ACTE  IV                                                                  


Scène 1

(Un appartement dans le château)

PELLÉAS
Où vas-tu?
Il faut que je te parle ce soir.
Te verrai-je? 

MÉLISANDE
Oui.

PELLÉAS
Je sors de la chambre de mon père.
Il va mieux.
Le médecin nous a dit
qu'il était sauvé... 
Il m'a reconnu.
Il m'a pris la main
et il m'a dit de cet air étrange 
qu'il a depuis qu'il est malade:
«Est-ce toi, Pelléas?
Tiens, 
je ne l'avais jamais remarqué,
mais tu as le visage 
grave et amical
de ceux qui ne vivront pas
longtemps...
Il faut voyager; 
il faut voyager...»
C'est étrange, 
je vais lui obéir...
Ma mère l'écoutait 
et pleurait de joie.
Tu ne t'en es pas aperçue?
Toute la maison 
semble déjà revivre.
On entend respirer, 
on entend marcher...
Ecoute; j'entends parler
derrière cette porte.
Vite, vite, réponds vite,
où te verrai-je? 

MÉLISANDE
Où veux-tu?

PELLÉAS
Dans le parc, près de la fontaine 
des aveugles?
Veux-tu? Viendras-tu? 

MÉLISANDE
Oui.

PELLÉAS
Ce sera le dernier soir.
Je vais voyager 
comme mon père l'a dit.
Tu ne me verras plus...

MÉLISANDE
Ne dis pas cela, Pelléas...
Je te verrai toujours;
je te regarderai toujours... 

PELLÉAS
Tu auras beau regarder...
je serai si loin
que tu ne pourras plus me voir... 

MÉLISANDE
Qu'est-il arrivé, Pelléas?
Je ne comprends plus ce que tu dis.

PELLÉAS
Va-t'en, séparons-nous.
J'entends parler 
derrière cette porte. 

(Il sort)

ACTO  IV


Escena 1

(Una sala en el castillo)

PELLÉAS
¿Adónde vas?
Esta noche tengo que hablarte.
¿Te podré ver?

MELISENDA
Sí.

PELLÉAS
Salgo de la alcoba de mi padre.
Está mejor.
El médico dijo 
que se ha salvado...
Me reconoció.
Me tomó de la mano
y, con ese aire 
extraño que tiene
desde que se enfermó, me dijo:
«¿Eres tú, Pelléas?
Vaya, nunca lo había 
observado antes, 
pero tienes el rostro 
serio y sereno 
de aquellos que no vivirán 
mucho tiempo...
tienes que viajar, 
tienes que viajar...»
Es extraño, 
voy a obedecerle...
Mi madre lo escuchaba
y lloraba de alegría.
¿No lo has advertido?
Toda la casa 
parece haber revivido.
Se oye respirar, caminar...
Escucha: oigo que alguien habla
detrás de la puerta.
Rápido, rápido, respóndeme,
¿Dónde te veré?

MELISENDA
¿Adónde quieres?

PELLÉAS
¿En el parque, junto a la fuente 
de los ciegos? 
¿Quieres? ¿Vendrás?

MELISENDA
Sí.

PELLÉAS
Será la última noche.
Voy a viajar, 
como me ha dicho mi padre.
Ya no me verás más...

MELISENDA
No digas eso, Pelléas...
Siempre te veré,
siempre te miraré...

PELLÉAS
Por más que mires...
estaré tan lejos
que ya no me podrás ver...

MELISENDA
¿Qué sucede, Pelléas?
No entiendo lo que estás diciendo.

PELLÉAS
Vete, separémonos.
Oigo hablar 
detrás de esta puerta.

(Sale)

Scène 2

(Entre Arkel)

ARKEL
Maintenant que le père de Pelléas 
est sauvé et que la maladie,
la vieille servante de la mort, 
a quitté le château,
un peu de joie et un peu de soleil 
vont enfin rentrer dans la maison.
Il était temps!
Car depuis ta venue,
on n'a vécu ici qu'en chuchotant 
autour d'une chambre fermée...
Et vraiment, j'avais pitié de toi,
Mélisande...
Je t'observais, tu étais là,
insouciante peut-être,
mais avec l'air étrange 
et égaré de quelqu'un 
qui attendrait toujours
un grand malheur, au soleil,
dans un beau jardin...
Je ne puis pas expliquer...
Mais j'étais triste 
de te voir ainsi,
car tu es trop jeune et trop belle 
pour vivre déjà jour et nuit 
sous l'haleine de la mort...
Mais à présent 
tout cela va changer.
A mon âge, et c'est peut-être là 
le fruit le plus sûr de ma vie,
à mon âge, 
j'ai acquis je ne sais 
quelle foi à la fidélité 
des événements,
et j'ai toujours vu que tout être 
jeune et beau 
créait autour de lui
des événements jeunes,
beaux et heureux...
Et c'est toi, maintenant,
qui vas ouvrir la porte
à l'ère nouvelle que j'entrevois...
Viens ici; 
pourquoi restes-tu là 
sans répondre 
et sans lever les yeux?
Je ne t'ai embrassée
qu'une seule fois jusqu'ici,
le jour de ta venue;
et cependant les vieillards
ont besoin quelquefois,
de toucher de leurs lèvres
le front d'une femme
ou la joue d'un enfant,
pour croire encore 
à la fraîcheur de la vie 
et éloigner un moment 
les menaces de la mort.
As-tu peur 
de mes vieilles lèvres?
Comme j'avais pitié de toi 
ces mois-ci!...

MÉLISANDE
Grand-père, 
je n'étais pas malheureuse. 

ARKEL
Laisse-moi te regarder ainsi, 
de tout près, un moment!...
On a tant besoin de beauté
aux côtés de la mort... 

(Entre Goulaud)

GOLAUD
Pelléas part ce soir.

ARKEL
Tu as du sang sur le front.
Qu'as-tu fait?

GOLAUD
Rien, rien...
J'ai passé au travers 
d'une haie d'épines... 

MÉLISANDE
Baissez un peu la tête, seigneur...
Je vais essuyer votre front... 

