PLATÉE

 

 

 

Personajes

 

TESPIS

MOMO

TALÍA

AMOR

CITERÓN

MERCURIO

                  
PLATÉE

CLARINE

JÚPITER

LA LOCURA

JUNO

           Inventor de la Tragedia 

                Dios de la Sátira

             Musa de la Comedia

                Dios del Amor

             Rey de la Montaña

         Mensajero de los Dioses

                  Una Ninfa

             Doncella de Platée

              Rey de los Dioses

                  La Locura

             Esposa de Júpiter

    Contratenor

         Barítono

         Soprano

         Soprano

               Bajo

             Tenor

             Tenor

         Soprano

         Barítono

         Soprano

Mezzosoprano

 

 

 

La acción se desarrolla en la Grecia mitológica.

 

 

PROLOGUE


La Naissance de la Comédie

(Le Théâtre représente une vigne de Grèce: on voit
plusieurs allées de grands arbres qui soutiennent
des treilles: Entre les troncs de ces arbres et au
pied des coteaux qui sont sur les côtés et dans le
fond, des chariots pleins de raisins, de grandes cuves
et des pressoirs d'où coule le vin dans des baignoires
antiques. Thespis, inventeur de la Comédie, paraît
sur le devant du théâtre, endormi sur un lit de gazon:
plusieurs vendangeurs sont occupés dans le fond, à
porter la vendange dans les cuves)

Scène Première

(Thespis, endormi, Choeurs et Troupes de Satyres, de
Ménades, de Paysans vendangeurs, de leurs Femmes
et de leurs Enfants qui entrent en dansant)

UN SATYRE
Le ciel répand ici sa plus douce influence,
Bacchus a comblé nos désirs.
Coulez, jus précieux, coulez en abondance,
Vous êtes l'âme des plaisirs.

CHOEUR
Coulez, jus précieux, coulez en abondance,
Vous êtes l'âme des plaisirs.

(On danse)

LE SATYRE
En vain l'affreux hiver s'avance,
L'Amour, par vos présents,
augmentant sa puissance,
Rend à nos coeurs
la saison des Zéphyrs,
Vous ranimez nos feux
et nos tendres désirs.

CHOEURS
Coulez, etc.

(On danse.)

LE SATYRE,
(apercevant Thespis endormi.)
Que vois-je? Est-ce Thespis?
Oui, c'est lui qui sommeille,
Ce doux jus sur ses yeux
fait l'effet des pavots:
Doit-il en ce grand jour se livrer au repos,
Lui qui chante si bien le grand dieu de la treille?

(Il s'approche de Thespis pour le réveiller.)

Ranimez vos sens assoupis,
Réveillez-vous, Chantez, agréable Thespis.

LE CHOEUR
Ranimez, etc

THESPIS
(en s'éveillant.)
Rendons grâce à Bacchus
du sommeil qu'il nous donne,
Qu'il est tranquille! qu'il est doux!

(Il se rendort.)

LE SATYRE, CHOEUR
(autour de Thespis.)
Thespis, chantez, réveillez-vous.

THESPIS
(fâché.)
Chantons, vous m'y forcez;
mais songez qu'en Automne,
Dans mes chansons, je n'épargne personne.

DEUX VENDANGEUSES
Joyeux Thespis, point de courroux.

THESPIS
Je sens qu'un doux transport
me saisit et m'inspire.
Charmant Bacchus, dieu de la liberté,
Père de la sincérité,
Au dépens des Mortels, tu nous permets de rire.
Mon coeur plein de la vérité,
Va se soulager à la dire:
Dussé-je être mal écouté.
Charmant Bacchus, etc.

(Il s'adresse aux Ménades.)

Ménades et jeunes et belles,
A vos amants êtes-vous bien fidèles?
On ne le crois pas parmi nous.

CHOEUR DE MENADES
Thespis, rendormez-vous.

THESPIS
(Il s'adresse aux Satyres.)
Dignes amants de ces jeunes coquettes,
Invincibles buveurs, tous trompés que voue êtes,
Vous n'aimez pas assez
pour en être jaloux.

CHOEUR DE SATYRES
Thespis, rendormez-vous.

THESPIS
(Il s'adresse à tous.)
Au milieu d'une orgie
où règne la licence,
Ménades, vos secrets sont mal en assurance,
On me les a dit presque tous.

SATYRES, MENADES
Thespis, rendormez-vous.

Scène Seconde

(Thalie, Momus, et les acteurs de la scène précédente)

THALIE
(à Thespis.)
Non, poursuivez, Thespis, livrez-vous à Thalie;
Pour exercer votre aimable folie,
Je remets mon masque entre vos mains.

(Elle donne à Thespis le masque qu'elle tient.)

A vos chants, à vos jeux,
rien ne peut faire obstacle.
Je viens avec Momus en former un spectacle,
Pour corriger les défauts des humains.

MOMUS
Aux seuls humains
bornez-vous la satire?
Vous pouvez jusqu'aux dieux, étendre son empire;
Je vous prêterai mon appui.
La raison dans l'Olympe est souvent hors d'usage.
Hé, qui pourrait résister à l'ennui
D'être immortel et toujours sage?

MOMUS, THALIE, THESPIS
Cherchons à railler en tous lieux,
Soumettons à nos ris et le ciel et la terre:
Livrons au ridicule une éternelle guerre,
N'épargnons ni mortels ni dieux.

MOMUS
Dans ces lieux, Jupiter lui-même
Descendu de sa gravité,
Par un risible stratagème
Guérit jadis d'une épouse qu'il aime,
La jalousie et la fierté.
Je veux avec Thespis en retracer l'histoire,
La Grèce en garde encore la célèbre mémoire.

Scène Troisième

(L'amour et les acteurs de la Scène précédente)

L'AMOUR
Qu'ose-t-on sans l'Amour
entreprendre ici-bas?
Quittez un projet téméraire.
Quels sont les jeux qui pourraient plaire
Que l'Amour n'animerait pas?

THALIE
Venez, Amour, guidez nos pas,
Soyez toujours notre dieu tutélaire.

L'AMOUR
Confondons nos jeux et nos ris.
Voulez-vous critiquer les feux que je fis naître?
Lorsque vous les aurez bien ou mal travestis,
Je me réserve après, d'en ordonner en maître:
Vous verrez qu'à la fin, chacun aura son prix
Quand l'Amour se fera connaître.

THESPIS
Momus, Amour, Dieu des raisins?
Divinités charmantes,
Par des leçons réjouissantes
Nous corrigerons les humains.

(Il s'adresse à tous les différents Choeurs et Troupes.)

Et vous, heureux témoins d'une union si belle,
Montrez, pour la servir ce que peut votre zèle.

CHOEUR
Formons un spectacle nouveau.
Les filles de mémoire
Publieront à jamais la gloire
Des auteurs d'un projet si beau.
Formons un spectacle nouveau.
Bacchus, c'est ta victoire,
Livrons-nous au plaisir de boire,
L'hypocrêne est sur ce côteau.
Formons un spectacle nouveau.
Les filles de mémoire
Publieront à jamais la gloire
Des auteurs d'un projet si beau.
Formons un spectacle nouveau.

(On danse.)

THESPIS
(alternativement avec le choeur.)
Chantons Bacchus,
Chantons Momus,
Chantons l'Amour et ses flammes,
Que tour à tour
Dans ce séjour,
Ces dieux remplissent nos âmes.

THESPIS
(Seul)
Sans le vin,
Sans son ivresse,
La tendresse n'est que chagrin.

(Alternativement avec le choeur).

Chantons Bacchus, etc.

THESPIS
(Seul)
C'est à Bacchus qu'on a recours,
Momus lui dût toujours
Son plus charmant délire.

(Alternativement avec le Choeur.)

Chantons Bacchus, etc.

(On danse à toutes les Reprises et à la fin de
ce Choeur, tous se retirent en dansant.)



ACTE PREMIER


Balletde Platée

(Le théâtre qui reste le même pendant tout le Ballet,
représente un lieu champêtre; sur les côtés, sont
différents petits Bâtiments rustiques entremêlés
d'arbres fort touffus; on voit dans le fond, le Mont
Cithéron, sur le sommet duquel est un temple de
Bacchus; au bas, est un grand Marais plein de
roseaux, entouré de vieux saules. Le ciel paraît
chargé de nuages; et de temps en temps l'on entend
des coups de vent)

Scène Première

CITHERON
Dieux, qui tenez l'Univers, dans vos mains,
Voyez les éléments nous déclarer la guerre:
S'il est de coupables humains,
Punissez-les par le tonnerre,
Et rendez à la terre
Le calme et la douceur de ses premiers destins.
Mais je vois Mercure descendre!
Mais cris se sont-ils fait entendre?

(Mercure descend du ciel.)

Scène Seconde

(Cithéron, Mercure
)

CITHERON
Mercure, expliquez-nous par quels malheurs
nouveaux le ciel nous fait sentir
sa vengeance ou sa haine?
Des Aquilons fougueux la dévorante haleine
Menace à chaque instant nos champs
et nos côteaux.

MERCURE
D'une cruelle jalousie
La Déesse des airs suit l'aveugle transport;
Pour calmer la fureur dont son âme est saisie,
On fait d'inutiles efforts;
Jupiter s'en impatiente,
Et je lui cherche un doux amusement.

CITHERON
Par quelque feinte ardeur,
quelque ruse innocente,
Ne peut-on guérir son Epouse aisément?
Si Junon paraît implacable,
Que d'un nouvel hymen
il feigne les apprêts,
Bientôt il cessera de paraître coupable:
Et bientôt leur amour reprendra ses attraits.

MERCURE
Ce projet est riant. Mercure vous proteste
D'en amuser la cour céleste;
J'en attends un succès heureux.

