LOS TROYANOS

 

 

Personajes

PRÍAMO
HÉCUBA
HELENO
CASANDRA
PANTEO
ENEAS
ASCANIO
COREBO
HÉCTOR
DIDO
ANA
IOPAS
NARBAL
Rey de Troya
Esposa de Príamo

Hijo dePríamo

Hija de Príamo

Sacerdote Troyano
Héroe Troyano

Hijo de Eneas

Prometido de Casandra
Hijo de Príamo

Reina de Cartago

Hermana de Dido

Poeta Cartaginés

Ministro Cartaginés
Bajo
Mezzosoprano

Tenor

Soprano

Tenor

Tenor

Soprano

Barítono

Bajo

Mezzosoprano

Mezzosoprano

Tenor

Bajo

 

La acción se desarrolla en Troya y Cartago aproximadamente en el año 1200 A.C.

 

PREMIERE PARTIE: 
LA CONQUÊTE DE TROYE.



ACTE PREMIER 


(L'emplacement du camp abandonné des Grecs dans 
la plaine de Troie. A gauche du spectateur et à quelque 
distance dans l'intérieur de Troie, la Citadelle. A 
droite, le Simoïs, et sur l'un des bords un tumulus, le 
tombeau d'Achille. Au loin les sommets du mont Ida. 
Un autel champêtre sur l'avant-scène et près de l'autel 
un trône élevé.) 

Nº 1 - Choeur De La Populace 

(Le peuple troyen se répandant joyeusement dans la 
plaine. Soldats, citoyens, femmes, et enfants. Danses, 
jeux divers. Trois bergers jouent de la double flûte au 
sommet du tombeau d'Achille.) 

CHOEUR 
Ha! ha!
Après dix ans passés dans nos murailles. 
Ah! quel bonheur de respirer
l'air pur des champs, que le cri des batailles 
ne va plus déchirer.

(Jeunes garçons et enfants accourant avec 
des débris d'armes à la main.) 

Que de débris! - Un fer de lance!
Je trouve un casque! - Et moi, deux javelots!
Voyez, ce bouclier immense!
Il porterait un homme sur les flots!
Quels poltrons que ces Grecs!

UN SOLDAT
Savez-vous quelle tente 
En ce lieu même s'élevait?

CHOEUR
Non! Dites-le... C'était?

LE SOLDAT
Celle d'Achille.

CHOEUR
(Se reculant avec terreur)
Dieux!

LE SOLDAT
Restez, troupe vaillante!
Achille est mort, vous pouvez voir ici
Sa tombe, la voici.

CHOEUR
C'est vrai; de ce monstre homicide
Pâris nous délivra. - Connais-tu le cheval
De bois, qu'avant de partir pour 1'Aulide
Construisirent les Grecs? - Ce cheval colossal, 
Leur offrande à Pallas, dans ses vastes entrailles 
Tiendrait un bataillon. On abat les murailles. 
Dans la ville, ce soir, nous allons le traîner; 
On dit que le Roi vient tantôt l'examiner!
Où donc est-il? - Sur le bord du Scamandre!
Il faut le voir sans plus attendre!
Courons! courons! Le cheval! le cheval!

(Ils surent en tumulte.) 

No. 2 - Recitatif et Air 

(Pendant la fin de la scène précédente, Cassandre 
a paru au milieu des groupes, parcourant la plaine 
avec agitation. Son regard est inquiet et égaré.) 

CASSANDRE
Les Grecs ont disparu!... mais quel dessein fatal
Cache de ce départ l'étrange promptitude?
Tout vient justifier ma sombre inquiétude!
J'ai vu l'ombre d'Hector parcourir nos remparts 
Comme un veilleur de nuit, j'ai vu ses noirs regards 
Interroger au loin le détroit de Sigée... 
Malheur! dans la folie et l'ivresse plongée
La foule sort des murs, et Priam la conduit!
Malheureux Roi! dans l'éternelle nuit,
C'en est donc fait, tu vas descendre!
Tu ne m'écoutes pas, tu ne veux rien comprendre, 
Malheureux peuple, à l'horreur qui me suit! 
Chorèbe, hélas, oui, Chorèbe lui-même
Croit ma raison perdue!... A ce nom mon effroi 
Redouble! O Dieux! Chorèbe! il m'aime! 
Il est aimé! mais plus d'hymen pour moi.
Plus d'amour, de chants d'allégresse,
Plus de doux rêves de tendresse!
De l'affreux destin qui m'oppresse
Il faut subir l'inexorable loi!

(Elle tombe dans une tendre rêverie.) 

Chorèbe!... il faut qu'il parte et quitte la Troiade.

No. 3 - Duo 

(Chorèbe s'avance vivement.) 

CASSANDRE
C'est lui!

CHORÈBE
Quand Troie éclate en transports jusqu'aux cieux
Vous fuyez les palais joyeux
Pour les bois et les champs, pensive hamadryade!
De vous on s'inquiète...

CASSANDRE
Ah! je cache à vos yeux
Le trouble affreux dont mon âme est remplie!

CHORÈBE
Cassandre!

CASSANDRE
Quitte-moi!

CHORÈBE
Viens!

CASSANDRE
Pars, je t'en supplie!

CHORÈBE
Moi, partir!
Te quitter quand le plus saint des noeuds...

CASSANDRE
C'est le temps de mourir et non pas d'être heureux. 

CHORÈBE
Reviens à toi, vierge adorée!
Cesse de craindre en cessant de prévoir;
Lève vers la voûte azurée
L'oeil de ton âme rassurée.
Laisse entrer en ton coeur un doux rayon d'espoir.

CASSANDRE
Tout est menace au ciel! Crois en ma voix qu'inspire
Le barbare dieu même à nous perdre acharné.
Au livre du destin mon regard a su lire,
Je vois l'essaim de maux sur nous tous déchaîné!
Il va tomber sur Troie!
A sa fureur en proie,
Le peuple va rugir
Et de son sang rougir
Le pavé de nos rues;
Les vierges demi-nues,
Aux bras des ravisseurs,
Vont pousser des clameurs
A déchirer les nues!
Déjà le noir vautour,
Sur la plus haute tour
A chanté le carnage!
Tout s'écroule! tout nage
Sur un fleuve de sang,
Et dans ton flanc
Le fer d'un Grec!... Ah!

(Chorèbe soutient un instant dans ses bras 
Cassandre à demi évanouie.) 

CHORÈBE
Pauvre âme égarée!
Reviens à toi, vierge adorée, etc.

CASSANDRE
La mort déjà plane dans l'air...
Et j'ai vu le sinistre éclair
De son froid regard homicide!
Si tu m'aimes, va-t'en -
Pars!... va rendre à ton père
Un appui nécessaire
A ses vieux ans,
Inutile pour nous.

CHORÈBE
Eh, de quel oeil, si de tels maux sur nous
Devaient tomber, chère insensée,
Mon père me reverrait-il
Fuyant ma fiancée
Au moment du péril?
Mais le ciel et la terre,
Oublieux de la guerre,
Proclament ton erreur.
Cette tiède douceur
Du souffle de la brise
Et cette mer qui brise
Si mollement ses flots
Aux caps de Ténédos;
Sur la plaine ondoyante
Ces tranquilles troupeaux,
Ce pâtre heureux qui chante
Et ces joyeux oiseaux
Semblent ne faire entendre,
Sous le céleste dais,
Et partout ne répandre
Que l'hymne de la paix.

CASSANDRE
Signes trompeurs! calme perfide!
La mort déjà plane dans l'air,
Et j'ai vu le sinistre éclair
De son froid regard homicide!
Quitte-nous dès ce soir,
Entends-moi, je t'implore,
Dans nos murs que l'aurore
Ne puisse te revoir!
D'épouvante j'expire
Et mon coeur se déchire!
Pars ce soir, pars ce soir!

CHORÈBE
Te quitter, dès ce soir!
Cassandre! et je t'adore!
Sauve-moi, je t'implore,
D'un affreux désespoir.
Tu veux donc que j'expire?
Sans pitié peux-tu dire:
Pars ce soir, pars ce soir!

CASSANDRE
Si de ton noble amour, Chorèbe,
Tu me crus digne un jour, tu partiras!

CHORÈBE
Au nom des dieux du ciel et de l'Erèbe,
Cassandre, tu m'écouteras!
A tes genoux, je tombe,
Cassandre!

CASSANDRE
A tant de douleurs je succombe!
Ô dieux cruels!

CHORÈBE
Te quitter, dès ce soir, etc.

CASSANDRE
Entends-moi, je t'implore, etc.
Aveugle et sourd comme eux! Tu persévères
A t'immoler à ton funeste amour?

CHORÈBE
Je ne te quitte pas!

CASSANDRE
L'épouvantable jour
Te verra donc combattre avec mes frères?

CHORÈBE
Je ne te quitte pas!

CASSANDRE
Eh bien! voilà ma main
Et mon chaste baiser d'épouse!
Reste! La mort jalouse
Prépare notre lit nuptial pour demain.

CHORÈBE
Viens! Viens!

(Il l'entraîne éperdue.)

No. 4 - Marche et Hymne 

(Entrent Ascagne a la tête des enfants, Hécube et les 
Princesses, Énée à la tête des guerriers troyens, Priam 
et les Prêtres.) 

CHOEUR
Dieux protecteurs de la ville éternelle,
Recevez notre encens;
Et du bonheur de son peuple fidèle
Entendez les accents!
Ô vous! divins auteurs de notre délivrance.
Dieu de l'Olympe! Dieu des mers!
Régulateurs de l'univers,
Acceptez les présents de la reconnaissance.

Nº 5 - Combat de Ceste

Pas de Lutteurs 

(Danses et jeux populaires) 

Nº 6 - Pantomime 

(Andromaque entre à pas lents, tenant par la main 
Astyanax. Ils sont en deuil - vêtus de blanc - tous les 
deux.) 

CHOEUR
Andromaque et son fils!
Ô destin!
Ces clameurs de la publique allégresse...

(Astyanax dépose une corbeille de fleurs au pied de 
l'autel. Andromaque s'agenouille a côté de lui et prie 
pendant quelques instants.) 

Et cette immense tristesse,
Ce deuil profond,

(Andromaque se lève et conduit son fils devant 
le trône de Priam.) 

Ces muettes douleurs!