GOLAUD
Je ne veux pas que tu me touches,
entends-tu? Va-t'en!
Je ne te parle pas.
Où est mon épée?
Je venais chercher mon épée... 

MÉLISANDE
Ici, sur le prie-Dieu.

GOLAUD
Apporte-la.

Escena 2

(Entra Arkel)

ARKEL
Ahora que el padre de Pelléas 
se ha salvado,
y que la enfermedad,
vieja sirvienta de la muerte, 
ha abandonado el castillo,
por fin volverán a entrar en él
un poco de alegría y de sol...
¡Ya era hora!
Ya que desde tu llegada,
aquí sólo se ha vivido 
susurrando alrededor 
de una habitación cerrada...
Y, en verdad, 
he sentido compasión por ti,
Melisenda...
Te observaba, 
estabas allá, despreocupada quizás,
pero con ese aire extraño, 
extraviado,
de alguien que siempre está
esperando una desgracia, 
al sol, en un hermoso jardín...
No puedo explicarlo...
Pero yo estaba triste de verte así,
puesto que tú eres 
demasiado joven y bella
para vivir día y noche
bajo el hálito de la muerte...
Pero ahora, todo eso va a cambiar.
A mi edad, 
y quizás sea éste el fruto
más importante de mi vida,
a mi edad, he adquirido
una inexplicable fe en
la fidelidad de los hechos,
y he visto siempre que
todo ser joven y bello
crea a su alrededor
hechos juveniles, 
bellos y felices...
Y ahora eres 
tú quien abrirá la puerta
a la nueva era que yo vislumbro...
Ven aquí, ¿por qué te quedas ahí 
sin responder y sin 
levantar los ojos?
Hasta ahora yo no te he besado 
más que una vez, 
el día de tu llegada;
y, sin embargo, los ancianos, 
cada tanto necesitan tocar 
con sus labios 
la frente de una mujer,
o las mejillas de un niño, 
para seguir creyendo 
en la frescura de la vida, 
y alejar por un momento 
la amenaza de la muerte.
¿Tienes miedo de mis viejos labios?
¡Cuánta compasión he sentido por ti
todos estos meses!...

MELISENDA
No me sentí desdichada, 
abuelo.

ARKEL
¡Déjame mirarte así,
muy cerca, por un momento!...
Se tiene tanta necesidad de belleza
cuando la muerte está cerca de uno.

(Entra Golaud)

GOLAUD
Pelléas se marchará esta noche.

ARKEL
Tienes sangre en la frente. 
¿Qué has hecho?

GOLAUD
Nada, nada...
He atravesado
un seto de espinas...

MELISENDA
Bajad un poco la cabeza, señor...
Limpiaré vuestra frente...

GOLAUD
No quiero que me toques, 
¿has oído? ¡Vete!
No te hablaré más.
¿Dónde está mi espada?
He venido a buscar mi espada...

MELISENDA
Aquí, sobre el reclinatorio.

GOLAUD
Tráela.

(À Arkel)

On vient encore de trouver
un paysan mort de faim,
le long de la mer.
On dirait qu'ils tiennent 
tous à mourir sous nos yeux.

(À Mélisande)

Eh bien, mon épée?
Pourquoi tremblez-vous ainsi?
Je ne vais pas vous tuer.
Je voulais simplement 
examiner la lame.
Je n'emploie pas 
l'épée à ces usages.
Pourquoi m'examinez-vous
comme un pauvre?
Je ne viens pas 
vous demander l'aumône.
Vous espérez voir quelque chose
dans mes yeux,
sans que je voie quelque
chose dans les vôtres?
Croyez-vous que je sache 
quelque chose?

(À Arkel)

Voyez-vous ces grands yeux...
On dirait qu'ils sont fiers 
d'être riches... 

ARKEL
Je n'y vois qu'une
grande innocence...

GOLAUD
Une grande innocence!...
Ils sont plus grands 
que l'innocence!...
Ils sont plus pures que
les yeux d'un agneau...
Ils donneraient à Dieu
des leçons d'innocence!
Une grande innocence!
Ecoutez; j'en suis si près
que je sens la fraîcheur
de leurs cils quand ils clignent;
et cependant, je suis moins loin 
des grands secrets 
de l'autre monde
que du plus petit secret 
de ces yeux!...
Une grande innocence!...
Plus que de l'innocence!
On dirait que les anges du ciel 
y célèbrent sans cesse 
un baptême!...
Je les connais ces yeux!
Je les ai vus à l'oeuvre!
Fermez-les! Fermez-les!
Ou je vais les fermer 
pour longtemps!...
Ne mettez pas ainsi votre main 
à la gorge;
je dis une chose très simple...
Je n'ai pas d'arrière-pensée...
Si j'avais une arrière-pensée,
pourquoi ne la dirais-je pas?
Ah! ah! ne tâchez pas de fuir!
Ici! Donnez-moi cette main!
Ah! vos mains sont trop chaudes...
Allez-vous-en!
Votre chair me dégoûte!...
Allez-vous-en!
Il ne s'agit plus 
de fuir à présent!

(Il la saisit par les cheveux)

Vous allez me suivre à genoux! 
A genoux!
A genoux devant moi!
Ah! ah! vos longs cheveux
servent enfin à quelque chose!...
A droite et puis à gauche!
A gauche et puis à droite!
Absalon! Absalon!
En avant! en arrière!
Jusqu'à terre! jusqu'à terre...
Vous voyez.
Vous voyez; je ris déjà
comme un vieillard...
Ah! ah! ah! 

ARKEL
(accourant)
Golaud!

GOLAUD
(affectant une calme soudain) 
Vous ferez comme il vous plaira,
voyez-vous.
Je n'attache 
aucune importance à cela.
Je suis trop vieux; et puis,
je ne suis pas un espion.
J'attendrai le hasard;
et alors...
Oh! alors!...
Simplement parce que c'est l'usage;
simplement parce que c'est l'usage.

(Il sort)

ARKEL
Qu'a-t'il donc?
Il est ivre?