CITHERON
Il pourrait devenir funeste.
Il est quelquefois dangereux
De feindre une amoureuse flamme:
C'est un badinage où notre âme
S'expose à ressentir de véritable feux.
C'est du choix de l'objet.

MERCURE
Proposez.

CITHERON
Je le veux.
Dans un Marais profond, monument du déluge,
Qui vit jadis Deucalion,
Une Nymphe a fait son refuge
au pied de ce sombre vallon.

(Il montre le Marais.)

Cette Naïade ridicule,
Et que de tous les temps a proscrite l'Amour,
Sur ses comiques traits aveuglément crédule,
Espère chaque jour
Que mille amants viendront l'adorer tour à tour.
Que Jupiter, feignant de ce rendre
à ses charmes,
Vienne lui proposer
un tendre engagement
Informez-en Junon,
excitez ses alarmes,
Nous l'attendrons à l'éclaircissement.

(Platée paraît dans le fond du théâtre.)

Voulez-vous voir l'objet de cette amour nouvelle.

MERCURE
Je monte aux Cieux où Jupiter m'appelle.

(Il jette un coup d'oeil sur Platée.)

C'est à lui de juger
d'un objet si charmant.

(Il remonte au ciel, Citheron se retire.)

Scène Troisième

(Platée, Clarine, Fontaine sa suivante,
Citheron, a l’écart)

PLATEE
Que ce séjour est agréable!
Qu'il est aimable!
Ah, qu'il est favorable,
Pour qui veut perdre sa liberté!
Dis-moi, mon coeur, t'es-tu bien consulté.
Ah, mon coeur, tu t'agites!
Ah, mon coeur, tu me quittes!
Est-ce pour Cithéron?
T'as-t-il bien mérité?
Que ce séjour, etc.

CLARINE
Sur quoi fondez-vous l'espérance
Que Cithéron se soumette à vos lois?

PLATEE
Sur ce que je le vois,
De plus loin quelque fois,
Comme un amant timide, éviter ma présence.

CLARINE
Quoi! Devenir sensible...

PLATEE
Hélas! Oui, je le crois.

CLARINE
Pour un simple mortel!

PLATEE
Il faut bien faire un choix:
Où porter ma tendresse?
Jamais l'amour ne blesse
Nos Dieux dont les coeurs sont si froids.

(Elle aperçoit Citheron.)

L'Amour, l'Amour avec moi s'intéresse.
Mon amant vient, je l'aperçois.
Habitants fortunés,
voisins de ces bocages,
Quittez vos sombres marécages,
Hâtez-vous, venez promptement
Vous rassembler sous l'herbe tendre;
Si l'on ne vous voit pas,
qu'on puisse vous entendre
Célébrer cet heureux moment.
Que vos voix m'applaudissent,
Que les airs retentissent;
Chantez et criez tous,
Que vos accents s'unissent
A ces charmants oiseaux,
dont les chants sont si doux?

(On entend le croassement des grenouilles et le chant
des Coucous, qui continuent pendant tout le Choeur
suivant.)

CHOEUR
(qu'on ne voit pas.)
Que nos voix applaudissent,
Que les airs retentissent;
Chantons et crions tous,
Que nos accents s'unissent;
A ces charmants oiseaux,
dont les chants sont si doux.

Scène Quatrième

(Platée, Clarine, Citheron qui s'est approché)

PLATEE
(à Cithéron.)
Quelque douce inquiétude
Vous conduit en ces lieux?

CITHERON
Non. Je cherche la solitude.

PLATEE
On y peut trouver mieux.
Il s'y rencontre des Dryades
Qui viennent volontiers dans ces lieux écartés,
Et jusqu'aux humides Naïades,
Tout doit sentir ce que vous méritez.

CITHERON
Oserais-je aspirer à des Divinités?
C'est au respect à m'en défendre.

PLATEE
On aimerait autant un sentiment plus tendre:
Les discours obligeants sont toujours écoutés.
Pour un amant qui sait plaire,
Il n'est point de rang trop haut:
Dût-il avoir le défaut
D'en devenir téméraire.

CITHERON
L'amour audacieux...

PLATEE
Le vôtre est circonspect.

CITHERON
Il est vrai, je le vois, tout le monde vous adore,
Et mon profond respect...

PLATEE
Quoi! Le respect encore :
Qu'il est langoureux ce respect,
Hélas, qu'il est suspect.

(Suivant de près Cithéron.)

Je m'attendris!
Cruel, tu ris!
Je vois à tes mines
Que tu me devines,
Ah! Ah! Charmant vainqueur,
N'aimes-tu point?
Non, non, tu dédaignes mon coeur.
Serais-tu timide?

(Irritée des refus obstinés de Citheron.)

Non. Tu n'es qu'un perfide,
Un perfide envers moi.

(Le poursuivant avec fureur.)

Dis donc, dis donc pourquoi?
Quoi? Quoi?
Dis donc pourquoi?

CHOEUR
(qu'on ne voit pas.)
Quoi? Quoi?

(Elle se met à pleurer. Mercure descend du
ciel en traversant le théâtre.)

CITHERON
Naïade, apaisez-vous à l'aspect de Mercure:
Il descend des cieux, je le vois.

PLATEE
Mercure! Ah! Se peut-il.

CITHERON
Sans doute, et j'en augure
Que quelque Dieu rempli d'amour...

PLATEE
Quoi? Quoi?

LE CHOEUR
(caché.)
Quoi? Quoi?

Scène Cinquième

(Platee, Clarine, Citheron, Mercure)

MERCURE
(à Platee, après beaucoup de profondes révérences.)
Déesse qui régnez dans ces Marais superbes,
Sur des Sujets dans nombre
errant parmi les herbes,
Ne trouverez-vous pont indigne de vos fers,
Le Dieu qui lance le tonnerre?
Ce Dieu par vos beautés attiré sur la terre,
Veut soumettre à vos pieds son coeur et l'univers.

PLATEE
Le croirai-je, beau Mercure,
Que d'une âme bien pure
On brûle pour mes appas?
Puis-je en être assez sure
Pour soupirer tout bas?

MERCURE, CITHERON
Platée a mérité cette gloire éclatante.

CITHERON
(à Platée.)
Vous ne blâmerez plus une âme indifférente
Pour un bonheur qui n'eût pu s'achever.
Tout annonçait en vous la fortune brillante
Où l'amour d'un grand Dieu
devait vous élever.

MERCURE, CITHERON
Tout annonçait en vous la fortune brillante
Où l'amour d'un grand Dieu devait vous élever.
Platée a mérité cette gloire éclatante.

PLATEE
(a Mercure.)
Mais ce Dieu plein d'ardeur,
Pour attaquer mon coeur,
Se fait longtemps attendre?

MERCURE
Il va se rendre,
Et bientôt, près de vous.

(Quelques éclairs annoncent l'orage.)

PLATEE
Le ciel qui s'obscurcit m'en donne le présage:
La Déesse des airs y signale sa rage,
Mais rien n'arrête son Epoux.
Je crains peu son courroux,
Dans mon humide Empire on crie après l'orage.
Annonçons ce beau jour,
Aux Nymphes de ma Cour.
Quittez, Nymphes,
quittez vos demeures profondes;
Un torrent de célestes ondes
Est prêt d'inonder ces climats.
Et vous, Junon, pleurez, arrosez mes Etats.
Quittez, Nymphes,
quittez vos demeures profondes;
Un torrent de célestes ondes
Est prêt d'inonder ces climats.

(Toutes les Nymphes de la Cour de Platée sortent du
fond du marais, s'élèvent au-dessus des roseaux et
s'avancent sur la Scène.)

Scène Sixième

(Platée, Mercure, Citheron, Clarine, choeur
et troupe de Nymphes de la suite de Platée)

CHOEUR DE NYMPHES
Epais nuages, rassemblez-vous;
Tombez sur nous;
Enflez nos rivages:
Jusqu'à vos ravages,
Tout nous sera doux.

(Les Nymphes forment différentes danses
dans leur caractère.)

CLARINE (UNE NAIADE)
Soleil, tu luis en vain: les humides Naïades
Te refusent des voeux:
Et si nous en faisons,
c'est pour que les Hyades
Eteignent à jamais ta lumière et tes feux.

(On danse encore.)

MERCURE
(rentrant sur la Scène d'où il était sorti pendant
le divertissement.)
Nymphes, les Aquilons
viennent troubler la fête.

(L'arc-en-ciel paraît.)

Je vois Iris qui s'avance à leur tête.
Un vent impétueux agite les roseaux,
Retirez-vous au fond des eaux.

(Une troupe d'Aquilons, par une entrée
extrêmement vive, force les Nymphes
à se retirer dans leur marais.)



ACTE SECOND


Scène Première

(Mercure, Citheron)

MERCURE
Je viens soulager Junon dans sa colère,
Par un aveu qu'elle croyait sincère,
Athènes deviendra l'objet de son courroux :
Et déjà l'espoir la console
D'y surprendre à la fois la Nymphe et son Epoux.

(Un nuage conduit par des Aquilons
traverse le théâtre.)

Vous voyez qu'elle y vole.
En toute liberté, Jupiter va paraître.
Il vient...

CITHERON
Retirons-nous dans ce bois écarté.

MERCURE.
Nous verrons tout sans nous faire connaître.

(Ils se retirent tous les deux à l'écart.)

Scène Seconde

(Jupiter, Momus, dans un Char à demi-descendu.
Aquilons suspendus en l'air)

JUPITER
(aux Aquilons.)
Aquilons trop audacieux,
Craignez ma colère;
Fuyez de ces lieux.
Pour voir de près la beauté qui m'est chère,
Pour lui rendre un hommage
aussi vif que sincère,
Je quitte le séjour des Cieux.
Aquilons trop audacieux,
Craignez ma colère;
Fuyez de ces lieux.