(Elle présente l'enfant au Roi et à la Reine. Elle 
attire Astyanax contre son sein et l'embrasse avec 
une tendresse convulsive.) 

Les épouses, les mères pleurent à leur aspect...

(Priam se lève et bénit l'enfant. Hécube le bénit à 
son tour. Lle Roi et la Reine reprennent place sur 
leurs trônes. Astyanax intimidé revient se réfugier 
auprès de sa mère. L'émotion douloureuse 
d'Andromaque augmente.) 

CASSANDRE
(passant au fond du théâtre)
Hélas! garde tes pleurs,
Veuve d'Hector...

(Andromaque abaisse son voile.) 

A de prochains malheurs
Tu dois bien des larmes amères...

(Les larmes la gagnant, Andromaque reprend la 
main d'Astyanax et passe devant les divers groupes 
du peuple pour se retirer. La foule s'écarte devant 
les deux personnages. Plusieurs femmes troyennes 
pleurant, cachent leur visage sur l'épaule des 
hommes qui sont auprès d'elles. Les deux personnages 
s'éloignent à pas lents.) 

CHOEUR
Ah!

Nº 7 - Narration 

ÉNÉE
(accourant)
Du peuple et des soldats, ô roi! la foule
S'enfuit et roule
Comme un torrent; on ne peut l'arrêter!
Un prodige inouï vient de l'épouvanter:
Laocoon, voyant quelque trame perfide
Dans l'ouvrage des Grecs, a d'un bras intrépide
Lancé son javelot sur ce bois, excitant
Le peuple indécis et flottant
A le brûler. Alors, gonflés de rage,
Deux serpents monstrueux s'avancent vers la plage,
S'élancent sur le prêtre, en leurs terribles noeuds
L'enlacent, le brûlant de leur haleine ardente,
Et le couvrant d'une bave sanglante,
Le dévorent à nos yeux.

Nº 8 - Double Choeur 

PRIAM, PANTHÉE, CHORÈBE
ÉNÉE, HELÉNUS, CASSANDRE
ASCACNE, HECUBE, LE PEUPLE
Châtiment effroyable!
Mystérieuse horreur!
A ce récit épouvantable
Le sang s'est glacé dans mon coeur.
Un frisson de terreur
Ebranle tout mon être!
Laocoon! un prêtre!
Objet de la fureur des dieux,
Dévoré palpitant par ces monstres hideux!
Horreur!

CASSANDRE
Ô peuple déplorable!
Mystérieuse horreur, etc.

Nº 9 - Récitatif et Choeur 

ÉNÉE
Que la déesse nous protége,
Conjurons ce nouveau danger!
Il est trop vrai, Pallas vient de venger
Un affreux sacrilège.

PRIAM
Pour l'apaiser, suivez mes ordres sans retard.

ÉNÉE
Déjà sur des rouleaux disposés avec art,
Le cheval est placé, que chacun le conduise,
Vers le Palladium en pompe l'introduise!
A cet objet sacré formez cortège, enfants,
Femmes, guerriers, couvrez de fleurs la voie,
Et que jusques dans Troie
La trompette et la lyre accompagnent vos chants!

ENSEMBLE
A cet objet sacré formez cortège, enfants, etc.

CASSANDRE
(parcourant la scène avec égarement).
Malheur!

PRIAM, HECUBE, ÉNÉE
PANTHÉE, CHORÈBE, HELÉNUS
Pallas, pardonne à Troie!

(Ils sortent. Cassandre reste seule sur l'avant-scène. 
Après avoir fait quelques pas pour suivre la foule, 
elle rentre brusquement.) 

Nº 10 - Air 

CASSANDRE
Non, je ne verrai pas la déplorable fête
Où s'enivre, en espoir d'un brillant avenir,
Ce peuple condamné, que rien, hélas! n'arrête
Sur la pente du gouffre. Ô cruel souvenir!
Gloire de la Patrie!... Et voir s'évanouir
Du bonheur le plus pur la séduisante image!
Ô Chorèbe! O Priam!... Vains efforts de courage,
Des pleurs d'angoisse inondent mon visage!

Nº 11- Final: Marche Troyenne 

(On entend le cortège dans un grand éloignement.) 

CASSANDRE
De mes sens éperdus... est-ce une illusion?
Les choeurs sacrés d'Ilion!

CHOEUR
Du roi des dieux, ô fille aimée, 
Du casque et de la lance armée,
Sage guerrière aux regards doux,
A nos destins sois favorable,
Rends Ilion inébranlable,
Belle Pallas, protége-nous.

CASSANDRE
Quoi, déjà le cortège!... Au loin je l'aperçois!
L'ennemi vient et la ville est ouverte!...
Ce peuple fou qui se rue à sa perte
Semble avoir devancé les ordres de son Roi!

(On entend le cortège plus près.) 

CHOEUR
Du roi des dieux, etc.
Entends nos voix, vierge sublime, 
Aux sons des flûtes de Dindyme
Se mêler au plus haut des airs. 
Que la trompette phrygienne
Unie à la lyre troyenne
Te porte nos pieux concerts!

CASSANDRE
L'éclat des chants augmente!
L'énorme machine roulante
S'avance!... la voici!

CHOEUR
(entrant en scène)
Du roi des dieux, etc.
Souriante guirlande,
A l'entour de l'offrande
Dansez, heureux enfants!
Semez sur la ramée
La neige parfumée
Des muguets du printemps. 
Pallas! protège-nous!

(Les chants cessent brusquement. Le choeur s'agite en 
divers sens; quelques femmes sortent comme pour aller
voir ce qui se pose hors de la scène et reviennent 
presque aussitôt.) 

QUELQUES HOMMES DU PEUPLE
Qu'est-ce donc? et pourquoi ce mouvement d'alarmes?

CASSANDRE
Jupiter! on hésite!
Et la foule s'agite!

LES FEMMES
Dans les flancs du colosse on entend un bruit d'armes...

CASSANDRE
On s'arrête... O dieux! Si...

LES HOMMES
Présage heureux! chantez, enfants!

(Les chants reprennent avec plus d'éclat 
qu'auparavant.) 

TOUT LE CHOEUR
Fiers sommets de Pergame,
D'une joyeuse flamme
Rayonnez triomphants!

(Le choeur reprend la suite du cortège et sort.) 

CASSANDRE
Arrêtez! arrêtez! Oui, la flamme, la hache!
Fouillez le flanc du monstrueux cheval!
Laocoon!... les Grecs!... il cache
Un piège infernal...
Ma voix se perd!... plus d'espérance!
Vous êtes sans pitié, grands dieux,
Pour ce peuple en démence!
Ô digne emploi de la toute-puissance,
Le conduire à l'abîme en lui fermant les yeux!

(Elle écoute les derniers sons de la marche triomphale
qu'on distingue encore et qui s'éteignent tout d'un 
coup.) 

Ils entrent, c'en est fait, le destin tient sa proie!
Soeur d'Hector, 
va mourir sous les débris de Troie!

(Elle sort.) 


ACTE DEUXIÈME 

Premier Tableau 

Nº 12 - Scène et Récitatif 

(Un appartement du palais d'Énée, qu'éclaire à peine 
une lampe. Rumeurs de combats éloignés. Énée à 
demi-armé dort sur son lit. Ascagne sort tout effrayé 
d'un appartement voisin. Il écoute; il s'approche du lit 
de son père. Les bruits de la ville cessant de se faire 
entendre, il n'ose pas le réveiller et s'en retourne. 
D'un coin obscur s'avance vers Énée le spectre 
sanglant d'Hector d'un pas lent le solennel. Sa barbe 
et sa chevelure sont souillées et en désordre. Parvenu 
auprès d'Énée, il reste un instant immobile à le 
contempler et soupire profondément. Un bruit 
d'écroulement au loin, plus fort que les précédents, 
éveille Énée en sursaut. Il voit Hector debout devant 
lui et après un instant d'indécision il lui adresse la 
parole, à demi levé sur sa lit.) 

ÉNÉE
Ô lumière de Troie!... Ô gloire des Troyens!
Après tant de labeurs de tes concitoyens,
De quels bords inconnus reviens-tu? Quel nuage
Semble voiler tes yeux sereins?
Hector, quelles douleurs ont flétri ton visage?

L'OMBRE D'HECTOR
Ah!... fuis, fils de Vénus!
l'ennemi tient nos murs!
De son faîte élevé Troie enrière s'écroule!
Un ouragan de flammes roule
Des temples aux palais ses tourbillons impurs...
Nous eussions fait assez pour sauver la patrie
Sans l'arrêt du destin. Pergame te confie
Ses enfants et ses dieux. Va, cherche l'Italie...
Où pour ton peuple renaissant,
Après avoir longtemps erré sur l'onde
Tu dois fonder un empire puissant,
Dans l'avenir, dominateur du monde,
Où la mort des héros t'attend.

(Hector s'éloigne avec solennité et sa forme devient 
de plus  en plus indistincte pendant qu'Énée le suit 
d'un regard effaré.) 

Nº 13 - Recitatif et Choeur 

(Entre Panthée blessé au visage et portant 
les dieux de Troie.) 

ÉNÉE
Quelle espérance encor est permise, Panthée?
Où combattre, où courir?

PANTHÉE
La ville ensanglantée
Brûle! c'est notre jour fatal!
Priam n'est plus! Sortis du monstrueux cheval,
Les Grecs ont massacré les gardes de nos portes.
Déjà d'innombrables cohortes,
Affluant du dehors, courent de toutes parts
Attiser l'incendie
Qu'alluma de leurs chefs l'infâme perfidie;
D'autres occupent les remparts.

(Entre Ascagne.) 

ASCAGNE
Ô père! le palais d'Ucalégon s'écroule!
Son toit fondant en pluie ardente coule!

ÉNÉE
(l'interrompant)
Suis-nous, Ascagne!

(Entre Chobère, à la tête d'une troupe armée.) 

CHORÈBE
Aux armes, grand Énée!
Viens, la Citadelle cernée
Tient encor!

ÉNÉE
A tout prix il faut y parvenir.
Prêts à mourir
Tentons de nous défendre.
Le salut des vaincus est de n'en plus attendre.

(Grands bruits et cris lointains.) 

CHOEUR
Le salut des vaincus est de n'en plus attendre.
Entendez-vous
L'écroulement des tours?... la flamme dévorante?
Les hurlements des Grecs? 
Toujours leur foule augmente.
Marchons! le désespoir dirigera nos coups.

