitativo y Aria IOPAS Reina, el furioso mar a conducido hasta aquí a unos náufragos desconocidos. Imploran el favor de ser admitidos por vos. DIDO La puerta de mi palacio jamás está cerrada a tales desgracias. (Ante un gesto de la reina, Iopas sale.) A capricho del mar, ¿no vagué yo también errante, de playa en playa, a causa de la tormenta? ¡Juguete de olas furiosas! ¡Ay de mí! ¡Bien sé yo cómo hieren los golpes adversos de la fortuna! Me es fácil compadecer la desgracia ajena. Quien conoce el sufrimiento, no puede ver sufrir. Nº 26 - Marcha Troyana (En modo lento) DIDO (Aparte.) Experimento una súbita impaciencia por verlos y a la vez temo su presencia. (Se sienta en el trono. Entran Eneas, disfrazado de marinero, Panteo, Ascanio y demás troyanos llevando regalos.) Nº 27 - Recitativo ASCANIO (Inclinándose ante la reina.) Augusta reina, un pueblo errante y desgraciado os solicita asilo durante unos días. Pongo a vuestros pies estos ricos regalos, símbolo de su grandeza, que, en nombre de Júpiter, mi indigna mano os ofrece. DIDO ¿De qué país procedéis, bello joven? ASCANIO ¡Oh, reina! Nuestro camino ha sido sangriento. Venimos de los montes de Frigia, junto al mar. Éste es el cetro de Ilión, hijo del rey Príamo; (Ofrece, uno a uno, los regalos.) ésta la corona de Hécuba, y este velo dorado perteneció a Helena... Como podéis ver, somos troyanos. DIDO ¡Troyanos! ASCANIO Nuestro jefe es Eneas, y yo soy su hijo. DIDO ¡Extraño destino! PANTEO (Adelantándose.) Obedeciendo al rey de los dioses, ese héroe se dirige hacia Italia, donde le aguarda un glorioso destino: ¡el honor de fundar una nueva patria! DIDO ¿Quién no ha oído hablar del amigo de Héctor? ¿Quién no conoce su nombre? Cartago es acogedora. Dile que mi puerto está abierto a sus naves. Que venga, y que olvide junto a nosotros, sus terribles penalidades. Nº 28 - Final NARBAL (Entrando agitadamente.) ¡Soy portador de una terrible noticia! DIDO ¿Qué sucede? NARBAL El númida rebelde, el feroz Iarbas, con un inmenso ejército avanza sobre Cartago. CARTAGINESES (Desde lejos.) ¡Armas!... ¡Armas! NARBAL Los salvajes degüellan nuestros rebaños y asolan nuestros campos. Pero la ciudad debe de enfrentarse a otro mal aún peor... Nuestros jóvenes guerreros son valientes pero, ¡no tienen armas suficientes! DIDO ¿Qué dices, Narbal? NARBAL ¡No podremos hacerles frente! CARTAGINESES ¡Armas!... ¡Armas! ENEAS (Se acerca y deja caer su disfraz de marinero. Lleva un traje reluciente y coraza, pero sin casco ni escudo.) ¡Reina, yo soy Eneas! Mi flota, tras un sinnúmero de arduos trabajos, ha llegado hasta aquí arrastrada por los vientos. ¡Permitid que combatamos junto a vosotros! DIDO ¡Acepto con orgullo tal alianza! ¡Eneas luchando en mi defensa! Los dioses se han apiadado de nosotros. (Aparte, a Ana) ¡Oh, hermana, qué gentil es el hijo de la diosa! ¡Su rostro tiene gracia y nobleza! ENEAS Sobre la horda inmunda de africanos marchemos troyanos y tirios. ¡Vayamos juntos a la victoria! Como la arena llevada por los vientos, caeremos sobre esos pérfidos númidas. ¡Que tiemblen! ENEAS, PANTEO, NARBAL, IOPAS ASCANIO, DIDO, ANA, TROYANOS ¡Es el dios Marte quien nos reúne! ¡Es el hijo de Venus quien nos guía al combate! ¡Exterminemos al negro ejército! ¡Y que mañana la fama proclame la muerte de Iarbas! (Traen las armas de Eneas, que se pone rápidamente el casco, toma su gran escudo y las jabalinas.) ENEAS (A Panteo.) Anuncia a nuestros troyanos la nueva empresa a la que les llama a la gloria. (Panteo sale.) Reina, muy pronto del odioso bárbaro caerá. A vuestro generoso pecho encomiendo a mi hijo. DIDO De mi amor de madre para con él, no dudéis. ENEAS (A Ascanio) ¡Abraza a tu padre! (Lo abraza cubriéndolo enteramente con sus armas. Ascanio llora sin responder.) Otros te enseñarán, hijo, el arte de ser dichoso. Yo sólo te enseñaré la virtud guerrera y el respeto a los dioses. Medita en tu corazón y guarda en tu memoria los ejemplos de Eneas y Héctor. (El pueblo acude desde todos los lados de la ciudad pidiendo armas. Solamente algunos hombres están armados, otros llevan hoces, hachas, hondas. Panteo regresa a escena. Ascanio seca sus lágrimas y se coloca junto a los jefes troyanos.) TODOS ¡Armas! ¡Armas! Sobre la inmunda horda de africanos, marcharemos troyanos y tirios unidos, etc. |