(Les Aquilons disparaissent, des nuages couvrent le
char où sont Jupiter et Momus. Platée s'avance du
fond du théâtre.)

Scène Troisième

PLATEE
(Elle s'approche du nuage qui s'est étendu
1jusqu'à terre, et le considère)
A l'aspect de ce nuage;
Je ne saurais m'abuser!
Jupiter sait tout oser :
Mais aurai-je le courage
De recevoir son hommage,
Ou de le refuser?

(Les nuages font quelques mouvements.)

Le nuage s'entrouvre
Je vois du mouvement:
Je crois qu'il me découvre
Mon adorable amant.

(La partie d'en-bas des nuages se sépare et remonte
dans la partie d'en-haut. Jupiter paraît sous la forme
d'un Quadrupède, un petit Amour l'enchaîne de
guirlandes de fleurs.)

Quelle métamorphoses!
Dois-je approcher? Je n'ose.
C'est une épreuve assurément
Que Jupiter prépare à ma flamme nouvelle.
Venez, venez, j'y suis fidèle,
Quelque soit ce déguisement.

(Elle s'en approche à une certaine distance,
et de temps en temps le regarde tendrement.)

Apprenez-moi ce qu'Amour vous inspire;
Et ce que votre coeur prétend.
Vous soupirez, et je soupire;
Il suffit d'un si doux accent.
Vous dites tout sans rien me dire.
Ah! Que l'amour est éloquent!

(Pendant que Platée dit ces paroles, Jupiter lui répond
avec des sons naturels à la forme qu'il a prise; et après
quoi il change de forme et prend celle d'un Oiseau
battant des ailes à demie hauteur du théâtre.)

Quoi! vous disparaissez!...

Sous quel nouveau plumage
Me représentez-vous
Le plus beau des Hiboux?
Oiseaux de ce bocage,
Venez tous,
Chantez* Mais quel ramage!

(On entend le charivari des Oiseaux à l'aspect du
Hibou, qui après s'être perché quelque temps,
s'envole sans que Platée s'en aperçoive.)

Oiseaux, voue en êtes jaloux,
Changez de langage,
Rendez hommage
Au plus beau des Hiboux.

(Elle s'aperçoit que l'Oiseau s'est envolé.)

Hélas! Il s'envole!
Je ne le vois plus.

(Elle parcourt le théâtre.)

Jupiter... Jupiter... mes cris sont superflus.
Il faudra donc que mon coeur s'en désole.
Hélas! Il s'envole!
Je ne le vois plus.

(Pendant qu'elle s'occupe à pleurer, on entend
subitement un grand coup de tonnerre. Une pluie
de feu tombe du ciel: elle parcourt le Théâtre toute
effrayée.)

Ciel! Quelle terrible rosée!

(Jupiter arrive sur le Théâtre sous sa véritable forme,
suivi de Momus! Il est armé de son foudre est en feu et
dont il effraie Platée.)

JUPITER
(à Platée, lorsque son foudre est éteint)
Charmant objet de mes dignes amours;
Ne soyez plus longtemps abusée.
Comptez sur mon secours.

(Il jette son foudre.)

J'éloigne de mes mains la foudre redoutable;
Je ne viens point vous alarmer.
Jupiter avec vous devenu plus traitable,
Ne s'occupera plus que du plaisir d'aimer.

(Elle reste toujours tremblante.)

Seriez-vous infidèle à mes tendres voeux?...

PLATEE
...Ouffe.

JUPITER.
Je vous offre des voeux constants :
Vous ne répondez rien...

PLATEE
Pardonnez-moi, j'étouffe,
Et je soupire en même temps.

JUPITER
(à Momus.)
En attendant qu'un doux hymen s'apprête,
Qu'on réjouisse ici ma nouvelle conquête :
Momus, rassemblez tous vos jeux;
Que l'allégresse de la fête
Egale l'excès de mes feux.

MOMUS
Sujets divers que le délire
Enchaîne à jamais dans ma cour,
Venez, du Dieu qui vous inspire
Soutenez la gloire en ce jour.

Scène Quatrième

(Jupiter, Momus, Platée, Choeur et troupe des suivants
de Momus, Mercure et Citheron, travestis parmi cette
troupe)

LE CHOEUR
(avec étonnement, autour de Platée.)
Qu'elle est comique!
Qu'elle est belle!
A tant d'appas qui ne se prendrait pas?
Jupiter soupire pour elle.
Le charmant objet que voilà!
Ah! Qu'elle est belle! Ah! La belle ! Hà!

(Platée est tantôt fâchée et tantôt bien aise selon ce que
dit ce choeur; après lequel on entend une symphonie
extraordinaire.)

MOMUS
Mais une nouvelle harmonie
Annonce apparemment Terpsichore,

ou Thalie.

Scène Cinquième

(La folie, une lyre à la main; et les acteurs
de la scène précédente)

LA FOLIE
Vous vous trompez, Momus, non, non.

MOMUS
Que vois-je? O ciel!

LA FOLIE
C'est moi, c'est La Folie
Qui vient de dérober la Lire d'Apollon.

MOMUS, CHOEUR
Honneur, honneur à la Folie,
Qui tient la Lyre d'Apollon.

(Différents quadrilles des Suivantes de Momus et de la
folie; les uns d'un caractère gai, habillés en Pompons;
les autres d'un caractère sérieux, vêtus en Philosophes
Grecs entrent en dansant, la folie, en touchant de sa
Lyre, anime leurs danses qui sont de leurs différents
caractères.)

LA FOLIE
Formons les plus brillants concerts;
Quand Jupiter porte les fers
De l'incomparable Platée,
Je veux que les transports
de son âme enchantée,
S'expriment par mes chants divers.

(Elle fait des accords sur sa Lyre, pour l'effrayer.)

Admirez tout mon art célèbre.
Faisons d'un image funèbre
Une allégresse par mes chants.

(Elle prélude de nouveau sur sa Lyre;

ensuite elle s'accompagne.)

Aux langueurs d'Apollon,
Daphné se refusa:
L'Amour sur son tombeau, éteignit son flambeau,
La métamorphosa.
C'est ainsi que l'Amour
de tout temps s'est vengé:
Que l'Amour est cruel, quand il est outragé!
Aux langueurs d'Apollon,
Daphné se refusa;
L'Amour sur son tombeau, éteignit son flambeau,
La métamorphosa.

LE CHOEUR
Honneur, honneur à la Folie,
Elle surpasse Polymnie;
Honneur à ses divins accents.

LA FOLIE
Jugez par du beau simple et
des sons plus touchants,
Si je connais la mélodie.
Ecoutez bien... surtout ma symphonie.

(Elle prélude encore sur sa Lyre, et s'accompagne.)

Que les plaisirs les plus aimables
S'empressent à l'envi de seconder l'amour:
Jeux et ris qui formez sa Cour,
En égayant ses feux, vous les rendrez durables.
Sans cesse accompagnez nos pas,
Plaisirs badins, c'est dans vos bras
Que notre ardeur se renouvelle.
Si Zéphyr ne badinait pas,
Flore lui serait moins fidèle.

(Elle veut recommencer la reprise, elle s'interrompt
elle-même par exclamation.)

Vous
Vous admirez mon art suprême,
J'attriste l'allégresse même,
Par mes sons plaintifs et dolents.

LE CHOEUR
Honneur, honneur à la Folie,
Elle surpasse Polymnie;
Honneur à ses divins accents.

LA FOLIE
Je veux finir
Par un coup de génie.

(A Momus et à ses Suivants.)

Secondez-moi, je sens que je puis parvenir
Au chef-d'oeuvre de l'harmonie.

(Seule d'abord, puis avec Momus, Mercure,
Citheron et tous les choeurs.)

Hymen, hymen, l'Amour t'appelle
Prépare à Jupiter une chaîne nouvelle,
Viens couronner la nouvelle Junon.

PLATEE
(à ce mot de nouvelle Junon.)
Hé, bon, bon, bon.

LA FOLIE, MOMUS, MERCURE
CITHERON, CHOEURS, PLATEE
(à différentes reprises.)
Que la flamme qui brûle son âme,
Allume ton brandon.
Hé, bon, bon, bon,
Venez tôt, venez donc.
Hé, bon, bon, bon.
Venez donc.

(On danse à différentes reprises de ce Choeur, et à la
fin; tous se retirent en dansant avec Platée qu'on fait
danser aussi.)



ACTE TROISIEME


Scène Prèmière

JUNON
(Elle entre en fureur, accompagnée d'Iris.)
Haine, dépit, jalouse rage,
Je vous livre mon coeur.
Etouffez mon amour pour un époux volage,
Inspirez-moi votre fureur.
Haine, dépit, jalouse rage,
Je vous livre mon coeur.

(Mercure traverse le théâtre à pied, et feint
de vouloir éviter Junon.)

Scène Seconde

(Iris reste toujours sur la scène avec Junon.)

JUNON
Arrêtez: Jupiter n'était point dans Athènes:
Vous m'abusiez : vous trompiez mes désirs.
Quel charme trouvez-vous à redoubler mes peines.

MERCURE
Non. Je verrai bientôt renaître vos plaisirs.
Si je sers Jupiter, applaudissez mon zèle,
Qui tend à vous servir bien plus que votre Epoux.

JUNON
Ne croyez pas apaiser mon courroux:
Je veux confondre l'Infidèle.

MERCURE
Hélas! Il ne tiendra qu'à vous.
En ce lieu même il va paraître,
Attendez le moment de vous faire connaître,
Et suspendez vos mouvements jaloux.

(Mercure s'en va par le fond du théâtre au-devant
de Jupiter et de Platée. Junon sort par un des côtés.)