TOUS
Prêts à mourir, tentons de nous défendre,
Le salut des vaincus est de n'en plus attendre.

(Énée prend la main d'Ascagne et le place au milieu 
d'un groupe armé.) 

Mars! Erinnys! conduisez-nous!

(Ils sortent.) 

Deuxième Tableau 

Nº 14 - Choeur - Priere 

(Un intérieur du palais de Priam. Dans le fond, une 
galerie à colonnade dont le parapet peu élevé donne 
sur une place située à une assez grande profondeur. 
Entre les colonnades on aperçoit ou loin le mont Ida. 
L'autel de Vesta-Cybèle allumé. Polyxène, femmes 
troyennes, groupées autour de l'autel. Quelques-unes 
sont agenouillées, d'autres assises à terre plusieurs sont 
couchées sur les gradins de l'autel, la face contre terre. 
Toutes dans l'attitude du plus profond accablement) 

CHOEUR DES TROYENNES
Ah!
Puissante Cybèle,
Déesse immortelle,
Mère des malheureux,
A les Troyens sois secourable,
A leurs efforts sois favorable
En ces moments affreux!
Sauve de l'outrage
Et de l'esclavage
Leurs mères, leurs soeurs.
Brise l'arme impie
De la perfidie
Aux mains des vainqueurs,
Puissante Cybèle, etc. 

Nº 15 - Recitatif et Choeur 

(Entre Cassandre, les cheveux épars.) 

CASSANDRE
Tous ne périront pas. Le valeureux Énée
Et sa troupe, trois fois au combat ramenée,
Ont délivré nos braves citoyens
Enfermés dans la Citadelle.
Le trésor de Priam est aux mains des Troyens.
Bientôt en Italie, où le sort les appelle,
Ils verront s'élever, plus puissante et plus belle,
Une nouvelle Troie. Ils marchent vers l'Ida.

CHOEUR
Et Chorèbe?

CASSANDRE
Il est mort.

CHOEUR
Dieux cruels!

CASSANDRE
De Vesta,
Pour ta dernière fois, à l'autel, je m'incline.
Je suis mon jeune époux. Oui, cet instant termine
Mon inutile vie.

CHOEUR
O digne soeur d'Hector!
Prophétesse que Troie accusait de démence!
De nous sauver, hier, il était temps encor,
Quand elle prédisait cette ruine immense!

CASSANDRE
Bientôt elle ne sera plus.

CHOEUR
Ô désespoir! Ô regrets superflus!

CASSANDRE
Mais vous, colombes effarées,
Pouvez-vous consentir
A l'horrible esclavage? et voudrez-vous subir,
Vierges, femmes déshonorées
La loi brutale des vainqueurs?

CHOEUR
Faut-il bannir tout espoir de nos coeurs?

CASSANDRE
L'espoir! Ô malheureuses!
Dans ces ténèbres lumineuses
Ne voyez-vous, n'entendez-vous donc pas
Les cruels Myrmidons qui remplissent nos rues
Et ceux qui du palais gardent les avenues?

CHOEUR
C'en est fait, rien ne peut nous sauver de leurs bras.

CASSANDRE
Rien, dites-vous? Si l'honneur vous anime,
(montrant la galerie) 
Pour qui donc cet abîme
Est-il ouvert devant vos pas?

(montrant son poignard et les ceintures des femmes) 

Pour qui ce fer et ces cordons de soie,
Sinon pour vous, femmes de Troie?

(Un petit groupe se tait et manifeste une terreur rofonde.) 

UNE PARTIE DU CHOEUR
Héroïne d'amour
Et d'honneur, tu dis vrai! nous te suivrons!

CASSANDRE
Le jour
Ne vous trouvera pas par les Grecs profanées?

LE GRAND CHOEUR
Non, Cassandre, nous le jurons!

CASSANDRE
Vous ne paraîtrez pas en triomphe traînées?

LE GRAND CHOEUR
Jamais! jamais! avec toi nous mourrons.

Nº 16 - Final 

(Les femmes se parlent entre elles. Quelques-unes 
prennent de lyres et en jouent en chantant.) 

LE GRAND CHOEUR
Complices de sa gloire,
En partageant son sort,
Des Grecs par notre mort
Flétrissons la victoire!
Pures et libres nous vivions. 
En cette nuit fatale
Pures et libres descendons
A la rive infernale!

CASSANDRE
(interpellant le petit groupe)
Vous qui tremblez et gardez le silence,
Vous hésitez?

LE PETIT GROUPE
Ah! je me sens frémir!

CASSANDRE
Eh quoi! vous subiriez une vile existence
indigne des grands coeurs?

LE PETIT GROUPE
Hélas!... déjà mourir!

CASSANDRE
(avec explosion)
Allez dresser la table et le lit de vos maîtres!
Esclaves, loin de nous!

LE PETIT GROUPE
Pitié...

CASSANDRE ET LE GRAND CHOEUR
Honte sur vous!
Descendez vers ces traîtres,
Jetez-vous à leurs pieds, embrassez leurs genoux!

(avec une violente expression de mépris) 

Allez vivre! Thessaliennes!
Honte sur vous! sortez! vous n'êtes pas Troyennes!

(Elles les chassent. Le petit groupe recule en silence 
devant les autres femmes jusqu'à la coulisse il sort 
enfin de la scène. Toutes les autres redescendent la 
scène avec une exaltation toujours croissante.) 

LE GRAND CHOEUR
Cassandre, avec toi nous mourrons!
On ne nous verra pas par les Grecs profanées,
Nous ne paraîtrons pas en triomphe traînées,
Non, non, jamais, nous le jurons. 

(Reprenant leurs lyres.)

Complices de sa gloire, etc.
Ouvre-nous, noir Pluton,
Les portes du Ténare!
Fais retentir, Caron,
Ta funèbre fanfare!

CASSANDRE
(avec la plus grande exaltation)
Chorèbe! Hector! Priam! 
Roi! père! frère! Amant!
Je vous rejoins! entendez leur serment.
Dieux des enfers!

(Elle saisir la lyre d'une Troyenne.) 

Mourez dignes de gloire,
Et partageant mon sort
Des Grecs par votre mort, etc.

(Un chef grec entre pendant la fin de cette scène; il 
s'avance rapidement l'épée haute, et s'arrête étonné 
à l'aspect des Troyennes.) 

UN CHEF GREC
(pendant la fin du choeur)
Quoi! la lyre à la main!... de ce noble transport.
J'admire malgré moi la sublime ironie!
Cassandre!... qu'elle est belle ainsi chantant la mort,
Bacchante à l'oeil d'azur s'enivrant d'harmonie!

(Entre une partie des Grecs.) 

LES SOLDATS
Le trésor! le trésor! livrez-nous le trésor!

(Ils lèvent leurs épées sur les femmes.) 

CASSANDRE
Nous méprisons votre lâche menace,
Monstres ivres de sang, troupe immonde et rapace!
Vous n'étancherez pas, brigands, votre soif d'or!

(Elle se frappe et tendant le poignard à Polyxène.) 

Tiens! la douleur n'est rien!

(Polyxène se frappe à son tour. Cassandre se 
soutient toujours.) 

AUTRE TROUPE DE GRECS
(entrant)
Dieux ennemis! Ô rage!
Couverts de sang, du milieu du carnage,
Énée et ses Troyens échappent à nos coups.
Et, maîtres du trésor, ils sortent!... 

CASSANDRE, LES FEMMES
(Quelques-unes dénouent leur ceinture et tirant 
leur poignard.)
Malgré vous,
Aux chemins de l'Ida déjà les voilà tous,
Et nous bravons votre furie.

(Toutes agitant leurs voiles et leurs écharpes 
du côté de l'Ida.) 

Sauve nos fils, Énée! 
Italie! Italie!

(Quelques-unes se précipitent, d'autres s'étranglent 
et se poignardent. Cri d'horreur des Grecs s'élançant 
vers la galerie. Pendant cette dernière scène, 
Cassandre, après s'être frappée, et voyant les 
Troyennes monter sur le parapet pour se précipiter, 
s'avance en chancelant vers le fond du théâtre; mais 
les forces lui manquent avant de parvenir à la galerie. 
Elle s'affaisse aux genoux, puis se relevant pour un 
suprême effort et rendant les bras vers l'Ida, elle 
s'écrie: Italie! et tombe morte.) 



DEUXIÈME PARTIE:
LES TROYENS À CARTAGE. 



ACTE TROISIÈME 


(Une vaste salle de verdure du palais de Didon à 
Carthage. Sur l'un des côtés s'élève un trône entouré 
des trophées de l'agriculture, du commerce, et des arts; 
sur l'autre côté et au fond un amphithéâtre en gradins, 
sur lequel une innombrable multitude est assise, au 
lever du rideau.) 

Nº 17 - Choeur 

CHOEUR
(d'une partie du peuple carthaginois)
De Carthage les cieux semblent bénir la fête!
Vit-on jamais un jour pareil
Après si terrible tempête?
Quel doux zéphyr! notre brûlant soleil
De ses rayons calme la violence;
A son aspect la plaine immense
Tressaille de joie; il s'avance
Illuminant le sourire vermeil 
De la nature à son réveil.

Nº 18 - Chant National 

(Entre Didon avec sa suite. A son entrée tout le peuple 
assis sur les gradins de l'amphithéâtre se lève en 
agitant des voiles de diverses couleurs, des palmes, des 
fleurs. Didon va s'asseoir sur son trône ayant sa soeur 
à sa droite et Narbal à sa gauche; quelques soldats les 
entourent.) 

CHOEUR GENERAL
Gloire à Didon, notre reine chérie!
Reine par la beauté, la grâce, le génie,
Reine par la faveur des dieux,
Et reine par l'amour de ses sujets heureux!

(Le peuple agite des palmes et jette des fleurs.) 