MÉLISANDE
(en larmes)
Non, non, mais il ne m'aime plus...
Je ne suis pas heureuse... 

ARKEL
Si j'étais Dieu, j'aurais pitié 
du coeur des hommes...

(A Arkel)

Han vuelto a encontrar
un campesino muerto de hambre, 
en la orilla del mar.
Se diría que todos están tratando 
de morir ante nuestros ojos.

(A Melisenda) 

Y bien, 
¿mi espada?
¿Por qué tiemblas así?
No voy a matarte.
Simplemente quería
examinar la hoja.
Nunca empleo la espada 
para ese fin.
¿Por qué me miras
como si fuera un pobre?
No vengo 
a pedirte limosna.
¿Esperas ver algo 
en mis ojos 
sin que yo vea nada 
en los tuyos?
¿Crees que sé algo?

(A Arkel)

Mirad esos grandes ojos...
Se diría que están orgullosos 
de ser ricos...

ARKEL
Yo no veo más que una
gran inocencia...

GOLAUD
¡Una gran inocencia!...
¡Son más grandes 
que la inocencia!...
Son más puros 
que los ojos de un cordero....
¡Podrían darle 
lecciones de inocencia a Dios!
¡Una gran inocencia!
Escuchad: estoy tan cerca que 
noto la frescura de sus pestañas
cuando parpadean; 
sin embargo, estoy menos alejado 
de los grandes misterios 
del más allá
que del secreto más pequeño
de esos ojos...
¡Una gran inocencia!...
¡Más que inocencia!
¡Se diría que 
los ángeles del cielo
celebran un eterno bautismo!...
¡Conozco esos ojos!
¡Los he visto en acción!
¡Ciérralos! ¡Ciérralos!
¡O yo los cerraré 
por mucho tiempo!...
No te pongas la mano 
en la garganta de ese modo;
estoy diciendo algo muy simple...
No tengo segundas intenciones...
Si tuviera otras intenciones 
¿por qué no te las habría de decir?
¡Ah! ¡ah! ¡No trates de huir!
¡Aquí! ¡Dame esa mano!
¡Ah! Tus manos están
demasiado calientes...
¡Fuera de aquí!
¡Tu carne me disgusta!...
¡Márchate!
¡Ahora no se trata de escapar!

(La toma por el cabello)

¡Me vas a seguir de rodillas! 
¡De rodillas!
¡De rodillas frente a mí!
¡Ah! ¡ah! ¡Tu larga cabellera 
al fin sirve para algo!
¡A la derecha y a la izquierda!
¡A la izquierda y a la derecha!
¡Absalón! ¡Absalón!*
¡Hacia adelante! ¡Hacia atrás! 
¡Al suelo! Al suelo. 
Mira mira.
Mira; ya me río 
como un anciano...
¡Ah! ¡ah! ¡ah!

ARKEL
(Acudiendo)
¡Golaud!

GOLAUD
(Fingiendo una repentina calma)
Haz lo que quieras.
Tu verás...
No doy ninguna importancia a esto.
Soy demasiado viejo; 
y, además, 
no soy un espía.
Esperaré la ocasión; 
y entonces...
¡Oh! entonces...
Simplemente por que es costumbre,
simplemente por que es costumbre

(Sale)

ARKEL
¿Qué le pasa?
¿Está borracho?

MELISENDA
(Llorando)
No, no, pero ya no me ama...
No soy feliz...

ARKEL
Si yo fuera Dios, tendría piedad 
del corazón de los hombres...

Scène 3

(Une fontaine dans le parc. On 
découvre le petit Yniold qui
cherche à soulever un quartier
de roc) 

YNIOLD
Oh! cette pierre est lourde!...
Elle est plus lourde que moi...
Elle est plus lourde 
que tout le monde.
Elle est plus lourde que tout...
Je vois ma balle d'or 
entre le rocher 
et cette méchante pierre.
Et je ne puis pas y atteindre...
Mon petit bras 
n'est pas assez long 
et cette pierre ne veut pas 
être soulevée...
On dirait qu'elle a 
des racines dans la terre... 

(On entend au loin les bêlements
d'un troupeau) 

Oh! oh! j'entends pleurer 
les moutons...
Tiens! Il n'y a plus de soleil...
Ils arrivent les petits moutons; 
ils arrivent...
Il y en a!...Il y en a!...
Ils ont peur du noir...
Ils se serrent! ils se serrent!
Ils pleurent...et ils vont vite!...
Il y en a qui voudraient
prendre à droite...
Ils voudraient tous aller à droite.
Ils ne peuvent pas!...
Le berger leur jette de la terre!
Ah! ah! Ils vont passer par ici...
Je vais les voir de près.
Comme il y en a!...
Maintenant ils se taisent tous...
Berger! 
Pourquoi ne parlent-ils plus?

LE BERGER
(qu'on ne voit pas)
Parce que ce n'est pas
le chemin de l'étable!...

YNIOLD
Où vont-ils?
Berger? Berger?
Où vont-ils?...
Il ne m'entend plus.
Ils sont déjà trop loin...
Ils ne font plus de bruit...
Ce n'est pas le chemin de l'étable.
Où vont-ils dormir cette nuit?
Oh! oh! il fait trop noir...
Je vais dire quelque chose 
à quelqu'un... 

(Il sort)

Scène 4

(Entre Pelléas)

PELLÉAS
C'est le dernier soir...
le dernier soir...
Il faut que tout finisse...
J'ai joué comme un enfant
autour d'une chose que
je ne soupçonnais pas...
J'ai joué en rêve autour
des pièges de la destinée...
Qui est-ce qui m'a réveillé 
tout à coup?
Je vais fuir en criant
de joie et de douleur
comme un aveugle qui 
fuirait l'incendie de se maison...
Je vais lui dire 
que je vais fuir...
Il est tard; elle ne vient pas...
Je ferais mieux de m'en aller 
sans la revoir...
Il faut que je la regarde
bien cette fois-ci...
Il y a des choses que
je ne me rappelle plus...
on dirait, par moments 
qu'il y a cent ans
que je ne l'ai plus vue...
Et je n'ai pas encore 
regardé son regard...
Il ne me serte rien
si je m'en vais ainsi...
Et tous ces souvenirs...
C'est comme si j'emportais 
un peu d'eau dans 
un sac de mousseline...
Il faut que je la voie 
une dernière fois,
jusqu'au fond de son coeur...
Il faut que je lui dise tout 
ce que je n'ai pas dit... 