Scène Troisième

(Troupe de Dryades et de Satyres dansants. Choeur et
troupe de Nymphes de la Suite de Platée, et de Satyres
chantants. Clarine, et une autre Naïade suivante de
Platée; Platée couverte d'un voile, dans un char tiré
par deux Grenouilles. Jupiter et Mercure, à pied, aux
deux côtés du Char. Autre Troupe de Satyres qui
suivent le Char. Tous les acteurs arrivent dans cet
ordre et font un tour sur le théâtre.)

LE CHOEUR
(pendant la marche.)
Chantons, célébrons en ce jour
Le pouvoir de l'Amour.
Par lui, la Nymphe peut prétendre
A s'unir au plus grand des Dieux;
Et le roi le plus glorieux,
A la Bergère peut se rendre.
Chantons, célébrons en ce jour
Le pouvoir de l'Amour.

(Après la marche, Platée reste dans son Char au
fond du théâtre pendant qu'on danse, après quoi
elle en descend, et prend Jupiter par la main.)

PLATEE
(à Jupiter qu'elle amène au bord du théâtre
Dans cette fête,
Mon coeur s'apprête
A recevoir ardemment
Les voeux de mon amant.
Mais il nous manque en ce moment
Pour mon bonheur et pour le vôtre,
L'Hymen, l'Amour;
ou du moins, l'un ou l'autre.

JUPITER
(à Mercure.)
Mercure, dites-moi pourquoi ces petits Dieux
Ne me suivent pas dans ces lieux?

MERCURE
Ces Dieux, vous le savez,
vont rarement ensemble,
C'est un hasard qui les rassemble
Sur la terre, sur l'onde, et même dans les cieux.

PLATEE
Quoi, faut-il les attendre encore?
Mon coeur tout agité,
Est impatienté
De l'importante gravité
De ces beaux fils de Terpsichore.

(Jupiter et Mercure font rasseoir Platée sur un des
côtés du théâtre. On danse le genre le plus noble pour
l'impatienter davantage. La danse est interrompue par
une symphonie extraordinaire.)

Scène Quatrième

(Momus un bandeau sur les yeux, avec un arc et un
carquois d'une grandeur ridicule; la Folie, sa Lyre
à la main, et les Acteur de la scène précédente)

JUPITER
(apercevant de loin Momus.)
Que vois-je? Est-ce l'Amour, vient-il avec
ses armes, pour lancer dans mon coeur
encore de nouveaux traits?

(Momus se tient toujours éloigné.)

PLATEE
Puisqu'il vient pour moi tout exprès;
Qu'il avance; il ne peut m'approcher de trop près.

(Quand Momus s'est approché.)

JUPITER, MERCURE
C'est Momus!
De l'Amour n'a-t-il pas tous les charmes?

MOMUS
(à Platée, après un salut très profond.)
Le tout-puissant Amour,
ayant affaire ailleurs,
Ne peut ici venir lui-même,
Il m'a chargé pour vous de toutes ses faveurs.

PLATEE
Donnez, donnez, ce sera tout de même.

MOMUS
Ce sont des pleurs.

PLATEE
Fi......

MOMUS
Des tendres douleurs.

PLATEE
Fi......

MOMUS
Des cris, des langueurs.

(La symphonie peint ces différents présents que
Momus apporte à Platée de la part de L'amour.)

PLATEE
Fi, fi, ce sont-là des malheurs;
Et s'il faut que j'aime, Je veux des douceurs.

MOMUS
Ah! Du moins, recevez la flatteuse Espérance.

(La Symphonie peint dans le même genre,
L’espérance.)

PLATEE
Eh, Fi, votre espérance
N'est qu'une souffrance,
Un vrai signe d'ennui;
Eh! Fi.

(La folie amène sur le bord du théâtre
Momus qui en paraît assez embarrassé.)

LA FOLIE
(à Momus, en se moquant de lui.)
Lance tes traits Amour, épuise ton carquois,
Etends jusqu'à nous ta victoire.
Ajoute à ta gloire de nouveaux exploits.

(On entend un Prélude d'un nouveau caractère.)

PLATEE
Quel bruit...

MOMUS
Venez, aimables Grâces.

(Trois Suivants de Momus, sous la forme des
Grâces entrent sur la scène.)

Scène Cinquième

MOMUS
(à Platée.)
De votre gloire, Amour est si jaloux,
Qu'il veut qu'elles suivent vos traces,
Pour pouvoir en tous lieux
lui répondre de vous.

(Ces trois Suivants de Momus, sous la forme des
grâces, dansent comiquement. La folie les anime
en touchant de sa lyre.)

PLATEE
Je croyais les Grâces si fades,
Mais leurs amoureuses gambades...


LA FOLIE
De mon vaste génie admirez les effets,
Je sais les rendre tantôt vives,
Tantôt innocentes, naïves,
Toujours en les livrant à de charmants excès.

(On entend un prélude de musique champêtre.)

PLATEE
Mais, qui nous vient encore?

Scène Sixième

(Citheron suivi d'une troupe d'Habitants de la
campagne, et des Acteurs de la scène précédente)

CITHERON
(à Platée.)
Nymphe, votre conquête
Fait tant de bruit, qu'elle tourne la tête
A tous les Hameaux d'alentour;
Et mon peuple, en si grand jour,
Veut prendre part à cette auguste fête.

(Les Habitants de la campagne mêlent leur danses
à celle des Styres et des Dryades.)

CITHERON
(à ses Sujets.)
Du plus grand des Immortels
Platée a fait la conquête,
De son triomphe embellissez la fête,
Et préparez-lui des autels.

(On danse.)

LA FOLIE
(à toutes les différentes troupes.)
Chantez Platée, égayez-vous,
Chantez le pouvoir de ses charmes.

LE CHOEUR
Chantons Platée, égayons-nous,
Chantons le pouvoir de ses charmes.

TOUS ENSEMBLE
Le dieu qui lui rend les armes...

LA FOLIE, CHOEUR
 Va vous/Va nous combler
de ses biens les plus doux.
Chantez/Chantons, dansez/dansons, sautez/sautons tous.

LA FOLIE
Chantez Platée, égayez-vous.

LA FOLIE, LE CHOEUR
Chantez/Chantons le pouvoir de ses charmes.

(On danse à toutes les différentes Reprises,
et à la fin des Choeurs.)

JUPITER
(à Mercure, à part au bord du théâtre.)
Voici l'instant de terminer la feinte;
Mais, Junon ne vient point.

MERCURE
Elle est près de ces lieux.

(Jupiter va prendre Platée par main.)

JUPITER
Que de noeuds solennels.

(Platée paraît hésiter à lui donner la main)

Mais d'où naît cette crainte;
Vous qui ne doutez point du pouvoir de vos yeux?

PLATEE
Je songe à votre ancienne épouse.

JUPITER
Hé quoi! Qu'en appréhendez-vous?

PLATEE
Elle est, à ce qu'on dit, jalouse.

JUPITER
Nous laisserons agir son impuissant courroux.
Pour célébrer ce noeud  si légitime;
Je jure...

(Jupiter répète ce dernier mot plusieurs fois,
en regardant si Junon vient.)

Scène Septième

(Junon, qui arrive en fureur, suivie d'Iris)

JUNON
Arrête, Ingrat,
Tu n'achèveras pas cet horrible attentat.
Heureuse en ma fureur,
saisissons ma victime.

(Elle se jette sur Platée qui cherche à se cacher
derrière Jupiter, et elle lui arrache son voile.)

Que vois-je! O ciel!

JUPITER
(à Junon avec un sourire.)
Vous voyez votre erreur.

(Platée sort furieuse, elle emmène toutes ses Nymphes.)

JUNON
Ma surprise est extrême,
Quelle confusion succède à ma douleur!

JUPITER
Douterez-vous encore que je vous aime?

JUNON
Non. Vous rétablissez le calme dans mon coeur.

ENSEMBLE
Resserrons notre chaîne.

JUNON, JUPITER
Votre fidélité répond à mes/Mon coeur
à vous aimer borne tous ses - désirs.

JUNON, JUPITER
Heureux les coeurs qui n'éprouvent
de / Voudrais-je hélas, vous causer d'autre - peine.
Que celle qui mène aux plaisirs.
Resserrons notre chaîne.

JUPITER
Quittons ces lieux,
Montons au séjour du tonnerre,
Il n'appartient point à la terre
D'arrêter plus longtemps le Souverain des Dieux.

(Jupiter et Junon montent au ciel au bruit du tonnerre
avec Iris et Momus; ils sont enveloppés dans les
nuages. Mercure vole devant eux. La Folie reste sur la
terre. Platée est ramenée sur la Scène par une troupe
d'Habitants de la campagne, de leurs femmes et de
leurs Enfants qui l'entourent et se moquent d'elle.)

Scène Dernière

(Platée, Citheron, la folie. Tous les choeurs et troupes
de Satyres, de Dryades et d'Habitants de la campagne)

LA FOLIE, AVEC TOUS LES CHOEURS
Chantons Platée, égayons-nous,
Chantons le pouvoir de ses charmes.

(Différents quadrilles de danses se forment
pour se moquer de Platée.)


PLATEE
(en fureur)
Taisez-vous.
Ou, par la mort, je vous punirai tous.

LES CHOEURS
Le Dieu qui lui rend les armes
Va nous combler de ses biens les plus doux,
Chantons, dansons, sautons tous.

(On danse.)

PLATEE
Quoi! L'on craint si peu mon courroux?
Je brouillerai, je troublerai mon onde,
Et c'est du sein de ma grotte profonde,
Que je vous porterai/lancerai mes coups.

LES CHOEURS
Chantons Platée, égayons-nous,
Chantons le pouvoir de ses charmes.