Nº 19 - Récitatif et Air 

DIDON
(debout, du haut de son trône)
Nous avons vu finir sept ans à peine,
Depuis le jour où, pour tromper la haine
Du tyran meurtrier de mon auguste époux,
J'ai dû fuir avec vous,
De Tyr à la rive africaine.
Et déjà nous voyons Carthage s'élever,
Ses campagnes fleurir, sa flotte s'achever!
Déjà des bords lointains on s'éveille l'aurore
Vous rapportez, laboureurs de la mer,
Le blé, le vin et la laine et le fer,
Et les produits des arts qui nous manquent encore.
Chers Tyriens, tant de nobles travaux
Ont enivré mon coeur d'un orgueil légitime!
Mais ne vous lassez pas, suivez la voix sublime
Du Dieu qui vous appelle à des efforts nouveaux!
Donnez encore un exemple à la terre;
Grands dans la paix, devenez dans la guerre
Un peuple de héros.

LE PEUPLE
Grands dans la paix, etc.

DIDON
Le farouche Iarbas veut m'imposer la chaîne
D'un hymen odieux;
Son insolence est vaine.

LE PEUPLE
Son insolence est vaine.

DIDON
Le soin de ma défense est à vous 
comme aux dieux.

LE PEUPLE
Gloire à Didon, notre reine chérie!
Chacun de nous est prêt à lui donner sa vie!
Tous nous la défendrons.
Nous bravons d'Iarbas l'insolence et la rage,
Et nous repousserons
Jusqu'au fond des déserts ce Numide sauvage!

DIDON, PEUPLE
Chers Tyriens! oui, vos nobles travaux, etc.

DIDON
Cette belle journée,
Qui dans vos souvenirs doit rester à jamais,
A couronner les oeuvres de la paix
Fut par moi destinée.
Approchez, constructeurs,
Matelots, laboureurs;
Recevez de ma main la juste récompense
Due au travail qui donne la puissance
Et la vie aux Etats.

Nº 20 - Entree des Constructeurs 

(Les constructeurs en cortège s'avancent vers le trône. 
Didon donne à leur chef une équerre d'argent et une 
hache. Le cortège retourne au fond du théâtre.) 

Nº 21 - Entrée des Matelots 

(Les matelots en cortège s'avancent vers le trône. 
Didon donne à leur chef un gouvernail et un aviron. 
Le cortège retourne au fond du théâtre.) 

Nº 22 - Entrée des Laboureurs 

(Le cortège des laboureurs, plus nombreux que les 
deux précédents, s'avance lentement vers le trône; 
un vieillard robuste le conduit.) 

Nº 23 - Recitatif et Choeur 

(Didon donne au vieillard chef du laboureurs une 
faucille d'or, puis, tenant à la main une couronne 
de fleurs et d'épis, elle s'écrie:) 

DIDON 
Peuple! tous les honneurs
Pour le plus grand des arts, 
L'art qui nourrit les hommes!

LE PEUPLE
Vivent les laboureurs! nous sommes
Leurs fils reconnaissants; ils nous donnent le pain!

DlDON
(à part)
Ô Cérès! l'avenir de Carthage est certain!

CHOEUR GENERAL
Gloire à Didon, notre reine chérie!
Chacun de nous est prêt à lui donner sa vie.
Prouvons-lui notre amour par des gages nouveaux.
Colons, marins, formons un peuple de héros!
Gloire à Didon, notre reine chérie!
Reine par la beauté, etc.

(Le peuple, conduit par Narbal, défile en 
cortège devant le trône de Didon et sort) 

Nº 24 - Recitatif et Duo 

DIDON
Les chants joyeux, l'aspect de cette noble fête,
Ont fait rentrer la paix en mon coeur agité.
Je respire, ma soeur, oui, ma joie est parfaite,
Je retrouve le calme et la sérénité.

ANNA
Reine d'un jeune empire
Qui chaque jour s'élève florissant,
Reine adorée et que le monde admire,
Quelle crainte avait pu vous troubler un instant?

DIDON
Une étrange tristesse,
Sans causes, tu le sais, vient parfois m'accabler.
Mes efforts restent vains contre cette faiblesse,
Je sens transir mon sein qu'un ennui vague oppresse,
Et mon visage en feu sous mes larmes brûler...

ANNA
(souriant)
Vous aimerez, ma soeur...

DIDON
Non, toute ardeur nouvelle
Est interdite à mon coeur sans retour.

ANNA
Vous aimerez, ma soeur...

DIDON
Non, la veuve fidèle
Doit éteindre son âme et détester l'amour.

ANNA
Didon, vous êtes reine, et trop jeune, et trop belle,
Pour ne plus obéir à cette douce loi;
Carthage veut un roi.

DIDON
(montrant à son doigt l'anneau de Sichée)
Puissent mon peuple et les dieux me maudire,
Si je quittais jamais cet anneau consacré!

ANNA
Un tel serment fait naître le sourire
De la belle Vénus; sur livre sacré
Les dieux refusent de l'inscrire.

DIDON
Sa voix fait naître dans mon sein
La dangereuse ivresse;
Déjà dans ma faiblesse
Contre un espoir confus je me débats en vain.

ANNA
Ma voix fait naître dans son sein
Des rêves de tendresse;
Déjà dans sa faiblesse,
Au doux espoir d'aimer elle résiste en vain.

DIDON
Sichée! Ô mon époux, pardonne
A cet instant d'involontaire erreur,
Et que ton souvenir chasse loin de mon coeur
Ce trouble qui l'étonne.

ANNA
Didon, ma tendre soeur, pardonne,
Si je dissipe une trop chère erreur,
Pardonne si ma voix excite dans ton coeur
Ce trouble qui l'étonne. 

Nº 25 - Récitatif et Air 

IOPAS
Echappés à grand peine, à la mer en fureur,
Reine, les députés d'une flotte inconnue
D'être admis devant vous implorent la faveur.

DIDON
La porte du palais n'est jamais défendue
A de tels suppliants.

(Sur un signe de la reine, Iopas sort.) 

Errante sur les mers,
Ne fus-je pas aussi, de rivage en rivage, 
Emportée au sein de l'orage
Jouet des flots amers!
Hélas, des coups du sort je sais la violence
Sur ceux qu'il frappe. Au malheur compatir
Est facile pour nous. Qui connut la souffrance
Ne pourrait voir en vain souffrir.

Nº 26 - Marche Troyenne

(dans le mode triste.) 

DIDON
(à part)
J'éprouve une soudaine et vive impatience
De les voir, et je crains en secret leur présence.

(Elle monte sur son trône. Entrent Énée sous un 
déguisement de matelot, Panthée, Ascagne, et les 
chefs Troyens portant des présents.) 

Nº 27 - Recitatif 

ASCAGNE
(s'inclinant devant la reine)
Auguste reine, un peuple errant et malheureux
Pour quelques jours vous demande un asile.
Je dépose à vos pieds les présents précieux, 
Débris de sa grandeur, que, par ma main débile
Au nom de Jupiter, vous offre un chef pieux.

DIDON
De ce chef, bel enfant, dis-moi le nom, la race?

ASCAGNE
Ô reine, sur nos pas une sanglante trace
Des monts de la Phrygie a marqué les chemins
Jusqu'à la mer. Ce sceptre d'Ilion,

(Il offre un à un les présents.) 

Fille du roi Priam, d'Hécube la couronne,
Et ce voile léger d'Hélène où l'or rayonne,
Doivent vous dire assez que nous sommes Troyens.

DIDON
Troyens!

ASCAGNE
Notre chef est Énée,
Je suis son fils.

DIDON
Etrange destinée!

PANTHÉE
(s'avançant)
Obéissant au souverain des dieux
Ce héros cherche l'Italie,
Où le sort lui promet un trépas glorieux 
Et le bonheur de rendre aux siens une patrie.

DIDON
Qui n'admire ce prince, ami du grand Hector?
Qui de son nom fameux n'est ignorant encor?
Carthage en est remplie.
Dites-lui que mon port ouvert à ses vaisseaux
L'attend. Qu'il vienne, qu'il oublie
Avec vous à ma cour ses pénibles travaux.

Nº 28 - Final 

NARBAL
(entrant avec agitation)
J'ose à peine annoncer la terrible nouvelle!

DIDON
Qu'arrive-t-il?

NARBAL
Le Numide rebelle,
Le féroce Iarbas
Avec d'innombrables soldats
S'avance vers Carthage.

CARTHAGINOIS
(au loin)
Des armes! des armes!

NARBAL
Et la troupe sauvage
Egorge nos troupeaux
Et dévaste nos champs. 
Mais des malheurs nouveaux
Menacent la ville elle-même:
A nos jeunes guerriers dont
l'ardeur est extrême
Les armes vont manquer.

DIDON
Que dites-vous, Narbal?

NARBAL
Que nous allons tenter un combat inégal.

CARTHAGINOIS
Des armes! des armes!

ÉNÉE
(s'avançant après avoir laissé tomber son déguisement 
de matelot. Il porte un brillant costume et la cuirasse, 
mais sans casque ni bouclier.)
Reine, je suis Énée!
Ma flotte sur vos bords par les vents entraînée
A de rudes travaux fut par moi destinée;
Permettez aux Troyens de combattre avec vous!

DIDON
J'accepte avec orgueil une telle alliance!
Énée armé pour ma défense!
Les dieux se déclarent pour nous.

(à part, à Anna) 

Ô ma soeur, qu'il est fier, ce fils de la déesse,
Et qu'on voit sur son front de grâce et de noblesse!

ÉNÉE
Sur cette horde immonde d'Africains,
Marchons Troyens et Tyriens,
Volons à la victoire ensemble!
Comme le sable emporté par les vents
Chassons dans ses déserts brûlants
Le Numide éperdu; qu'il tremble.

ÉNÉE, PANTHÉE, NARBAL, IOPAS
ASCAGNE, DIDON, ANNA, TROYENS
C'est le dieu Mars qui vous/nous rassemble,
C'est le fils de Vénus qui vous/nous guide aux combats!
Exterminez/ exterminons la noire armée,
Et que demain la renommée
Proclame au loin la honte et la mort d'Iarbas!

(Pendant la fin de ce morceau, on apporte ses armes
d'Énée. Il met rapidement son casque, passe à son
bras son vaste bouclier et saisit ses javelots.) 

ÉNÉE
(à Panthée)
Annonce à nos Troyens l'entreprise nouvelle
Où la gloire les appelle. 

(Panthée sort.) 

Reine, bientôt du barbare odieux
Vous serez délivrée. A vos soins généreux
J'abandonne mon fils.

DIDON
De mon amour de mère
Pour lui ne doutez pas.