(Entre Mélisande)

Escena 3

(Una fuente en el parque. 
Se ve al pequeño Yniold 
tratando de levantar una 
piedra)

YNIOLD
¡Oh! 
¡Esta piedra pesa mucho!...
Es más pesada que yo...
Más pesada que todo el mundo.
Más pesada que todo...
Veo mi pelotita dorada
entre la roca 
y esta piedra malvada.
Y no puedo alcanzarla...
Mi pequeño brazo 
no es lo bastante largo 
y esta piedra 
no quiere ser levantada...
Parecería que tiene
raíces en la tierra...

(A lo lejos se oyen los balidos
de un rebaño.)

¡Oh! ¡Oh! Oigo llorar 
a los corderitos...
¡Vaya! Ya no hay sol...
Llegan los corderitos, 
ya llegan...
¡Hay muchos!...¡Hay muchos!...
Tienen miedo de la oscuridad...
¡Se juntan entre sí! 
¡Se estrechan!
Lloran...y corren ligero...
Hay algunos que querrían
ir hacia la derecha...
Todos querrían ir hacia la derecha.
¡No pueden!...
¡El pastor les arroja tierra!...
¡Ah! ¡ah! quieren pasar por aquí...
Los voy a ver de cerca.
¡Cuántos son!
Ahora se callan todos...
¡Pastor! ¿Por qué no hablan más?

EL PASTOR
(Que no se ve)
¡Porque éste no es el
camino al establo!

YNIOLD
¿Adónde van?
¿Pastor? ¿Pastor?
¿Adónde van?...
No me oye.
Ya están demasiado lejos...
Ya no hacen ruido...
No es el camino hacia el establo.
¿Adónde van a dormir esta noche?
¡Oh! ¡oh! Está muy oscuro...
Voy a decirle una cosa
a alguien...

(Sale)

Escena 4

(Entra Pelléas)

PELLÉAS
Es la última noche...
la última...
Todo debe terminar...
Jugué como un niño
alrededor de una cosa
que no sospechaba...
Jugué, en sueños, 
en torno a las trampas 
del destino...
¿Quién me ha despertado de golpe?
Voy a huir gritando 
de alegría y dolor 
como si fuera un ciego 
que huye del incendio 
de su casa...
Voy a decirle que huiré...
Es tarde; 
ella no viene...
Haría mejor 
en irme sin verla...
Tengo que mirarla 
muy bien esta vez...
Hay cosas que ya no recuerdo 
más... por momentos, 
me parece que hace 
cien años que no la veo...
Y todavía 
no he mirado sus ojos...
Nada me quedará 
si me voy así...
Y todos esos recuerdos...
Es como si me llevara
un poco de agua 
en una bolsa de muselina...
Tengo que verla 
por última vez,
hasta el fondo de su corazón...
Tengo que decirle 
todo lo que no le he dicho...

(Entra Melisenda)

MÉLISANDE
Pelléas!

PELLÉAS
Mélisande!
Est-ce toi, Mélisande?

MÉLISANDE
Oui.

PELLÉAS
Viens ici, ne reste pas
au bord du clair de lune.
Viens ici.
Nous avons tant de choses 
à nous dire...
Viens ici, dans l'ombre du tilleul. 

MÉLISANDE
Laissez-moi dans la clarté...

PELLÉAS
On pourrait nous voir
des fenêtres de la tour.
Viens ici; ici,
nous n'avons rien à craindre.
Prends garde; 
on pourrait nous voir!

MÉLISANDE
Je veux qu'on me voie...

PELLÉAS
Qu'as-tu donc?
Tu as pu sortir 
sans qu'on s'en soit aperçu? 


MÉLISANDE
Oui, votre frère dormait...

PELLÉAS
Il est tard; dans une heure 
on fermera les portes.
Il faut prendre garde.
Pourquoi es-tu venue si tard?

MÉLISANDE
Votre frère avait un mauvais rêve.
Et puis ma robe s'est accrochée 
aux clous de la porte.
Voyez, elle est déchirée.
J'ai perdu tout ce temps
et j'ai couru... 

PELLÉAS
Ma pauvre Mélisande!
J'aurais presque peur 
de te toucher...
Tu es encore hors d'haleine
comme un oiseau pourchassé...
C'est pour moi 
que tu fais tout cela?
J'entends battre ton coeur
comme si c'était le mien...
Viens ici...plus près de moi...

MÉLISANDE
Pourquoi riez-vous?

PELLÉAS
Je ne ris pas;
ou bien je ris de joie,
sans le savoir...
Il y aurait plutôt 
de quoi pleurer... 

MÉLISANDE
Nous sommes venus ici 
il y a bien longtemps...
Je me rappelle... 

PELLÉAS
Oui...il y a de longs mois.
Alors, je ne savais pas...
Sais-tu pourquoi 
je t'ai demandé de venir ce soir?

MÉLISANDE
Non.

PELLÉAS
C'est peut-être la dernière
fois que je te vois...
Il faut que je m'en aille 
pour toujours...

MÉLISANDE
Pourquoi dis-tu toujours 
que tu t'en vas?...

PELLÉAS
Je dois te dire 
ce que tu sais déjà!
Tu ne sais pas 
ce que je vais te dire?

MÉLISANDE
Mais non, mais non;
je ne sais rien....

MELISENDA
¡Pelléas!

PELLÉAS
¡Melisenda!
¿Eres tú, Melisenda?

MELISENDA
Sí.

PELLÉAS
Ven aquí, no te quedes
en el límite de la luz de la luna. 
Ven aquí. 
Tenemos tantas cosas que
decirnos...
Ven aquí, bajo la sombra del tilo.

MELISENDA
Déjame en la claridad...