(On danse.)

PLATEE
Taisez-vous.
Ou, par la mort, je vous punirai tous.

(A Cithéron, qu'elle prend à la gorge.)

Tu vois ma rage, frémis d'effroi:
D'un tel outrage Je n'accuse que toi.

CITHERON
Que moi!

PLATEE
Oui, toi.

CITHERON
N'accusez que l'ingrat qui vous manque de foi.

PLATEE
Je n'accuse que toi, je n'accuse que toi.

LES CHOEURS
Chantons Platée, égayons-nous,
Chantons le pouvoir de ses charmes.

PLATEE
Quoi!
L'on prétend braver mes coups?
Courons,

allons contre eux exhaler mon courroux.

(Elle prend sa course et va se précipiter dans son
Marais. La Folie emmène avec elle les différentes
troupes se réjouir du raccommodement de Jupiter
et de Junon.)



PRÓLOGO


El Nacimiento de la Comedia

(La escena representa un viñedo de Grecia.
Se observan varias hileras de grandes postes
que sostienen las vides: Entre los troncos y al
pie de pequeñas colinas a ambos lados y en el
fondo, se ven carros cargados de cubas de uvas
y prensas donde el vino fluye dentro de tinajas.
Tespis, inventor de la tragedia, aparece delante
de la escena, durmiendo sobre el césped. Varios
vendimiadores están trabajando en el fondo,
llenando las cubas de uvas y las tinajas de vino)

Escena Primera

(Tespis, durmiendo. Coros y grupos de sátiros,
ménades, vendimiadores y campesinos, con sus
esposas e hijos que entran bailando)

UN SÁTIRO
El cielo derrama aquí su más dulce influencia,
Baco ha colmado nuestros deseos.
¡Fluid, jugos preciosos, fluid en abundancia,
pues sois el alma de los placeres!

EL CORO
¡Fluid, jugos preciosos, fluid en abundancia,
pues sois el alma de los placeres!

(Danzan)

EL SÁTIRO
En vano se acerca el horrible invierno,
porque el Amor, por vuestra presencia,
aumenta su poder
y devuelve a nuestros corazones
la estación de los Céfiros.
¡Vosotros, resucitad nuestra pasión
y nuestros tiernos deseos!

LOS COROS
¡Fluid etc...

(Danzan)

EL SÁTIRO
(viendo a Tespis dormido)
¿Qué veo? ¿Es Tespis?
Sí, es él que dormita.
Este dulce néctar produjo sobre sus ojos
el efecto de las adormideras.
¿Debe entregarse al sueño en este gran día,
él, que tan bien sabe cantarle al dios de la vid?

(se acerca a Tespis para despertarlo)

Reanima tus sentidos dormidos.
¡Despiértate, canta amable Tespis!

CORO
Reanima tus... etc.

TESPIS
(Despertando).
Demos gracias a Baco
por el sueño que nos brinda.
¡Qué placentero! ¡Qué dulce es!

(se vuelve a adormecer.)

EL SÁTIRO, CORO
(alrededor de Tespis.)
¡Tespis, canta, despiértate!

TESPIS
(disgustado.)
¡Cantemos pues, ya que me obligáis!
Pero pensad que en el otoño,
con en mis canciones, a nadie perdono.

DOS VENDIMIADORAS
¡Alégrate Tespis, no te enojes!

TESPIS
Siento que me invade y me inspira
un dulce sentimiento.
El adorado Baco, dios de la libertad,
padre de la sinceridad,
a expensas de los mortales, nos permite reír.
Mi corazón lleno de la verdad,
va a expresarlo aliviado:
a riesgo de que no me entendáis.
Adorado Baco, etc.

(se dirige a las Ménades.)

Jóvenes y bellas ménades, decidme:
¿sois fieles a vuestros amantes?
Nos cuesta mucho creerlo.

MÉNADES
¡Tespis, vuélvete a dormir!

TESPIS
(se dirige a los sátiros)
Dignos amantes de estas coquetas jóvenes,
bebedores invencibles, que a todos engañáis,
pero que no amáis lo suficiente
como para sentir celos.

SÁTIROS
¡Tespis, vuélvete a dormir!

TESPIS
(dirigiéndose a todos.)
En medio de una orgía
dónde reina el desenfreno, Ménades,
vuestros secretos están mal guardados,
Me los habéis revelados casi todos.

SÁTIROS, MÉNADES
¡Tespis, vuélvete a dormir!

Escena Segunda

(Talía, Momo, y los anteriores)

TALÍA
(a Tespis.)
¡No, prosigue! Tespis, obedece a Talía;
Quiero aprovecharme de tu amable locura
entregándote mi máscara.

(Le entrega a Tespis una máscara)

Nada se resiste a tus canciones y a tus chanzas.
He venido con Momo
para crear un espectáculo,
que corregirá los defectos de los humanos.

MOMO
¿Limitarás tu sátira
únicamente a los humanos?
Puedes extenderla a los dioses,
yo te prestaré mi ayuda.
A menudo, la razón, está ausente del Olimpo.
Pues ¿quién podría resistir el fastidio
de ser inmortal y prudente permanentemente?

MOMO, TALÍA, TESPIS
Intentemos burlarnos donde quiera que estemos,
riámonos del cielo y de la tierra,
declaremos la guerra eterna al ridículo.
¡No se salvarán ni mortales ni dioses!

MOMO
En este mismo lugar, Júpiter en persona,
dejó de lado su seriedad,
y curó a su esposa amada
de sus celos y de su soberbia
mediante una graciosa estratagema.
Quiero con Tespis volver a narrar la historia,
cuyo célebre recuerdo Grecia aún conserva.

Escena Tercera

(Entra Amor)

EL AMOR
¿Quién se atreve a emprender algo
aquí abajo sin contar con Amor?
Abandonad tan temerario proyecto.
¿Cómo podría agradar una obra
que no esté inspirada por Amor?

TALÍA
¡Ven, Amor, guía nuestros pasos,
y sé siempre nuestro dios tutelar!

EL AMOR
Confundamos nuestros juegos y risas.
¿Queréis criticar el fuego que siembro?
Cuando bien o mal travestido,
yo me presente para ser vuestro señor,
cuando Amor se dé a conocer,
cada uno obtendrá su premio.

TESPIS
¡Momo, Amor, dios de las uvas!
Divinidades encantadoras,
vayamos a dar a los humanos
una divertida lección.

(se dirige a los grupos de seres mitológicos)

¡Y vosotros, felices testigos de tan bella alianza,
mostraos, con vuestra adhesión, dignos de ella.!

CORO
¡Hagamos un nuevo espectáculo!
Los hijos de la memoria
difundirán por siempre la gloria de los autores
de tan hermoso proyecto.
¡Hagamos un nuevo espectáculo!
Baco, esta es tu victoria.
entreguémonos al placer de beber,
pues en esta colina está la fuente Hípocrene.
¡Hagamos un nuevo espectáculo!
Los hijos de la memoria
difundirán por siempre la gloria de los autores
de tan hermoso proyecto.
¡Hagamos un nuevo espectáculo!

(Ballet.)

TESPIS
(alternándose con el coro.)
Cantemos a Baco,
cantemos a Momo,
cantemos al Amor y a sus llamas.
Que todos estos dioses
penetren, uno tras otro,
en nuestras almas.

TESPIS
(Solo)
Sin el vino,
sin su embriaguez,
la ternura es sólo pesar.

(alternándose con el coro.)

Cantemos a Baco, etc.

TESPIS
(Sólo)
¿Queremos reír? Entonces recurramos a Baco,
Momo le debe siempre
su más bella ebriedad.

(Alternadamente con el coro.)

Cantemos a Baco, etc.

(Se repinten los ballets y al final de los mismos
todos se retiran bailando.)



ACTO PRIMERO


Ballet de Platée

(La escena, que permanece inalterable durante
todo el ballet, representa un lugar agreste; a los
lados, se ven rústicos edificios pequeños
intercalados con espesas arboledas; al fondo,
está el Monte Citerón, sobre el mismo el templo
de Baco; al pie del monte hay un gran lago
cubierto de cañas y rodeado de viejos sauces.
El cielo se muestra cargado de nubes y de vez
en cuando se oyen ráfagas de viento)

Escena Primera

CITERÓN
¡Dios que sostienes el universo con tus manos,
mira los elementos que nos declaran la guerra!
Si los humanos son culpables,
castígalos con el trueno,
pero devuelve a la tierra
la calma y la dulzura de sus primeras épocas.
Pero ¿qué veo?, ¡es Mercurio que desciende!
¿Acaso mis lamentos han sido escuchados?

(Mercurio baja del cielo.)

Escena Segunda

(Cithéron, Mercurio)

CITERÓN
Mercurio, dinos, ¿qué nuevos infortunios
nos prepara el cielo para hacernos sentir
su venganza y su odio?
El aliento impetuoso de los Aquilones
amenaza a cada momento
nuestros campos y viñedos.

MERCURIO
La diosa del viento se ha entregado
ciegamente a un cruel arrebato de celos.
Todo esfuerzo es vano para intentar aplacar
la ira que devora su alma.
Júpiter ha perdido la paciencia,
y yo estoy buscando para él algo de diversión.

CITERÓN
¿Con un poco de simulada pasión,
con alguna artimaña inocente,
no sería posible sanar a su esposa?
Si Juno permanece implacable,
él debería simular que prepara
un nuevo himeneo,
De esa manera dejaría de parecer culpable
y pronto su amor recobraría su atractivo habitual.

MERCURIO
El proyecto es gracioso. Mercurio te asegura
que va a divertir con él a la corte celestial.
Espero tener éxito.