ÉNÉE
(à Ascagne)
Viens embrasser ton père.

(Il l'embrasse en le couvrant tout entier de ses 
armes. Ascagne pleure sans répondre.) 

D'autres t'enseigneront, enfant, l'art d'être heureux;
Je ne t'apprendrai, moi, que la vertu guerrière
Et le respect des dieux;
Mais révère en ton coeur et garde en ta mémoire
Et d'Énée et d'Hector les exemples de gloire.

(Le peuple de Carthage accourt de toutes parts 
demandant des armes. Quelques hommes seulement 
sont armés régulièrement, les autres portent des faux, 
des haches, des frondes. Panthée rentre en scène. 
Ascagne essuyé tout à coup ses larmes et s'élance à 
côté des chefs troyens.) 

ENSEMBLE
Des armes! des armes!
Sur cette horde immonde d'Africains,
Marchez/ marchons Troyens et Tyriens, etc.
 
PRIMERA PARTE: 
LA CONQUISTA DE TROYA. 



ACTO PRIMERO 


(El emplazamiento del campamento abandonado 
por los griegos ante Troya. A la izquierda, tras 
las murallas, la Ciudadela. A la derecha, el 
Simois, y sobre una de sus orillas un túmulo, la 
tumba de Aquiles. Un altar de campaña en la 
parte delantera de la escena y, junto a él, un 
trono sobre un podio.) 

Nº 1 - Coro de Troyanos 

(El pueblo troyano se divierte alegremente por 
la llanura. Soldados, ciudadanos, mujeres y 
niños. Bailes y juegos. Tres pastores tocan la 
flauta doble sobre la tumba de Aquiles.) 

CORO
¡Ja, ja! 
Muchos días hemos pasado tras las murallas. 
¡Ah, qué felicidad poder respirar de nuevo
el aire puro de la campiña
que el fragor de la batalla nos había arrebatado!

(Muchachos y niños acuden llevando
despojos de la batalla) 

¡Cuántos despojos!... ¡Un hierro de lanza!
¡Yo encontré un casco!... ¡Y yo, dos jabalinas!
¡Mirad, qué escudo tan grande!
¡Se podría llevar sobre él a un gigante!
¡Esos griegos son unos cobardes!

UN SOLDADO
¿Sabéis qué tienda 
estaba en este mismo sitio?

CORO
¡No! Dínoslo... ¿De quién era?

EL SOLDADO
La de Aquiles.

CORO
(Retroceden con terror)
¡Dioses!

EL SOLDADO
¡No corráis , tropa de valientes!
Aquiles está muerto, 
podéis ver aquí su tumba... ¡Ahí está!

CORO
Cierto, Paris nos libró de ese monstruo homicida.
¿Has visto el caballo de madera, 
que antes de marchar para la Hélade,
nos han regalado los griegos? 
¡Es enorme!... Es una ofrenda a Palas. 
En sus entrañas cabría un batallón. 
Al anochecer lo llevaremos a la ciudad, 
pero antes, y debido a su tamaño, 
deberemos romper las murallas.
El rey regresa del Escamandra y viene a verlo.
¡Corramos!... ¡Corramos también a verlo!

(Salen todos en tropel) 

Nº. 2 -Recitativo y Aria 

(Mientras acaba la escena anterior, Casandra 
aparece caminando por la llanura agitadamente. 
Su mirada está inquieta y extraviada.) 

CASANDRA
¡Los griegos se han ido! Pero, ¿qué siniestra 
intención se esconde tras esta precipitada partida?
¡La inquietud me invade!
He visto la sombra de Héctor recorrer las murallas
como un espíritu nocturno y con su negra mirada 
observar a la destruida Sigea... ¡Ay, desgracia! 
La locura se ha apoderado de la multitud 
y abandona las murallas... ¡Príamo va a la cabeza!
¡Desdichado rey! 
¡Has caído en las tinieblas eternas!
¡No me escuchas, no quieres entenderme!
¡Pueblo infeliz, mi funesto presagio te acecha!
¡Ay de mí! ¡Incluso Corebo cree que estoy loca!
¡Cuando pronuncio su nombre, el terror invade! 
¡Oh, dioses! ¡Corebo y yo nos amamos!
Pero no habrá himeneo para mí...
No tendré esponsales, 
ni cantos festivos,
¡ni dulces sueños de ternura!
¡Él deberá cargar con mi destino inexorable!

(Entrando en un dulce sueño.) 

¡Corebo!... Debes abandonar la Troya...

Nº 3 - Dúo 

(Corebo llega presuroso) 

CASANDRA
¡Es él!

COREBO
¡Cuando Troya estalla de felicidad,
tú huyes del alegre palacio
y te refugias en los bosques y campos.
¡Estaba intranquilo por ti, oh hamadríada!

CASANDRA
¡Ay, deseo ocultar a tus ojos
el terrible temor que anida en mi alma!

COREBO
¡Casandra!

CASANDRA
¡Déjame!

COREBO
¡Ven!

CASANDRA
¡Vete, te lo suplico!

COREBO
¿Marcharme?
¡Dejarte cuando el más santo de los nudos...

CASANDRA
Ha llegado la hora de morir, no de estar alegre.

COREBO
¡Vuelve en ti, virgen adorada!
Deja de desconfiar, de vaticinar,
eleva hacia la bóveda azul
la mirada de tu alma serena.
Deja entrar en tu corazón un rayo de esperanza.

CASANDRA
¡El cielo nos amenaza! Cree en mis palabras 
que las inspira mismo dios que nos destruirá.
Mi mirada ha leído el libro del destino.
¡Veo un sinnúmero de males caer sobre nosotros!
¡Se precipitarán sobre Troya! 
Veo que ante su furor,
el pueblo gemirá
y con su propia sangre
enrojecerá el suelo de las calles.
Veo a las vírgenes, semidesnudas,
en brazos de sus raptores.
¡Gimiendo querrán cubrir 
su desnudez!
¡Ya el negro buitre,
desde la más alta de las torres,
ha visto la carnaza!
¡Todo se desplomará 
sobre un río de sangre!
¡Y en tu costado
una espada griega!... ¡Ah!

(Corebo sostiene en sus brazos 
a Casandra medio desvanecida.) 

COREBO
¡Pobre alma extraviada!
Vuelve en ti, virgen adorada, etc.

CASANDRA
La muerte planea ya sobre el aire...
¡Veo el siniestro relámpago 
de su fría mirada homicida!
¡Si me amas, vete!...
¡Vete!... 
Ve a dar a tu padre
un apoyo necesario en su vejez.
No hay esperanza para nosotros...

COREBO
Si tu mirada predice tales males para nosotros,
querida insensata,
¿acaso crees que me recibiría mi padre
sabiendo que he abandonado a mi prometida
en un momentos de tal peligro?
Pero el cielo y la tierra,
olvidados ya de la guerra,
proclaman tu error.
Siente la tibia dulzura
del soplo de la brisa
que mece las olas del mar 
en los acantilados de Ténedos.
Mira los apacibles rebaños
que sobre el valle ondulante
conduce el pastor.
Oye el alegre canto
de los juguetones pájaros
que parecen hacerse entender.
Bajo el celeste dosel,
y por todas partes,
se escucha un himno de paz.

CASANDRA
¡Signos arteros y calma aparente!
La muerte planea ya sobre el aire.
¡Veo el siniestro relámpago 
de su fría mirada homicida!
Márchate antes del anochecer...
Sigue mi consejo... ¡Te lo suplico!
Que no te sorprenda la aurora
en el interior de la ciudad.
¡Mi corazón se rompe de dolor
en mil pedazos!
¡Vete esta misma noche, vete esta noche!

COREBO
¿Dejarte esta noche?
Casandra, ¡pero si yo te adoro!
Sálvame, te lo ruego,
de una horrorosa desesperación.
¿Acaso no ves que si parto moriré?
¿Cómo puedes decir que me marche esta noche?
¡Esta misma noche?

CASANDRA
Si me crees digna de tu amor, Corebo,
¡debes marcharte!

COREBO
¡Por todos los dioses del Cielo y del Erebo!
Casandra, ¿me vas a escuchar?
Te lo pido de rodillas,
¡Casandra!

CASANDRA
¡Cedo ante tanto dolor!
¡Oh, dioses crueles!

COREBO
Dejarte, dejarte esta noche, etc.

CASANDRA
Escúchame, te lo ruego, etc.
¡Estás ciego y sordo, como todos! 
¿Quieres inmolarte por tu funesto amor?

COREBO
¡No te dejaré nunca!

CASANDRA
¿No comprendes que mañana
deberás combatir junto a mis hermanos?

COREBO
¡No te dejaré nunca!

CASANDRA
¡Está bien! ¡Aquí tienes mi mano
y mi casto beso de prometida!... ¡Quédate! 
Que la celosa muerte prepare 
nuestro lecho nupcial para mañana.

COREBO
¡Ven! ¡Ven!

(Él se la lleva apasionado.) 

Nº 4. Marcha e Himno 

(Entran Ascanio, a la cabeza de los niños; 
Hécuba y las princesas. Eneas a la cabeza de
los guerreros troyanos, Príamo y los sacerdotes.) 

CORO
Dioses protectores de la ciudad eterna,
¡recibid nuestro incienso!
¡Escuchad las alegres plegarias
de vuestro devoto pueblo!
¡Oh, divinos autores de nuestra victoria!
¡Dios del Olimpo! ¡Dios de los mares!
Regidores del universo,
aceptad nuestras agradecidas ofrendas.

Nº 5 - Combate de Guantes

Paso de Los Luchadores. 

(Bailes y juegos populares.) 

Nº 6 - Pantomima. 

(Andrómaca entra con paso lento, llevando de la 
mano a su hijo Astyanax. Van de luto, ambos 
vestidos de blanco) 

CORO
¡Andrómaca y su hijo!
¡Oh, contradicción!
Esos clamores de pública alegría...

(Astyanax deposita un ramo de flores al pie del 
altar. Andrómaca se arrodilla a su lado y reza 
durante algunos instantes.) 

... y esta inmensa tristeza,
este dolor profundo,

(Andrómaca se alza y conduce a su hijo ante el 
trono de Príamo.) 

¡Este sufrir en silencio!

(Andrómaca presenta al niño al Rey y a la Reina; 
estrecha a Astyanax contra su pecho y lo abraza 
con una ternura convulsiva.) 