PELLÉAS
Nos podrían ver desde
las ventanas de la torre.
Ven aquí; aquí 
no tenemos nada que temer.
¡Ten cuidado, 
nos podrían ver!

MELISENDA
Quiero que me vean...

PELLÉAS
¿Qué te sucede?
¿Has podido salir 
sin que te vieran?


MELISENDA
Sí, tu hermano dormía...

PELLÉAS
Es tarde; dentro de una hora 
se cerrarán las puertas. 
Hay que tener cuidado. 
¿Por qué has venido tan tarde?

MELISENDA
Tu hermano tuvo una pesadilla.
Y luego, mi vestido se enganchó 
en los clavos de la puerta.
Mira, está desgarrado.
Perdí todo ese tiempo
y he corrido...

PELLÉAS
¡Mi pobre Melisenda!
Casi tengo miedo 
de tocarte...
Todavía estás sin aliento
como un ave perseguida...
¿Es por mí 
que haces todo esto?
Oigo tu corazón latiendo
como si fuera el mío...
Ven aquí...más cerca de mí...

MELISENDA
¿De qué te ríes?

PELLÉAS
No me río;
o bien, me río de dicha,
sin saberlo...
En cambio tendría más
motivos para llorar...

MELISENDA
Vinimos aquí
hace ya mucho tiempo...
Lo recuerdo...

PELLÉAS
Sí...hace muchos meses.
Entonces, yo no sabía...
¿Sabes por qué te he pedido 
que vinieras esta noche?

MELISENDA
No.

PELLÉAS
Quizás sea la última
vez que te vea...
Tengo que alejarme
para siempre...

MELISENDA
¿Por qué siempre dices
que te vas?...

PELLÉAS
Debo decirte 
lo que tú ya sabes.
¿No sabes 
lo que voy a decirte?

MELISENDA
Pero, no, no,
no sé nada...

PELLÉAS
Tu ne sais pas pourquoi
il faut que je m'éloigne...
Tu ne sais pas que c'est 
parce que... je t'aime... 

(Il l'embrasse brusquement)

MÉLISANDE
(à boix basse)
Je t'aime aussi...

PELLÉAS
Oh! qu'as-tu dit, Mélisande!...
Mélisande!
Je ne l'ai presque pas entendu!
On a brisé la glace 
avec des fers rougis!...
Tu dis cela d'une voix
qui vient du bout du monde!...
Je ne t'ai presque pas entendue...
Tu m'aimes?
tu m'aimes aussi?...
Depuis quand m'aimes-tu?

MÉLISANDE
Depuis toujours...
Depuis que je t'ai vu...

PELLÉAS
On dirait que ta voix 
a passé sur la mer au printemps!
Je ne l'ai jamais entendue 
jusqu'ici...
On dirait qu'il a plu 
sur mon coeur!
Tu dis cela si franchement!...
Comme un ange qu'on interroge...
Je ne puis pas le croire,
Mélisande...
Pourquoi m'aimerais-tu?
Mais pourquoi m'aimes-tu?
Est-ce vrai ce que tu dis?
Tu ne me trompes pas?
Tu ne mens pas un peu,
pour me faire sourire?...

MÉLISANDE
Non, je ne mens jamais;
je ne mens qu'à ton frère...

PELLÉAS
Oh! comme tu dis cela!...
Ta voix! ta voix...
Elle est plus fraîche
et plus franche que l'eau!...
On dirait de l'eau pure 
sur mes lèvres!...
On dirait de l'eau pure 
sur mes mains...
Donne-moi, donne-moi tes mains.
Oh! tes mains sont petites!...
Je ne savais pas 
que tu étais si belle!...
Je n'avais jamais rien vu 
d'aussi beau avant toi...
J'étais inquiet, 
je cherchais partout
dans la maison...
Je cherchais partout 
dans la campagne, 
et je ne trouvais pas la beauté...
Et maintenant je t'ai trouvée...
Je l'ai trouvée!...
Je ne crois pas qu'il y ait 
sur la terre
une femme plus belle!...
Où es-tu?
Je ne t'entends plus respirer... 

MÉLISANDE
C'est que je te regarde...

PELLÉAS
Pourquoi me regardes-tu 
si gravement?
Nous sommes déjà dans l'ombre.
Il fait trop noir sous cet arbre.
Viens dans la lumière.
Nous ne pouvons pas voir
combien nous sommes heureux.
Viens, viens; il nous reste 
si peu de temps...

MÉLISANDE
Non, non, restons ici...
Je suis plus près de toi
dans l'obscurité... 

PELLÉAS
Où sont tes yeux?
Tu ne vas pas me fuir?
Tu ne songes pas à moi
en ce moment... 

MÉLISANDE
Mais si, je ne songe qu'à toi...

PELLÉAS
Tu regardais ailleurs...

MÉLISANDE
Je te voyais ailleurs...

PELLÉAS
Tu es distraite... 
Qu'as-tu donc?
Tu ne me sembles pas heureuse... 

PELLÉAS
No sabes por qué tengo
que alejarme...
Tú no sabes que es 
porque... te amo...

(La abraza bruscamente)

MELISENDA
(En voz baja)
Yo también te amo...

PELLÉAS
¡Oh! ¡Qué has dicho, Melisenda!...
¡Melisenda!
¡Casi no lo he oído!
¡El hielo se ha roto 
con hierros candentes!...
¡Dices eso con una voz
que viene del confín del mundo!
Yo casi no te he oído...
¿Me amas?
¿Tú también me amas?...
¿Desde cuándo me amas?

MELISENDA
Desde siempre...
Desde que te vi...

PELLÉAS
¡Parece que tu voz ha pasado 
por el mar en primavera!
Nunca la había oído hasta ahora...
¡Como si hubiera llovido
sobre mi corazón!
¡Lo dices tan abiertamente !...
Como un ángel 
al ser interrogado...
No puedo creerlo, 
Melisenda...
¿Por qué me amarías?
¿Por qué me amas?
¿Es verdad lo que dices?
¿No me engañas?
¿No me mientes un poco
para hacerme sonreír?...