CITERÓN
La chanza podría terminal mal.
A veces es peligroso fingir
una pasión amorosa.
Se trata de una broma donde nuestra alma
se expone a ser atrapada por el verdadero Amor.
Hay que elegir muy bien el objeto de la broma.

MERCURIO
Propón uno.

CITERÓN
Lo haré.
En un pantano profundo,
vestigio del diluvio del que se salvó Deucalión,
una ninfa encontró albergue
al pie de ese pequeño valle oscuro.

(señala el Pantano.)

Esta náyade ridícula,
siempre fue rechazada por Amor.
Confiada ciegamente en su sus cómicos rasgos,
espera todos los días
que miles de amantes vengan a pretenderla.
Que Júpiter finja ceder
a sus encantos.
Que venga y le prometa
un dulce compromiso.
Informa presto a Juno
y alértala sobre este hecho,
nosotros la esperaremos aquí para aclararle todo.

(Platée aparece en el fondo de la escena)

¿Quieres ver el objeto de ese nuevo amor?

MERCURIO
Subo a los cielos donde Júpiter me llama.

(observa rápidamente a Platée.)

A él le corresponde valorar
a tan encantador objeto.

(regresa al cielo, Citerón se retira.)

Escena Tercera

(Platée, Clarine, Fontaine y sirvientas.
Citerón apartado de ellas)

PLATÉE
¡Qué agradable lugar!
¡Qué ameno!
¡Ah, qué propicio es para alguien
que desea perder su libertad!
Dime, corazón mío, si lo has pensado bien.
¡Ah, corazón mío, estás agitado!
¡Ah, corazón mío, me abandonas!
¿Es por Citerón?
¿Él es digno de ti?
¡Qué agradable lugar! etc.

CLARINE
¿En qué basas tus esperanzas
de que Citerón será tuyo?

PLATÉE
En lo que ven mis ojos.
Desde lejos lo observo y veo que se comporta
como un amante tímido que trata de evitarme.

CLARINE
¡Te has enamorado!...

PLATÉE
¡Ay, sí, creo que sí!

CLARINE
¿De un simple mortal?

PLATÉE
A veces hay que decidirse.
¿A quién daré mi ternura?
El amor nunca hace daño,
y nuestros dioses tienen sus corazones tan fríos...

(ve a Citerón.)

El amor, el amor está de mi parte.
¡Mi amado viene, por ahí lo veo llegar!
Habitantes afortunados,
vecinos de estos bosquecillos,
¡abandonad vuestros oscuros pantanos,
daos prisa, venid pronto y congregaos
bajo el tierno césped!
Ya que no se os ve,
que por lo menos se os oiga
celebrar este feliz momento.
¡Que vuestras voces me congratulen,
y que los aires resuenen!
¡Cantad y gritad todos al unísono,
que vuestras voces se unan
a los dulces gorjeos
de esos pájaros encantadores!

(Se oyen el croar de las ranas y el canto de los
cucos que continuarán durante el desarrollo de
todo el coro siguiente.)

EL CORO
(oculto)
¡Que nuestras voces canten loas,
y que el aire resuene!
¡Cantemos y gritemos todos:
que nuestras voces se aúnen
con las de los encantadores pájaros
cuyas canciones son tan dulces!

Escena Cuarta

(Platée, Clarine y Citerón que se acerca)

PLATÉE
(a Citerón)
¿Es acaso una dulce inquietud
la que te trae a este lugar?

CITERÓN
No, busco la soledad.

PLATÉE
Hay lugares mejores que éste.
Aquí están las dríades
que gustan venir a estos lugares remotos,
y también las húmedas náyades,
todas ellas saben lo que tú te mereces.

CITERÓN
¿Acaso podría aspirar yo a tales divinidades?
El respeto me lo impide.

PLATÉE
¿Respeto? Yo prefiero un sentimiento más tierno.
Los cumplidos son siempre bien escuchados.
Para un amante que sabe como agradar,
no hay rango demasiado alto,
aunque tenga el defecto
de ser demasiado audaz.

CITERÓN
¿Amor audaz?...

PLATÉE
El tuyo es circunspecto.

CITERÓN
Es verdad, veo que todos te adoran,
y mi profundo respeto...

PLATÉE
¡Qué! ¿De nuevo con eso del respeto?
¡Qué tedioso eres con tanto respeto!
¡Ay, qué tormento es!

(acercándose a Citerón)

¡Me embarga la emoción!
¡Cruel! ¿Te ríes?
Veo por tu mirada
que has adivinado lo que pienso.
¡Ja, ja! Bello conquistador.
¿Tú acaso no amas?
No, no, tú desprecias mi corazón...
¿Eres tímido?

(Enfadada por las de Citerón.)

No. ¡Eres solamente un pérfido,
un pérfido conmigo!

(Lo persigue con furor.)

¿Dime por qué? ¿Dime por qué, por qué?
¿Por qué? ¿Por qué?
¿Dime por qué?

CORO
(entre bambalinas.)
¿Qué? ¿Qué?

(Empieza a llorar. Mercurio baja del cielo
cruzando a través del escenario.)

CITERÓN
¡Náyade, cálmate ante Mercurio!
Él baja de los cielos, allí lo veo.

PLATÉE
¡Mercurio! ¡Ah! ¿Es posible?

CITERÓN
Yo creo sin duda que,
un dios lleno de amor...

PLATÉE
¿Qué? ¿Qué?

CORO
(oculto.)
¿Qué? ¿Qué?

Escena Quinta

(Platée, Clarine, Citerón y Mercurio)

MERCURIO
(a Platée, tras muchas profundas reverencias)
Diosa que reinas en estos espléndidos pantanos,
sobre los numerosos súbditos
que corren entre las hierbas,
¿te parecería indigno de tu realeza
el dios que lanza los truenos?
Ese dios, atraído a la tierra por tu belleza,
quiere poner a tus pies su corazón y el universo.

PLATÉE
¿Debo creer, bello Mercurio,
que el alma más noble
se está consumiendo por mis encantos?
¿Puedo estar segura,
y suspirar por ello en voz baja?

MERCURIO, CITERÓN
¡Platée se merece esa gloria resplandeciente!

CITERÓN
(a Platée.)
Ya no culparás a mi alma indiferente
por una felicidad que no era posible.
Todo en ti hacía presagiar
el brillante destino que te deparará
el amor de un gran dios.

MERCURIO, CITERÓN
Todo en ti hacía presagiar el brillante destino
que te deparará el Amor
Platée se merece esa gloria resplandeciente.

PLATÉE
(a Mercurio)
Pero ese dios, lleno de pasión
por conquistar mi corazón,
¿se hará esperar mucho más tiempo?

MERCURIO
Ya pronto va a venir,
y se acercará a ti.

(algunos rayos anuncian una tormenta.)

PLATÉE
El cielo que se oscurece, es un presagio.
La diosa de los vientos está enfadada,
pero nada detendrá a su esposo.
Su ira apenas temo pues,
en mi húmedo imperio, apreciamos las tormentas.
Anunciemos esta hermosa jornada,
a las ninfas de mi Corte.
¡Salid, ninfas,
salid de vuestras profundas moradas!
Un torrente de olas celestiales
está listo para inundar estos lugares.
¡Y tú, Juno, llora, riega mi reino!
¡Salid, ninfas,
salid de vuestras profundas moradas!
Un torrente de olas celestiales
está listo para inundar estos lugares.

(Todas las ninfas de la corte de Platée salen
del fondo del pantano, trepan por las cañas y
avanzan sobre la escena.)

Escena Sexta

(Platée, Mercurio, Citerón, Clarine y el conjunto
de ninfas de la corte de Platée)

CORO DE NINFAS
Nubes espesas, agrupaos;
derramaos sobre nosotros;
inundad nuestras playas,
pues vuestros embates
nos serán muy gratos.

(Las ninfas desarrollan diferentes danzas
según sus respectivas entidades.)

CLARINE, UNA NÁYADE
Sol, brillas en vano pues las húmedas náyades
se oponen a tus deseos.
Y si nosotros lo deseamos,
las amables Híades, las ninfas de las nubes,
ocultarán para siempre tu luz y tu fuego.

(nuevo ballet.)

MERCURIO
(reapareciendo en escena desde dónde se

había retirado antes de la danza.)
Ninfas, los Aquilones (vientos del norte)
vienen a perturbar vuestra fiesta.

(El arco iris aparece.)

Allí veo a Iris que encabeza su marcha.
Un viento impetuoso agita las cañas,
Retiraos al fondo de las aguas.

(Una tropa de vientos aquilones, hace una
entrada sumamente rápida, forzando a las
ninfas a reingresar a su pantano.)



ACTO SEGUNDO


Escena Primera

(Mercurio, Citerón)

MERCURIO
Vengo de apaciguar la cólera de Juno
por un comentario que ella creyó verdadero.
Atenas será ahora el objetivo de su ira.
Ella tiene la esperanza de sorprender a una ninfa,
su rival, junto a su esposo.

(Una nube llevada por los vientos aquilones
cruza la escena.)

¡Mira, por allí vuela ella!
Júpiter puede aparecer ahora con toda libertad.
¡Ya viene!...

CITERÓN
Retirémonos a ese bosquecillo apartado.

MERCURIO
Veremos todo sin dejarnos ver.

(se retiran y esconden.)

Escena Segunda

(Júpiter y Momo, en un carro a media altura.
Los aquilones suspendidos en el aire)

JÚPITER
(a los aquilones.)
¡Audaces Vientos del Norte,
temed mi ira,
huid de aquí!
Para ver de cerca la belleza que amo,
para rendirle un homenaje
tan ardiente como sincero,
he dejado mi morada celestial.
¡Audaces Vientos del Norte,
temed mi ira;
huid de aquí!