Las esposas y las madres lloran al verla...

(Príamo se levanta y bendice al niño. Hécuba le 
bendice también. El Rey y la Reina regresan a sus 
tronos. Astyanax, intimidado, corre a refugiarse 
en su madre. La emoción dolorosa de Andrómaca 
aumenta.) 

CASANDRA
(Apareciendo por el fondo de la escena)
¡Ay, ahorra tu llanto,
viuda de Héctor!...

(Andrómaca baja su velo.) 

Ya entregarás amargas lágrimas
en las desgracias que se avecinan...

(Andrómaca, que no puede reprimir el llanto, 
toma la mano de Astyanax y pasa ante los 
diferentes grupos para retirarse. El pueblo se 
aparta ante su paso. Algunas mujeres lloran, 
ocultando el rostro tras la espalda de los hombres 
que tienen cercanos. Andrómaca y Asrtyanax se 
alejan con paso lento.) 

CORO
¡Ah!

Nº 7 - Narración 

ENEAS
(Llega corriendo)
¡El pueblo y los soldados, oh rey!... 
La multitud corre y huye como un torrente.
¡Nada puede detenerla!
Un prodigio inaudito ha sucedido.
Laocoonte, sospechando alguna perfidia
en el comportamiento de los griegos, 
lanzó su jabalina contra la madera
y exhortó al pueblo a quemarla.
Entonces, hinchadas de cólera, 
dos enormes serpientes salieron del mar
y se enroscaron sobre el sacerdote...
Lo abrasaron con su aliento ardiente y,
cubriéndolo con una baba sanguinolenta,
lo devoraron ante nuestros propios ojos.

Nº 8 - Doble Coro 

PRÍAMO, PANTEO, COREBO
ENEAS, HELENO, CASANDRA
ASCANIO, HÉCUBA, EL PUEBLO
¡Castigo espantoso!
¡Misterio horrendo!
Ante este relato espantoso
la sangre se hiela en mi corazón.
¡Un escalofrío de terror
recorre todo mi ser!
¡Laocoonte! ¡Un sacerdote!
¡Ha sido blanco del furor celestial!
¡Los monstruos lo han devorado vivo!
¡Horror!

CASANDRA
¡Oh, pueblo malvado!
Misterio horroroso, etc.

Nº 9 - Recitativo y Coro

ENEAS
¡Que la diosa nos proteja
de este nuevo peligro!
Es seguro, 
Palas ha querido vengar un sacrilegio.

PRÍAMO
Para aplacarla, cumplid prestos mis órdenes.

ENEAS
¡El caballo ya está sobre los rodillos que,
con los máximos honores,
lo conducirán al Palladium!
El sagrado cortejo lo forman 
niños, mujeres y guerreros.
¡El camino está cubierto de flores!
¡Que la trompeta y la lira lo reciban en Troya!

TODOS
El sagrado cortejo lo forman niños, mujeres, etc.

CASANDRA
(Recorriendo la escena fuera de sí)
¡Desgracia!

PRÍAMO, HÉCUBA, ENEAS
PANTEO, COREBO, HELENO
¡Pallas, ten piedad de Troya!

(Todos salen. Casandra queda sola en primer 
término de la escena. Tras dar algunos pasos 
siguiendo a la gente, regresa bruscamente.) 

Nº 10 - Aria 

CASANDRA
No, no participaré en la fiesta donde,
ahítos de vino, suplicarán un futuro feliz.
Este pueblo condenado, al que nada ¡ay de mí! 
le impedirá precipitarse en la profunda sima.
¡Oh, cruel recuerdo!... ¡Gloria de la patria!... 
¡La más pura y seductora imagen!
¡Corebo! ¡Príamo!... Todo ha sido en vano...
¡Pronto lágrimas de angustia inundarán mi rostro!

Nº 11 - Final: Marcha Troyana 

(Se escucha el cortejo en la distancia) 

CASANDRA
¿Será una ilusión de mis sentidos?
¡Los coros sagrados de Ilión!

CORO
Hija amada del rey celestial,
portadora del casco y de la lanza,
sabia guerrera de mirada dulce,
¡favorece nuestro destino!
¡Haz que Ilión sea invencible!
Bella Palas, ¡protégenos!

CASANDRA
¡Ya llega el cortejo!... ¡Por allí viene!
¡El enemigo viene y la ciudad está abierta!
¡Este pueblo loco, que camina hacia su perdición,
se ha adelantado a las órdenes del rey!

(Se escucha el cortejo más cercano.) 

CORO
Del rey celestial, etc.
Escucha nuestras voces, virgen sublime,
que al compás de las flautas de Dindimo,
se elevan hacia lo más alto del firmamento.
¡Que la trompeta frigia
junto a la lira troyana
te lleven nuestras plegarias!

CASANDRA
¡El sonido de los cantos va en aumento!
¡La enorme estatua se acerca!... 
¡Aquí está!

CORO
(Entrando en escena)
Del rey celestial, etc.
¡Bailad con vuestras guirnaldas
alrededor de la ofrenda,
alegres niños!
¡Sembrad el camino
con la nieve perfumada
de los lirios primaverales!
¡Palas, protégenos!

(Los cantos cesan bruscamente. La muchedumbre 
se agita y algunas mujeres salen como para poder 
ver lo que hay fuera de escena, luego regresan al 
momento.) 

ALGUNOS HOMBRES DEL PUEBLO
¿Qué sucede? ¿Por qué esta agitación?

CASANDRA
¡Júpiter! ¡Todos vacilan!
¡La multitud se agita!

LAS MUJERES
En los costados del coloso se oye ruido de armas.

CASANDRA
Se detienen... ¡Oh, dioses! Si...

LOS HOMBRES
¡Es un feliz augurio!... ¡Seguid cantando, niños!

(Los cantos se reinician aun con más 
fuerza que antes.) 

TODO EL CORO
¡Orgullosas montañas de Pérgamo,
con una alegre llamarada
resplandeced triunfantes!

(El cortejo inicia el movimiento y sale.) 

CASANDRA
¡Deteneos, deteneos! ¡Sí, la llama, el hacha!
¡Buscad en el costado del monstruoso caballo!
¡Laocoonte!... ¡Los griegos!... 
Ahí se oculta una trampa infernal...
¡Mi voz se debilita... no queda esperanza!
¡No tenéis piedad, dioses,
para con esta muchedumbre enloquecida!
¡Oh, qué digna labor la de los todopoderosos,
conducirla al abismo tapándole los ojos!

(Escucha los últimos sonidos de la marcha 
triunfal que aún se oye y que se extingue de 
improviso) 

Entran... ¡El destino ya tiene su presa!
¡La hermana de Héctor 
morirá en las ruinas de Troya!

(Sale.) 


ACTO SEGUNDO 

Escena Primera 

Nº 12 - Escena y Recitativo 

(Estancia en el palacio de Eneas. Ruidos 
lejanos de combate. Eneas, medio armado, 
duerme sobre su lecho. Ascanio sale presuroso 
de un cuarto vecino. Escucha y se acerca al 
lecho de su padre, luego da media vuelta y se 
marcha. De un rincón obscuro avanza hacia 
Eneas el espectro sangrante de Héctor con paso 
lento y solemne. Su barba y cabellera están 
sucias y desordenadas. Al llegar junto a Eneas, 
se queda inmóvil mirándolo y suspira 
profundamente. Un ruido lejano, más fuerte 
que los anteriores, despierta a Eneas con 
sobresalto. Ve a Héctor de pie ante él y, tras 
un instante de vacilación, le dirige la palabra, 
medio incorporado en el lecho.) 

ENEAS
¡Oh, luz de Troya!... ¡Oh, gloria de los troyanos!
¿Después de tantos trabajos 
de qué rincón desconocidos regresas? 
¿Qué nube oscurece tu mitrada?
Héctor, ¿qué dolores han marcado tu rostro?

EL ESPECTRO DE HÉCTOR
¡Ah!... ¡Huye, hijo de Venus! 
¡El enemigo se abate sobre nuestros muros!
¡El orgulloso destino de Troya llega a su fin!
Un huracán de llamas esparce, 
de los templos a los palacios, sus torbellinos...
Nada se puede hacer ya para salvar a la patria.
Pérgamo te confía a sus hijos y sus dioses. 
¡Márchate!... Ve a Italia...
Tu pueblo renacerá allí después de 
haber errado largo tiempo por el mar.
Fundarás un imperio poderoso,
destinado a dominar el mundo.
Allí encontrarás la muerte de un héroe.

(Héctor se aleja solemnemente y su sombra 
poco a poco desaparece, Eneas le mira 
despavorido.)  

Nº 13 - Recitativo y Coro 

(Entra Panteo con mirada perdida llevando 
los dioses de Troya.) 

ENEAS
¿Queda alguna esperanza, Panteo?
¿Combatir?... ¿Salvarse?

PANTEO
¡La ciudad arde por los cuatro costados!
¡Ha llegado nuestro último día!
¡Príamo ha muerto! 
Lo griegos, saliendo del vientre del caballo,
han eliminado a la guardia de la puerta.
Innumerables hordas, llegadas del exterior, 
se esparcen por doquier propagando el incendio
que alumbra la infame perfidia de sus jefes.
Otros, han ocupado las murallas.

(Entra Ascanio.) 

ASCANIO
¡Oh, padre! ¡El palacio de Ucalegón se desploma!
¡Su techo se derrite y cae como lluvia ardiente!

ENEAS
(Interrumpiéndolo)
¡Sígueme, Ascanio!

(Entra Corebo, al frente de una tropa armada.) 

COREBO
¡A las armas, gran Eneas!... ¡Ven! 
La ciudadela, aunque cercada,
aún se mantiene.

ENEAS
A cualquier precio 
hay que llegar hasta ella.
¡La defenderemos hasta la muerte!
No perdamos ni un minuto en socorrerla.

(Grandes ruidos y gritos lejanos.) 

CORO
No perdamos ni un minuto en socorrerla.
¡Escuchad!... ¿Las torres se abaten?... 
¡Las llamas todo lo devoran!
¿No oís las risas de los griegos? 
El número de enemigos aumenta sin cesar.
¡Vamos, la desesperación dirigirá nuestros golpes!

TODOS
¡Estamos dispuestos a morir!
No perdamos ni un minuto en socorrerla.