MELISENDA
No, yo jamás miento;
solamente le miento a tu hermano...

PELLÉAS
¡Oh! ¡Cómo dices eso!...
¡Tu voz! tu voz...
Es más fresca y más
límpida que el agua...
¡Parece agua pura 
sobre mis labios!...
Parece agua pura 
sobre mis manos...
Dame, dame tus manos.
¡Oh, qué pequeñas 
son tus manos!
¡Yo no sabía 
qué eras tan bella!...
¡Nunca había visto nada
tan hermoso como tú!...
Estaba inquieto, 
buscaba por todos lados 
en la casa, 
en la campiña,
y no encontraba la belleza...
Y ahora te he encontrado...
¡La he encontrado!...
¡No creo que haya 
sobre la tierra 
una mujer más bella que tú!...
¿Dónde estás?
No te oigo respirar...

MELISENDA
Es que te estoy mirando...

PELLÉAS
¿Por qué me miras tan seria?
Ya estamos en la sombra.
Está muy oscuro 
bajo este árbol.
Ven a la luz.
No podemos ver 
cuán felices somos.
Ven, ven, 
nos queda tan poco tiempo...

MELISENDA
No, no, quedémonos aquí...
Estoy más cerca de ti 
en la oscuridad...

PELLÉAS
¿Dónde están tus ojos?
¿No vas a huir?
En este momento 
no estás pensando en mí...

MELISENDA
Pero si no pienso más que en ti...

PELLÉAS
Mirabas hacia otro lado...

MELISENDA
Te veía en otro lado...

PELLÉAS
Estás distraída...
¿Qué tienes?
No pareces feliz...

MÉLISANDE
Si, si; je suis heureuse,
mais je suis triste... 

PELLÉAS
Quel est ce bruit?

(Pause)

On ferme les portes!

MÉLISANDE
Oui, on a fermé les portes...

PELLÉAS
Nous ne pouvons plus rentrer?
Entends-tu les verrous?
Ecoute! Ecoute...
Les grandes chaînes!
Il est trop tard,
il est trop tard!

MÉLISANDE
Tant mieux!
tant mieux!

PELLÉAS
Tu? Voilà, voilà!...
Ce n'est plus nous 
qui le voulons!
Tout est perdu, tout est sauvé!
Tout est sauvé ce soir!
Viens! viens...
Mon coeur bat comme un fou
jusqu'au fond de ma gorge... 

(Il l'enlace)

Ecoute! 
Mon coeur est sur le point 
de m'étrangler...Viens!
Ah! qu'il fait beau 
dans les ténèbres...

MÉLISANDE
Il y a quelqu'un derrière-nous!...

PELLÉAS
Je ne vois personne.

MÉLISANDE
J'ai entendu du bruit...

PELLÉAS
Je n'entends que ton coeur 
dans l'obscurité... 

MÉLISANDE
J'ai entendu craquer
les feuilles mortes...

PELLÉAS
C'est le vent qui
s'est tu tout à coup...
Il est tombé pendant
que nous nous embrassions. 

MÉLISANDE
Comme nos ombres sont grandes 
ce soir!

PELLÉAS
Elles s'enlacent jusqu'au
fond du jardin!...
Ah! qu'elles s'embrassent 
loin de nous!...
Regarde! Regarde! 

MÉLISANDE
(d'une voix étouffée)
Ah! Il est derrière un arbre!

PELLÉAS
Qui?

MÉLISANDE
Golaud!

PELLÉAS
Golaud? Où donc?
Je ne vois rien!

MÉLISANDE
Là...
au bout de nos ombres...

PELLÉAS
Oui, oui; je l'ai vu... 
Ne nous retournons pas
brusquement... 

MÉLISANDE
Il a son épée...

PELLÉAS
Je n'ai pas la mienne...

MÉLISANDE
Il a vu que nous nous embrassions

PELLÉAS
Il ne sait pas que nous l'avons vu.
Ne bouge pas; 
ne tourne pas la tête...
Il se précipiterait...
Il nous observe...
Il est encore immobile...
Va-t'en, va-t'en,
tout de suite par ici...
Je l'attendrai...
Je l'arrêterai... 

MÉLISANDE
Non, non!...

PELLÉAS
Va-t'en,...
Il a tout vu...
Il nous tuera!

MÉLISANDE
Tant mieux! tant mieux!

PELLÉAS
Il vient!
Ta bouche!...
Ta bouche!...

MÉLISANDE
Oui!...Oui!...Oui!...

(Ils s'embrassent éperduement)

PELLÉAS
Oh! oh! Toutes les étoiles tombent!

MÉLISANDE
Sur moi aussi! 
Sur moi aussi!...

PELLÉAS
Encore! Encore! donne!
donne! donne!

MÉLISANDE
Toute! toute! toute!

(Golaud se précipite sur eux 
l'épée à la main. Et frappe 
Pelléas qui tombe au bord de la
fontaine. Mélisande fuit 
épouvantée)

Oh! oh!
Je n'ai pas de courage!...
Je n'ai pas de courage...

(Golaud la porsuit à travers le
bois, en silence)
MELISENDA
Sí, sí, soy feliz,
pero estoy triste...

PELLÉAS
¿Qué es ese ruido?

(Pausa)

¡Están cerrando las puertas!

MELISENDA
Sí, han cerrado las puertas...

PELLÉAS
¿Ya no podemos entrar?
¿Oyes los cerrojos?
¡Escucha! Escucha...
¡La pesadas cadenas!
¡Es demasiado tarde,
demasiado tarde!

MELISENDA
¡Mucho mejor,
mucho mejor!

PELLÉAS
¿Tú? ¡Eso! ¡Eso!...
¡Ya no somos nosotros 
que lo queremos!
¡Todo está perdido, todo salvado!
¡Todo está salvado esta noche!
¡Ven! Ven...
Mi corazón palpita como un loco
hasta el fondo de mi garganta...

(La abraza.)

¡Escucha! 
Mi corazón está a punto 
de ahogarme... ¡Ven!
¡Ah! qué bien se está 
en la oscuridad...