(Los vientos aquilones desaparecen, algunas
nubes cubren el carro donde están Júpiter y
Momo. Platée avanza desde el fondo)

Escena Tercera

PLATÉE
(se acerca a la nube que se extendió hasta
la tierra y la examina)
El aspecto de esta nube
me dice que no estoy equivocada.
Júpiter a todo se atreve.
Pero ¿yo encontraré el valor,
tanto para recibir su homenaje
como para rechazarlo?

(La nube hace algunos movimientos.)

¡La nube se entreabre,
veo que algo se mueve!
Creo que él me ha descubierto,
¡mi amante adorable!

(La parte de abajo de las nubes se abre y por
entre las mismas aparece Júpiter bajo la forma
de un asno adornado con una guirnalda de flores.
Un pequeño amorcillo lo conduce)

¡Qué metamorfosis!
¿Debo acercarme? No me atrevo.
Seguramente es una prueba que Júpiter prepara
para mí, su nueva amada.
¡Ven, ven, te seré fiel,
sea cual fuere tu disfraz!

(Ella se acerca a una cierta distancia de Júpiter,
y de vez en cuando lo mira tiernamente.)

Dime lo que te inspira el amor
y lo que tu corazón pretende.
Suspiras, y yo suspiro.
Una tierna palabra será suficiente.
Me dices todo, sin decirme nada.
¡Ah, qué elocuente es el amor!

(Mientras Platée habla, Júpiter le contesta
con unos rebuznos interpretados por la
orquesta. Después, cambia su forma y adopta
la de un búho)

¡Desapareciste!...
Bajo un nuevo plumaje
te me apareces ahora,
¡como el más hermoso de los búhos!
Pájaros de este bosquecillo,
¡venid todos, cantad!
¡Qué gorjeo!

(Se oye el canto de los pájaros que comentan el
aspecto del búho quien, después de cierto tiempo,
sale volando sin que Platée se dé cuenta.)

Pájaros, ¿estáis celosos?
¡Cambiad vuestro canto
y rendid homenaje
al más bello de los búhos!

(Se da cuenta que el búho salió volando.)

¡Ay, ha volado!
¡Ya no lo veo!

(Observa el escenario.)

¡Júpiter!... ¡Júpiter!... Mi grito es en vano.
Por ello se desespera mi corazón.
¡Ay, ha volado!
Ya no lo veo.

(Mientras ella está distraída llorando, se
oye estallar un trueno aterrador. Una lluvia
de centellas cae del cielo: ella se oculta
asustada.)

¡Cielos! ¡Qué rocío espantoso!

(Júpiter entra en escena bajo su forma real,
seguido de Momo. Está armado de su rayo
flamígero con el que asusta a Platée.)

JÚPITER
(a Platée, cuando su rayo se extingue.)
Encantador objeto de mis dignos amores.
Ya no serás engañada por más tiempo.
Cuenta con mi ayuda.

(se deshace de su rayo.)

Me desharé de este terrible rayo.
No vengo para asustarte.
Gracias a ti, Júpiter, se vuelve un ser manso,
y sólo se dedicará a los placeres del amor.

(Ella sigue callada y temblorosa.)

¿Serás acaso indiferente a mis tiernos deseos?...

PLATÉE
...¡Ouuuf!

JÚPITER
Te ofrezco un corazón constante
¿No contestas nada?...

PLATÉE
Perdóname,
me ahogo y suspiro al mismo tiempo.

JÚPITER
(a Momo)
Mientras se preparan nuestras dulces bodas,
quiero que alegréis a mi nueva conquista.
¡Momo, prepara el espectáculo!
Que el regocijo de la fiesta
sea tan intenso como la pasión que me inflama.

MOMO
Vosotros, súbditos, que el placer encadenó,
para siempre, a mi corte:
¡Venid, al dios que os inspira!
¡Honradlo y glorificadlo!

Escena Cuarta

(Júpiter, Momo, Platée, el coro y los seguidores
de Momo, Mercurio y Citerón, parodia de los
seguidores de Momo)

CORO
(Con asombro, alrededor de Platée.)
¡Qué graciosa es!...
¡Qué hermosa es!
¿Cómo no sucumbir ante tantos encantos?
¡Júpiter suspira por ella!
¡Es un objeto encantador!
¡Ah! ¡Qué bella es! ¡Ah! ¡Qué bella! ¡Ah!

(Platée se muestra por momentos enojada y por
otros feliz, según lo que expresa el coro; después
de lo cuál se oye una música extraordinaria.)

MOMO
Pero una nueva armonía anuncia, al parecer,
la llegada de Terpsícore, musa de la música,
o de Talía, la de la comedia.

Escena Quinta

(Aparece la Locura, con una lira en la

mano y tras ella, su séquito)

LA LOCURA
¡Estás equivocado, Momo!

MOMO
¿Qué veo? ¡Oh, cielos!

LA LOCURA
¡Soy yo, la Locura
que he robado la lira de Apolo!

MOMO, CORO
¡Honra y loas a la Locura,
que trae la lira de Apolo!

(Diferentes cuadrillas de los seguidores de Momo
y de La Locura, unos de carácter alegre, vestidos
pomposamente, y otros otro de carácter serio,
vestidos como filósofos griegos, ejecutan un ballet
mientras que La Locura, tocando la lira, dirige
los bailes en sus diferentes estilos contrapuestos)

LA LOCURA
Ejecutaremos los conciertos más brillantes.
Ahora que Júpiter está encadenado
a la incomparable Platée,
quiero que las pasiones contrapuestas
de su alma encantada,
sean expresadas por mis variadas canciones.

(da algunos acordes con su lira, para motivarlos.)

¡Admirad todos mi célebre arte!
Transformaré con mis canciones
una imagen fúnebre, en otra alegre.

(preludia su canto con la lira; y luego
se acompaña con ella.)

Apolo languidecía por Dafne,
pero ella lo rechazó.
El Amor en su tumba,
extinguió su antorcha y la metamorfoseó.
De este modo se venga el Amor
desde siempre.
¡Porque el amor es cruel, cuando se lo ofende!
Apolo languidecía por Dafne,
pero ella lo rechazó.
El Amor en su tumba,
extinguió su antorcha y la metamorfoseó.

CORO
¡Alabada sea la Locura!
Ella supera incluso a Polymnia.
¡Alabadas sean sus divinas palabras!

LA LOCURA
Juzgad, por su simple belleza
y por los conmovedores sonidos,
si yo domino el arte de la melodía.
¡Escuchad!... ¡Oíd mi sinfonía!

(se acompaña de nuevo con su lira)

¡Que los más amables placeres
se dispongan a secundar al Amor!
¡Que los juegos y risas que forman su Corte,
alentando sus llamas, lo hagan eterno!
Seguid siempre mis pasos alegres placeres,
y que en vuestros brazos
la llama del Amor se renueve.
Si Céfiro no bromeara,
Flora no sería tan fiel.

(quiere reiniciar su canto pero se interrumpe
exclamando.)

¡Vosotros,
admirad mi arte supremo!
Entristezco, y al mismo tiempo regocijo,
con mis sonidos plañideros y dolientes.

CORO
¡Alabada sea a Locura!
Ella supera incluso a Polymnia.
¡Alabadas sean sus divinas palabras!

LA LOCURA
Quiero terminar
con una obra maestra.

(a Momo y a su séquito.)

¡Ayudadme, siento que puedo lograr
una obra suprema en materia de armonía!

(Primero sola, luego con Momo, Mercurio,
Citerón y todos los coros.)

¡Himeneo, Himeneo, Amor te llama!
¡Prepárale a Júpiter una nueva cadena,
y ven a coronar a su nueva Juno!

PLATÉE
(Ante la frase nueva Juno.)
¿Eh?... ¡Bien, muy bien!

LA LOCURA, MOMO, MERCURIO
CITERÓN, COROS, PLATÉE
(en diferentes repeticiones.)
Que la llama que devora su alma,
encienda su antorcha.
¿Eh? ¡Bien, muy bien!
¡Venid pronto, venid todos!
¿Eh? ¡Bien, muy bien!
¡Venid todos!

(Bailan todos en diferentes partes del coro. Al
final, todos se retiran bailando en compañía de
Platée que también baila.)



ACTO TERCERO


Escena Primera

JUNO
(entra enfurecida, acompañada de Iris)
¡Odio, rencor, celos rabiosos,
os entrego mi corazón!
¡Sofocad el amor que siento
por un esposo veleidoso, inspiradme vuestra furia!
¡Odio, rencor, celos rabiosos,
os entrego mi corazón!

(Mercurio cruza la escena y finge querer
evitar a Juno.)

Escena Segunda

(Iris permanecía siempre en escena con Juno.)

JUNO
¡Deteneos! Júpiter no estaba en Atenas...
Me engañaste, ignorando mis deseos.
¿Qué encanto encuentras en redoblar mis penas?

MERCURIO
No. Pronto veré renacer vuestra alegría.
Si soy un sirviente de Júpiter,
más me vale servir a su propia esposa.

JUNO
No creas que así aplacarás mi ira,
quiero desenmascarar al infiel.

MERCURIO
¡Ay, eso sólo depende de vos!
Él vendrá aquí en unos instantes.
Esperad el momento oportuno para daros
a conocer, y por ahora, moderad los celos.

(Mercurio sale por el fondo. Entran Júpiter y

Platée. Juno sale por uno los lados.)

Escena Tercera

(Las dríades y sátiros bailan, mientras que las
ninfas del séquito de Platée cantan. Clarine y las
náyade siguen a Platée que, cubierta con un velo
de novia, llega en un carro tirado por dos Ranas.
Júpiter y Mercurio se sitúan a ambos lados del
carro. Otro grupo de sátiros sigue al Carro.
Todos ellos aparecen en formación y dan una
vuelta al escenario.)