(Eneas toma de la mano a Ascanio y se sitúan 
en medio de un grupo armado.) 

¡Marte! ¡Erinas! ¡Guiadnos al combate!

(Todos salen.) 

Escena Segunda 

Nº 14 - Coro - Plegaria 

(Interior del palacio de Príamo. Al fondo,
una galería porticada que da sobre la plaza. 
Entre las columnas se  aprecia a lo lejos el 
monte Ida. El altar de Vesta - Cibeles ardiendo. 
Polyxeno y mujeres agrupados junto al altar. 
Unas arrodilladas, otras sentadas en el suelo 
y otras tumbadas sobre los escalones del altar. 
Todas con actitud de la más profunda 
Desesperación) 

CORO DE TROYANAS
¡Ah!
Poderosa Cibeles,
diosa inmortal,
madre de los desventurados.
¡Protege al pueblo de Troya!
Escucha sus oraciones
en estos terribles momentos.
Salva del ultraje
y de la esclavitud
a las madres y a las hermanas.
Destruye las armas impías
que sostiene las pérfidas manos
de los vencedores.
Poderosa Cibeles, etc.

Nº 15 - Recitativo y Coro 

(Entra Casandra, los cabellos desgreñados.) 

CASANDRA
No todo se ha perdido. Eneas y sus hombres
por tres veces contraatacaron,
liberando a los valientes ciudadanos
encerrados en la ciudadela.
El tesoro de Príamo está en manos troyanas.
Pronto en Italia, donde el destino los conduce,
verán renacer, aún más poderosa y bella,
una nueva Troya. ¡Ya marchan hacia el Ida!

CORO
¿Y Corebo?

CASANDRA
Ha muerto.

CORO
¡Dioses crueles!

CASANDRA
Por última vez me inclino
ante el altar de Vesta.
¡Seguiré a mi joven esposo!
Sí, mi inútil vida ha llegado a su fin.

CORO
¡Oh, digna hermana de Héctor!
¡Vidente a la que Troya acusó de demencia!
Nadie te creyó ayer 
cuando predijiste toda esta inmensa ruina.

CASANDRA
Pronto ya no quedará nada.

CORO
¡Oh, desesperación! ¡Oh, añoranzas inútiles!

CASANDRA
Pero vosotras, palomas asustadas,
¿podréis consentir la horrible esclavitud? 
¿Queréis sufrir, vírgenes, 
la brutal deshonra 
de la ley de los vencedores?

CORO
¿Deberemos desechar toda esperanza?

CASANDRA
¡La esperanza!... 
¡Oh, desventuradas!
¿Acaso no oís, entre las tenebrosas luces,
los alaridos de los crueles mirmidones
que os buscan por las calles y palacios?

CORO
¡Nada nos salvará de sus brazos!

CASANDRA
¿Nada, decís?... Si el honor os anima...
(Señalando la galería que se abre sobre la plaza.) 
¿Acaso no veis 
que ese abismo os está aguardando?

(Señala con su puñal la cintura de las mujeres) 

¿Y este acero? ¿Y esos cordones de seda?
¡Son para vosotras , mujeres de Troya!

(Un pequeño grupo se calla manifestando gran horror)

UNA PARTE DEL CORO
¡Heroína de amor y de honor, dices la verdad! 
¡Te seguiremos!

CASANDRA
¡El nuevo día no nos encontrará 
profanadas por los griegos!

UNA PARTE DEL CORO
¡Te lo juramos, Casandra!

CASANDRA
¿Acaso deseáis ser arrastradas como botín?

UNA PARTE DEL CORO
¡Jamás! ¡Jamás! ¡Contigo moriremos!

Nº 16 - Final 

(Las mujeres hablan entre ellas. Algunas toman 
liras y comienzan a cantar.) 

UNA PARTE DEL CORO
Compartiremos la suerte 
de nuestros gloriosos compañeros.
¡Nuestra muerte 
empañará la victoria griega!
Puras y libres hemos vivido,
y en esta noche fatal,
¡puras y libres descenderemos
a la orilla infernal!

CASANDRA
(Hablando al grupo de las indecisas)
Tembláis y guardáis silencio...
¿Vaciláis?

LA OTRA PARTE DEL CORO
¡Ah! ¡Me siento estremecer!

CASANDRA
¡Y quién no! 
¿Acaso preferís tener una vida indigna?

LA OTRA PARTE DEL CORO
¡Ay de mí!... ¡Morir tan joven!

CASANDRA
(furiosa)
¡Iros a la cama de vuestros nuevos amos!...
¡Esclavas!

LA OTRA PARTE DEL CORO
¡Piedad!...

CASANDRA, CORO
¡Caiga la vergüenza sobre vosotras!
¡Marcharos junto a esos sanguinarios;
echaos a sus pies, abrazadles las rodillas!

(Con una violenta expresión de desprecio.) 

¡Caiga la vergüenza sobre vosotras! 
¡Id a vivir! ¡Tesalianas! ¡No sois troyanas!

(El grupo de las dubitativas retrocede en silencio 
ante el empuje de las otras mujeres hasta que 
salen todas de escena. Inmediatamente el grupo 
de las decididas regresa a escena, muy exaltadas) 

CORO
¡Casandra, moriremos contigo!
No seremos profanadas por un griego.
No formaremos parte del botín del vencedor.
¡No, no, jamás, lo juramos!

(Retoman sus liras.)

Cómplices de su gloria, etc.
¡Ábrenos, negro Plutón,
las puertas del Tártaro!
¡Haz sonar, Caronte,
tu fúnebre fanfarria!

CASANDRA
(Muy exaltada)
¡Corebo! ¡Héctor! ¡Príamo! 
¡Amante! ¡Hermano! ¡Rey y padre! 
¡Marcharé a vuestro encuentro! 
¡Escuchad nuestro juramento dioses infernales!

(Toma la lira de una troyana.) 

Morimos plenas de gloria,
y que nuestra muerte
lleve la maldición a los griegos, etc.

(Un jefe griego entra mientras acaba la escena 
anterior. Avanza con la espada en alto y se 
detiene asombrado ante las troyanas.) 

UN JEFE GRIEGO
(Mientras termina el coro.)
¡Qué veo... y con la lira en la mano!
Muy a mi pesar admiro su noble gesto.
¡Casandra!... Bella hasta cantándole a la muerte.
¡Bacante de ojos azules llena de armonía!

(Entra un grupo de soldados griegos.) 

SOLDADOS
¡El oro! ¡El oro! ¡Dónde habéis escondido el oro!

(Alzan sus espadas sobre las mujeres.) 

CASANDRA
Despreciamos vuestra cobarde amenaza,
¡monstruos ebrios de sangre, inmundos y rapaces!
¿Nunca apagaréis, canallas, vuestra sed de oro?

(Se apuñala y tiende el puñal a Polixena.) 

¡Toma! ¡El dolor no es nada!

(Polixena se apuñala a su vez. Casandra apenas 
se sostiene durante el resto de escena.) 

OTRO GRUPO DE GRIEGOS
(Entrando)
¡Dioses adversos! ¡Oh, rabia!
Cubiertos de sangre, en mitad de la matanza, 
Eneas y sus troyanos escapan a nuestros golpes.
¡Huyen con el tesoro!...

CASANDRA, MUJERES
(Algunas desnudan su cintura y se hieren 
con sus puñales.)
A pesar vuestro,
¡ya están todos en el monte Ida!
¡Y nosotras desafiamos vuestra furia!

(Todas agitan sus velos y sus tocas hacia 
el lado del monte Ida.) 

¡Salva a nuestros hijos, Eneas! 
¡Italia! ¡Italia!

(Algunas se lanzan al vacío por la balconada; 
otras se ahorcan y otras se apuñalan. Gritos de 
horror de los griegos. Durante esta última escena, 
Casandra, tras haberse herido, y viendo a las 
troyanas lanzarse al vacío, se acerca tambaleante 
al fondo de la escena, pero las fuerzas le fallan 
antes de llegar a la balconada. Se apoya en las 
rodillas, después se alza con un supremo esfuerzo 
y alzando los brazos hacia el Ida, grita: ¡Italia! y 
cae muerta.) 



SEGUNDA PARTE: 
LOS TROYANOS EN CARTAGO. 



ACTO TERCERO 


(Gran patio en el palacio de Dido en 
Cartago. A un lado se eleva un túmulo de 
trofeos: agrícolas, comerciales y artísticos; 
al otro lado y al fondo, un anfiteatro en el 
que una multitud está sentada, a la altura del 
telón.) 

Nº 17 - Coro 

CORO
(Una parte del pueblo)
¡El cielo bendice las fiestas de Cartago!
¿Visteis alguna vez un día parecido
tras una tan terrible tempestad?
¡Qué dulce brisa! 
Los rayos de nuestro sol 
calman las inquietudes.
Ante tanta luz la gran llanura reverbera de alegría.
El sol avanza iluminando con rojiza sonrisa
El despertar de la naturaleza.

Nº 18 - Canto Nacional 

(Entra Dido con su corte. A su entrada, 
el pueblo se pone en pie agitando velos de 
variados colores, palmas y flores. Dido se 
sienta en su trono entre su hermana a la 
derecha, y Narbal, a la izquierda; algunos 
soldados la rodean.) 

CORO GENERAL
¡Gloria a Dido, nuestra querida reina!
Reina por su belleza, justicia y sabiduría;
¡Reina por el favor de los dioses!
¡Reina por el amor de sus felices súbditos!

(El pueblo agita palmas y arroja flores.) 

Nº 19 - Recitativo y Aria

DIDO
(De pie, en lo alto de su trono.)
Apenas han pasado siete años desde que, 
para eludir la persecución del tirano 
que asesinó a mi augusto esposo,
me vi obligada a huir junto con vosotros,
desde Tiro hasta estas orillas africanas.
¡Y ya la flota de Cartago es grande y poderosa!
¡Cartago crece y prospera!
Desde las lejanas fronteras donde nace la aurora
traéis los productos del mar, el trigo, el vino,
la lana, el hierro y los más bellos artículos
que vuestros talleres producen.
Queridos tirios, ¡tantos y tan nobles trabajos
embriagan mi corazón de legítimo orgullo!
Pero no desmayéis, ¡escuchad la sublime voz
del dios que os llama a nuevos esfuerzos!
Dad ejemplo a todas las naciones de la tierra.
Pueblo de héroes:
¡Sed laboriosos en la paz y fuertes en la guerra!