MELISENDA
¡Hay alguien detrás de nosotros!

PELLÉAS
Yo no veo a nadie.

MELISENDA
Oí un ruido...

PELLÉAS
Yo sólo oigo tu corazón 
en la oscuridad...

MELISENDA
Oí el crujido 
de las hojas muertas...

PELLÉAS
Es el viento que se
ha callado de golpe...
Ha cesado mientras
nos besábamos.

MELISENDA
¡Qué grandes son nuestras sombras
esta noche!

PELLÉAS
¡Se enlazan hasta 
el fondo del jardín!...
¡Ah! ¡Se besan 
tan lejos de nosotros!
¡Mira! ¡Mira!

MELISENDA
(Con voz ahogada)
¡Ah! ¡Está detrás de un árbol!

PELLÉAS
¿Quién?

MELISENDA
¡Golaud!

PELLÉAS
¿Golaud? ¿Dónde?
¡No veo nada!

MELISENDA
Allá...
al final de nuestras sombras...

PELLÉAS
Sí, sí; lo vi...
No nos demos vuelta
bruscamente...

MELISENDA
Tiene su espada...

PELLÉAS
Yo estoy desarmado...

MELISENDA
Ha visto que nos besábamos

PELLÉAS
Él no sabe que lo vimos.
No te muevas, 
no gires la cabeza...
Se precipitaría...
Nos observa...
Todavía está inmóvil...
Vete, vete,
enseguida, por aquí...
Yo lo esperaré...
lo detendré...

MELISENDA
¡No, no!...

PELLÉAS
Vete...
Ha visto todo...
¡Nos matará!

MELISENDA
¡Tanto mejor! ¡tanto mejor!

PELLÉAS
¡Allá viene!
¡Tu boca...
tu boca!...

MELISENDA
¡Sí!... ¡Sí!... ¡Sí!...

(Se besan apasionadamente)

PELLÉAS
¡Oh, todas las estrellas caen!

MELISENDA
¡También sobre mí!
¡También sobre mí!...

PELLÉAS
¡Otra vez! ¡Otra vez! 
¡Bésame! ¡Bésame!

MELISENDA
¡Todo, todo, todo!

(Golaud se precipita sobre 
ellos espada en mano, hiriendo
a Pelléas  mortalmente el cual
cae al borde de la fuente. 
Melisenda huye espantada)

¡Oh! ¡Oh!
¡No tengo valor!...
No tengo valor...

(Golaud la persigue a través del
bosque, en silencio)


ACTE  V


Scène 1

(Une chambre dans le chàteau. 
On découvre Arkel, Golaud et le
médecin dans un coin de la 
chambre; Mélisande est étendue 
sur le lit)

LE MÉDECIN
Ce n'est pas 
de cette petite blessure
qu'elle peut mourir; 
un oiseau n'en serait pas mort...
ce n'est donc pas vous 
qui l'avez tuée,
mon bon seigneur; 
ne vous désolez pas ainsi...
Et puis il n'est pas dit
que nous ne la sauverons pas...

ARKEL
Non, non; il me semble
que nous nous taisons
trop malgré nous 
dans la chambre...
Ce n'est pas un bon signe...
Regardez comme elle dort...
lentement, lentement...
on dirait que son âme 
a froid pour toujours...

GOLAUD
J'ai tué sans raison!
Est-ce que ce n'est pas
à faire pleurer les pierres!...
Ils s'étaient embrassés
comme des petits enfants...
Ils étaient frère et soeur...
Et moi, moi tout de suite!...
Je l'ai fait malgré moi,
Voyez-vous...
Je l'ai fait malgré moi... 

LE MÉDECIN
Attention; je crois
qu'elle s'éveille... 

MÉLISANDE
Ouvrez la fenêtre...
ouvrez la fenêtre... 

ARKEL
Veux-tu que j'ouvre celle-ci,
Mélisande? 

MÉLISANDE
Non, non, la grande fenêtre...
c'est pour voir...

ARKEL
Est-ce que l'air de la mer
n'est pas trop froid ce soir ? 

LE MÉDECIN
Faites, faites...

MÉLISANDE
Merci... 
Est-ce le soleil qui se couche? 

ARKEL
Oui; c'est le soleil 
qui se couche sur la mer; 
il est tard.
Comment te trouves-tu, Mélisande?

MÉLISANDE
Bien, bien.
Pourquoi demandez-vous cela ?
Je n'ai jamais été mieux portante.
Il me semble cependant
que je sais quelque chose...

ARKEL
Que dis-tu ?
Je ne te comprends pas...

MÉLISANDE
Je ne comprends pas
non plus tout ce que je dis,
voyez-vous...
Je ne sais pas ce que je dis...
Je ne sais pas ce que je sais...
Je ne dis plus ce que je veux... 

ARKEL
Mais si, mais si...
Je suis tout heureux 
De t'entendre parler ainsi;
tu as eu un peau de délire
ces jours-ci, 
et l'on ne te comprenait plus...
Mais maintenant, 
tout cela est bien loin!...

MÉLISANDE
Je ne sais pas...
Etes-vous seul dans la chambre,
grand-père ? 

ARKEL
Non, il y a encore le médecin 
qui t'a guérie...



ACTO  V


Escena 1

(Una alcoba en el castillo. Se ve
a Arkel, Golaud y el médico en un
rincón.  Melisenda, que ha dado
a luz, está tendida sobre el 
lecho)

EL MÉDICO
De una herida tan pequeña 
no puede morir; 
no podría matar 
ni a un pájaro...
entonces, no sois vos,
querido señor, 
quien la ha matado, 
no os apenéis tanto...
Además, todavía no está dicho 
que no hemos de salvarla...

ARKEL
No, no, me parece que, 
a pesar nuestro,
estamos demasiado callados
en esta alcoba...
y eso no es un buen signo...
Mirad cómo duerme ella...
lentamente, lentamente...
se diría que su alma
se hubiera enfriado para siempre...