EL CORO
(durante la marcha.)
¡Cantemos y celebremos en este día
el poder de Amor!
Gracias a él, la ninfa puede aspirar
a unirse con el más grande de los dioses;
así como el rey más glorioso,
puede entregarse a la pastora.
¡Cantemos y celebremos en este día
el poder de Amor!

(Tras el desfile, Platee permanece en su carro
mientras el resto baila. Después del ballet ella
desciende del carro y toma Júpiter de la mano.)

PLATÉE
(a Júpiter, llevándolo al borde del escenario)
En esta fiesta
mi corazón se prepara
para recibir con pasión
las promesas de mi amado.
Pero en este momento,
faltan para mi felicidad y la tuya,
Himeneo y Amor,
o al menos, uno de los dos.

JÚPITER
(a Mercurio.)
Mercurio, dime ¿por qué esos diosecillos
no me han seguido hasta este lugar?

MERCURIO
Como bien sabéis,
esos dioses raramente caminan juntos.
Sólo el azar los reúne en la tierra,
en las aguas e incluso en los cielos.

PLATÉE
¡Cómo! ¿Tendremos que esperarlos?
Mi agitado corazón
se impacienta
por la demora
de los bellos hijos de Terpsícore.

(Júpiter y Mercurio se sitúan con Platée a un lado
de la escena mientras continúan los bailes y la
impaciencia de la ninfa El baile es interrumpido
de pronto por una sinfonía extraordinaria.)

Escena Cuarta

(Llega Momo con una venda sobre los ojos, un
arco de flechas y una aljaba de tamaño ridículo;

junto con la Locura, con su lira en la mano)

JÚPITER
(viendo a Momo de lejos.)
¿Qué veo?
¿Es Amor que viene con sus armas,
para lanzar nuevas flechas sobre mi corazón?

(Momo siempre se mantiene distante)

PLATÉE
Puesto que viene por mi causa , que se acerque.
¿Es que no puede acercarse más?

(Cuando Momo se acerca.)

JÚPITER, MERCURIO
¡Es Momo!
¡No tiene los encantos del Amor!

MOMO
(a Platee, después de un gran saludo)
El omnipotente Amor,
tiene un compromiso en otra parte,
y como no puede venir hasta aquí,
me ha encargado entregarte sus obsequios.

PLATÉE
¡Dámelos, dámelos, me da lo mismo!

MOMO
Éstas son las lágrimas...

PLATÉE
¿Qué?...

MOMO
Tiernos dolores...

PLATÉE
¿Qué?...

MOMO
Gritos... Amarguras...

(La música describe los diferentes presentes
que Momo trae a Platée en nombre de Amor.)

PLATÉE
¿Qué, qué? ¡Son todos infortunios!
Si él quiere que yo ame, debe darme alegrías.

MOMO
¡Ah! Acepta al menos la lisonjera esperanza.

(La sinfonía pinta del mismo modo a la
esperanza.)

PLATÉE
¡Bah, tu esperanza
es sólo sufrimiento,
es una verdadera muestra de fastidio!
¡Bah, fuera con ella!

(La Locura lleva a Momo a un lado de la escena
y éste se muestra avergonzado.)

LA LOCURA
(a Momo, mientras lo ridiculiza)
Arroja tus dardos Amor, agota tu aljaba,
extiende hasta nosotros tu victoria.
¡Agrega a tu gloria una nueva hazaña!

(Se oye un nuevo preludio.)

PLATÉE
¿Qué ruido es ése?...

MOMO
¡Venid, gentiles Gracias!

(Tres servidores de Momo, disfrazados
de Gracias entran en escena.)

Escena Quinta

MOMO
(a Platée)
Amor está tan celoso de tu gloria,
que quiere que sus sirvientas, las Gracias,
te sigan a donde vayas para poder
tener noticias tuyas permanentemente.

(Las tres supuestas gracias, seguidores de Momo,
bailan cómicamente. La Locura las alienta
tocando su lira.)

PLATÉE
Creí las Gracias eran insípidas,
pero viendo sus armoniosos saltos...

LA LOCURA
¡Admirad los efectos de mi gran arte!
De pronto las hago aparecer animadas,
de pronto inocentes o ingenuas,
pero siempre entregándose a sus excesos.

(Se oye una melodía campestre)

PLATÉE
Pero, ¿quién viene ahora?

Escena Sexta

(Llega Citerón seguido de un gran número
de habitantes del país)

CITERÓN
(a Platée.)
Ninfa,
tu conquista levanta tanto alboroto,
que los habitantes de todas las aldeas vecinas
están excitados y en este gran día,
quieren tomar parte de esta augusta fiesta.

(Los habitantes del país entrecruzan sus danzas
con la de los sátiros y dríadas.)

CITERÓN
(a sus súbditos.)
¡Platée ha conquistado
al más grande de los inmortales!
¡Engalanad la fiesta de su triunfo,
y preparad el altar para la ceremonia!

(Ballet.)

LA LOCURA
(a los diferentes grupos de bailarines.)
¡Cantad a Platée, alegraos,
cantad el poder de sus encantos!

CORO
¡Cantemos a Platée y divirtámonos,
cantemos el poder de sus encantos!

TODOS
El dios que ante ella rinde sus armas...

LA LOCURA, CORO
Os va a /nos va a llenar
de bendiciones.
¡Cantad, danzad, brincad, todos!

LA LOCURA
¡Cantad a Platée, animaos!

LA LOCURA, EL CORO
¡Cantad / Cantemos el poder de sus encantos!

(bailan en cada repetición y al final de los
diferentes coros.)

JÚPITER
(a Mercurio, aparte, al borde del escenario)
Es el momento de terminar la farsa,
pero, Juno no viene.

MERCURIO
Ella está cerca de aquí.

(Júpiter va y tomar a Platée de la mano.)

JÚPITER
Que el solemne compromiso...

(Platée parece dudar de darle la mano a Júpiter)

Pero ¿de dónde proviene este temor?
¿Dudas acaso, del poder de tus ojos?

PLATÉE
Pienso en tu anterior esposa.

JÚPITER
¡Y qué más da! ¿Qué temes de ella?

PLATÉE
Dicen que es muy celosa.

JÚPITER
Dejemos que desate su impotente cólera.
Para celebrar esta boda legítima,
yo juro... juro... juro...

(Júpiter repite esta última palabra varias veces,
mientras mira si Juno viene.)

Escena Séptima

(Juno llega furiosa seguida de Iris)

JUNO
¡Detente, ingrato,
no cometerás tan horrible adulterio!
Feliz en mi furia,
puedo atrapar a mi víctima.

(se arroja sobre Platée que intenta esconderse
tras de Júpiter, pero Juno logra quitarle el velo.)

¡Qué veo! ¡Oh, cielos!

JÚPITER
(a Juno con una sonrisa.)
¿Ahora ves tu error?

(Platée sale furiosa con todas sus ninfas.)

JUNO
¡Mi sorpresa es inmensa,
qué confusión sigue a mi dolor!

JÚPITER
¿Dudas todavía de mi amor?

JUNO
No. Has restablecido la calma en mi corazón.

JUNTOS
Renovemos nuestro compromiso.

JUNO, JÚPITER
Tu fidelidad responde a la mía.
Mi corazón responde a tus más íntimos deseos.

JUNO, JÚPITER
¡Bienaventurados los corazones que sufren dolor,
ay, por causa de otros!
Esto nos lleva al placer.
Renovemos nuestro matrimonio.

JÚPITER
Dejemos este lugar,
y subamos a la gran morada.
No le corresponde a la tierra retener
por más tiempo al soberano de los dioses.

(Júpiter y Juno suben al cielo junto con Iris
y Momo, envueltos en nubes. Mercurio vuela
delante de ellos. La Locura permanece en la
tierra. Platée es arrastrada a un costado de la
escena por un grupo de mujeres y sus hijos que
la rodean y se mofan de ella.)

Escena Final

(PlatÉe, Citerón, la Locura, los coros de sátiros,
dríades y habitantes del país)

LA LOCURA, COROS
¡Cantemos a Platée y divirtámonos,
cantemos el poder de sus encantos!

(Diferentes grupos de bailarines danzan
ridiculizando y mofándose de Platée.)

PLATÉE
(furiosa)
¡Callad, o por la muerte,
que os castigaré a todos!

COROS
El dios que ante ella rindió sus armas,
nos colmará de bienes.
¡Cantemos, bailemos y saltemos todos!

(ballet.)

PLATÉE
¡Qué! ¿Tan poco teméis mi cólera?
Enturbiaré, enlodaré las aguas
y desde la profundidad de mi cueva subterránea,
me vengaré de todos vosotros.

COROS
¡Cantemos a Platée y animémonos,
cantemos el poder de sus encantos.

(ballet.)

PLATÉE
¡Callad, o por la muerte,
que os castigaré a todos!

(a Citerón al que toma del cuello.)

¡Mira mi rabia, tiembla de miedo
pues de este ultraje te acuso sólo a ti!

CITERÓN
¿A mí?

PLATÉE
¡Sí, a ti!

CITERÓN
¡Acusa al ingrato que te engañó!

PLATÉE
¡Sólo te acuso a ti, sólo a ti!

COROS
¡Cantemos a Platée y divirtámonos,
cantemos el poder de sus encantos!

PLATÉE
¡Qué!
¿Pretendéis desafiar mis golpes?
¡Corramos,
vamos contra ellos para desatar mi ira!

(Platee sigue su curso y se precipita en el
pantano. La Locura toma consigo los diferentes
grupos de bailarines y continúa celebrando la
reconciliación de Júpiter y Juno.)



Escaneado y traducido por:
José Luis Roviaro 2010