EL PUEBLO
Laboriosos en la paz, etc.

DIDO
El feroz Iarbas quiere imponerme la cadena 
de un odioso matrimonio.
Su insolencia es vana.

EL PUEBLO
Su insolencia es vana.

DIDO
Mi honor está en vuestras manos 
y en la de los dioses.

EL PUEBLO
¡Gloria a Dido, nuestra querida reina!
¡Cualquiera de nosotros daríamos la vida por ella!
Todos la defenderemos.
¡Desafiaremos la insolencia de Iarbas,
y devolveremos al fondo del desierto
a ese númida salvaje!

DIDO, PUEBLO
¡Queridos tirios! ¡Tantos y tan nobles trabajos...

DIDO
Este bello día,
que quedará por siempre en el recuerdo,
ha sido consagrado por mí
como la jornada de la paz.
Aproximaos, albañiles,
marineros y labradores.
Recibid de mi mano la justa recompensa
por vuestro trabajo, 
que da poder y vida a la patria.

Nº 20 - Entrada de los Albañiles.

 (Los albañiles avanzan hacia el trono. Dido 
entrega a su jefe una escuadra de plata y un 
hacha. El cortejo regresa al fondo de la escena.) 

Nº 21 - Entrada de los Marineros 

(Los marineros avanzan hasta el trono. Dido 
entrega a su jefe un timón y un remo. El 
cortejo regresa al fondo de la escena.) 

Nº 22 - Entrada de los Labradores 

(El cortejo de los labradores, más numeroso que 
los dos precedentes, avanza lentamente hasta el 
trono; un anciano lo conduce.) 

Nº 23 - Recitativo Y Coro 

(Dido entrega al anciano jefe de los labradores 
una hoz de oro, después, teniendo en la mano 
una corona de flores y de espigas, exclama:) 

DIDO
¡Pueblo! Todos los honores 
para la más grande de los trabajos:
¡El de nutrir a los hombres!

EL PUEBLO
¡Vivan los labradores! 
¡Estamos agradecidos a los que nos dan el pan!

DIDO
(A parte)
¡Oh, Ceres! ¡El porvenir de Cartago es seguro!

CORO GENERAL
¡Gloria a Dido, nuestra querida reina!
¡Cualquiera de nosotros daríamos la vida por ella!
¡Demostrémosle nuestro amor!
Colonos y marineros: ¡un pueblo de héroes!
¡Gloria a Dido, nuestra querida reina!
Reina por su belleza, etc…

(El pueblo, conducido por Narbal, desfila 
ante el trono de Dido y sale.) 

Nº 24 - Recitativo y Dúo 

DIDO
Los alegres cantos de esta noble fiesta,
devuelven la paz a mi agitado corazón.
Descanso, hermana mía, sí, mi alegría es perfecta,
tengo calma y serenidad.

ANA
Reina de un pujante imperio
cada día mas floreciente;
adorada reina a la que todos admiran,
¿qué temor os turba, ni siquiera por un momento? 

DIDO
Una extraña melancolía, sin causa aparente, 
bien lo sabes, viene a veces a turbarme.
No puedo vencer esa debilidad,
siento anidar en mi seno un vago desazón,
y a mi mirada acuden fácilmente lágrimas...

ANA
(Sonriendo.)
Estaréis enamorada, hermana mía...

DIDO
No, ese sentimiento
está totalmente prohibido a mi corazón.

ANA
Estaréis enamorada, hermana mía...

DIDO
No, la viuda fiel debe 
apagar su deseo y aborrecer el amor.

ANA
Dido, sois una reina demasiado joven y bella,
como para no obedecer la dulce ley.
Cartago quiere un rey.

DIDO
(Mostrando el anillo de Siqueo en su dedo.)
Aunque mi pueblo y los dioses me maldigan,
¡nunca abandonaré este anillo consagrado!

ANA
Ese juramento hace sonreír a la bella Venus. 
Los dioses se niegan a inscribirlo
en su libro sagrado.

DIDO
Tu voz hace nacer en mi pecho
una peligrosa embriaguez.
En vano lucho contra
una difusa esperanza.

ANA
Mi voz hace nacer en su pecho
sueños de ternura.
En vano lucha contra
una difusa esperanza.

DIDO
¡Siqueo!... ¡Oh, esposo mío!
Perdona este momento de debilidad,
y que tu recuerdo arroje lejos de mi corazón
la turbación que me confunde.

ANA
Dido, mi tierna hermana, 
perdona si te disipo tu error;
perdona si mi voz hace nacer en tu corazón
la turbación que te confunde.

Nº 25 - Recitativo y Aria 

IOPAS
Reina, el furioso mar a conducido hasta aquí
a unos náufragos desconocidos.
Imploran el favor de ser admitidos por vos.

DIDO
La puerta de mi palacio jamás está cerrada
a tales desgracias.

(Ante un gesto de la reina, Iopas sale.) 

A capricho del mar, 
¿no vagué yo también errante, 
de playa en playa, a causa de la tormenta?
¡Juguete de olas furiosas!
¡Ay de mí! ¡Bien sé yo cómo hieren 
los golpes adversos de la fortuna!
Me es fácil compadecer la desgracia ajena.
Quien conoce el sufrimiento, no puede ver sufrir.

Nº 26 - Marcha Troyana

(En modo lento) 

DIDO
(Aparte.)
Experimento una súbita impaciencia por verlos
y a la vez temo su presencia.

(Se sienta en el trono. Entran Eneas, disfrazado 
de marinero, Panteo, Ascanio y demás troyanos 
llevando regalos.) 

Nº 27 - Recitativo 

ASCANIO
(Inclinándose ante la reina.)
Augusta reina, un pueblo errante y desgraciado
os solicita asilo durante unos días.
Pongo a vuestros pies estos ricos regalos,
símbolo de su grandeza, que, 
en nombre de Júpiter, mi indigna mano os ofrece.

DIDO
¿De qué país procedéis, bello joven?

ASCANIO
¡Oh, reina! Nuestro camino ha sido sangriento.
Venimos de los montes de Frigia, junto al mar.
Éste es el cetro de Ilión, hijo del rey Príamo;

(Ofrece, uno a uno, los regalos.) 

ésta la corona de Hécuba,
y este velo dorado perteneció a Helena...
Como podéis ver, somos troyanos.

DIDO
¡Troyanos!

ASCANIO
Nuestro jefe es Eneas,
y yo soy su hijo.

DIDO
¡Extraño destino!

PANTEO
(Adelantándose.)
Obedeciendo al rey de los dioses,
ese héroe se dirige hacia Italia,
donde le aguarda un glorioso destino:
¡el honor de fundar una nueva patria!

DIDO
¿Quién no ha oído hablar del amigo de Héctor?
¿Quién no conoce su nombre?
Cartago es acogedora.
Dile que mi puerto está abierto a sus naves.
Que venga, y que olvide junto a nosotros,
sus terribles penalidades.

Nº 28 - Final 

NARBAL
(Entrando agitadamente.)
¡Soy portador de una terrible noticia!

DIDO
¿Qué sucede?

NARBAL
El númida rebelde,
el feroz Iarbas,
con un inmenso ejército
avanza sobre Cartago.

CARTAGINESES
(Desde lejos.)
¡Armas!... ¡Armas!

NARBAL
Los salvajes
degüellan nuestros rebaños
y asolan nuestros campos.
Pero la ciudad debe de enfrentarse
a otro mal aún peor...
Nuestros jóvenes guerreros 
son valientes pero, 
¡no tienen armas suficientes!

DIDO
¿Qué dices, Narbal?

NARBAL
¡No podremos hacerles frente!

CARTAGINESES
¡Armas!... ¡Armas!

ENEAS
(Se acerca y deja caer su disfraz de marinero. 
Lleva un traje reluciente y coraza, pero sin 
casco ni escudo.)
¡Reina, yo soy Eneas!
Mi flota, tras un sinnúmero de arduos trabajos,
ha llegado hasta aquí arrastrada por los vientos.
¡Permitid que combatamos junto a vosotros!

DIDO
¡Acepto con orgullo tal alianza!
¡Eneas luchando en mi defensa!
Los dioses se han apiadado de nosotros.

(Aparte, a Ana) 

¡Oh, hermana, qué gentil es el hijo de la diosa!
¡Su rostro tiene gracia y nobleza!

ENEAS
Sobre la horda inmunda de africanos
marchemos troyanos y tirios.
¡Vayamos juntos a la victoria!
Como la arena llevada por los vientos,
caeremos sobre esos pérfidos númidas. 
¡Que tiemblen!

ENEAS, PANTEO, NARBAL, IOPAS
ASCANIO, DIDO, ANA, TROYANOS
¡Es el dios Marte quien nos reúne!
¡Es el hijo de Venus quien nos guía al combate!
¡Exterminemos al negro ejército!
¡Y que mañana la fama proclame
la muerte de Iarbas!

(Traen las armas de Eneas, que se pone 
rápidamente el casco, toma su gran escudo
y las jabalinas.) 

ENEAS
(A Panteo.)
Anuncia a nuestros troyanos la nueva empresa 
a la que les llama a la gloria.

(Panteo sale.) 

Reina, muy pronto del odioso bárbaro caerá.
A vuestro generoso pecho
encomiendo a mi hijo.

DIDO
De mi amor de madre para con él,
no dudéis.

ENEAS
(A Ascanio)
¡Abraza a tu padre!

(Lo abraza cubriéndolo enteramente con 
sus armas. Ascanio llora sin responder.) 

Otros te enseñarán, hijo, el arte de ser dichoso.
Yo sólo te enseñaré la virtud guerrera
y el respeto a los dioses.
Medita en tu corazón y guarda en tu memoria
los ejemplos de Eneas y Héctor.

(El pueblo acude desde todos los lados de la 
ciudad pidiendo armas. Solamente algunos 
hombres están armados, otros llevan hoces, 
hachas, hondas. Panteo regresa a escena. 
Ascanio seca sus lágrimas y se coloca junto 
a los jefes troyanos.) 

TODOS
¡Armas! ¡Armas!
Sobre la inmunda horda de africanos,
marcharemos troyanos y tirios unidos, etc.
 

Acto IV