GOLAUD
¡He matado sin motivo!
¡Eso es suficiente para
hacer llorar a las piedras!...
Estaban abrazados 
como niños pequeños...
Eran hermano y hermana...
¡Y yo, yo, repentinamente!...
Yo lo hice, a pesar mío,
mirad...
yo lo hice...

EL MÉDICO
Atención, creo que se está
despertando...

MELISENDA
Abrid la ventana...
abrid la ventana...

ARKEL
¿Quieres que abra ésta, 
Melisenda?

MELISENDA
No, no, la gran ventana...
es para ver...

ARKEL
¿No está demasiado frío 
el aire del mar esta tarde?

EL MÉDICO
Hacedlo, hacedlo...

MELISENDA
Gracias...
¿Es el sol que se está ocultando?

ARKEL
Sí; es el sol 
que se oculta en el mar; 
ya es tarde.
¿Cómo te encuentras, Melisenda?

MELISENDA
Bien, bien.
¿Por qué me preguntáis eso?
Nunca me he sentido tan bien.
Sin embargo, me parece que 
yo sé algo...

ARKEL
¿Qué dices?
No te comprendo...

MELISENDA
Yo misma no comprendo muy bien
todo lo que digo,
¿sabéis?...
No sé lo que digo...
No sé lo que conozco...
No puedo decir lo que quiero...

ARKEL
Pero sí, pero sí...
Estoy muy feliz 
de oírte hablar así...
En estos días 
has estado delirando 
y no se te podía entender...
¡Pero ahora,
todo eso ha quedado muy atrás!

MELISENDA
No se nada...
¿Estáis sólo tú en la alcoba, 
abuelo?

ARKEL
No, todavía está el médico, 
que te ha curado...

MÉLISANDE
Ah !

ARKEL
Et puis il y a encore quelqu'un...

MÉLISANDE
Qui est-ce ?

ARKEL
C'est...il ne faut pas t'effrayer.
Il ne te veut pas
le moindre mal, 
sois-en sûre...
Si tu as peur, il s'en ira...
Il est très malheureux... 

MÉLISANDE
Qui est-ce ?

ARKEL
C'est...c'est ton mari...
C'est Golaud... 

MÉLISANDE
Golaud est ici ?
Pourquoi ne vient-il pas 
près de moi?

GOLAUD
(se trâinant vers le lit)
Mélisande...Mélisande... 

MÉLISANDE
Est-ce vous, Golaud?
Je ne vous reconnaissais 
presque plus...
C'est que j'ai le soleil
du soir dans les yeux...
Pourquoi regardez-vous les murs?
Vous avez maigri et vieilli...
Y-a-t'il longtemps 
que nous nous sommes vus?

GOLAUD
(à Arkel et au médecin)
Voulez-vous vous éloigner 
un instant,
mes pauvres amis...
Je laisserai la porte grande 
ouverte...
Un instant seulement...
Je voudrais lui dire quelque chose,
sans cela 
je ne pourrais pas mourir...
Voulez-vous?
Vous pouvez revenir tout de suite.
Ne me refusez pas cela...
Je suis un malheureux... 

(Sortant Arkel et le médecin avec
une grande émotion)

Mélisande, as-tu pitié de moi 
comme j'ai pitié de toi?
Mélisande...
Me pardonnez-tu, Mélisande? 

MÉLISANDE
Oui, oui, je te pardonne...
Que faut-il pardonner? 

GOLAUD
Je t'ai fait tant de mal, 
Mélisande...
Je ne puis pas te dire
le mal que je t'ai fait...
Mais je le vois, je le vois
si clairement aujourd'hui...
depuis le premier jour...
Et tout est de ma faute,
tout ce qui est arrivé,
tout ce qui va arriver...
Si je pouvais le dire,
tu verrais comme je le vois!...
Je vois tout, je vois tout!...
Mais je t'aime tant!...
Je t'aime tant!...
Mais maintenant,
quelqu'un va mourir...
C'est moi qui vais mourir...
Et je voudrais savoir...
Je voudrais te demander...
Tu ne m'en voudras pas?
Il faut dire la vérité
à quelqu'un qui va mourir...
Il faut qu'il sache la vérité,
sans cela 
il ne pourrait pas dormir...
Me jures-tu de dire la vérité? 

MÉLISANDE
Oui.

MELISENDA
¡Ah!

ARKEL
Y también hay alguien más...

MELISENDA
¿Quién es?

ARKEL
Es...pero no tienes que asustarte.
Él no quiere hacerte 
el menor daño...
debes estar segura...
Si tienes miedo, se irá...
Es muy desdichado...

MELISENDA
¿Quién es?

ARKEL
Es...es tu marido...
Es Golaud...

MELISENDA
¿Golaud está aquí?
¿Y por qué no se acerca más
a mí?

GOLAUD
(Se dirige al lecho)
Melisenda...Melisenda...

MELISENDA
¿Sois vos, Golaud?
Apenas os he reconocido...
Es porque tengo el sol de poniente 
en los ojos...
¿Por qué miráis las paredes?
Habéis adelgazado 
y envejecido...
¿Hace mucho tiempo
que nos dejamos de ver?

GOLAUD
(A Arkel y al Médico)
¿Podríais alejaros 
un instante, 
mis pobres amigos?...
Dejaré la puerta grande 
abierta...
Solamente un instante...
Querría decirle algo a ella. 
Si no, 
yo no podría morir en paz...
Por favor...
Podéis regresar de inmediato.
No me lo neguéis...
Soy un desdichado...

(Salen Arkel y el médico con gran
emoción)

Melisenda, 
¿sientes compasión por mí 
como yo por ti? Melisenda...
¿Me perdonas, Melisenda?

MELISENDA
Sí, sí, te perdono...
¿Qué hay que perdonar?

GOLAUD
Te he hecho tanto daño, 
Melisenda...
No puedo ni siquiera decirte 
todo el mal que te he hecho...
Pero lo veo, 
lo veo con tanta claridad ahora...
desde el primer día...
Y todo es culpa mía,
todo lo que ha sucedido,
todo lo que ha de suceder...
¡Si pudiera decirlo, 
lo verías como yo lo veo!
¡Lo veo todo, todo!...
¡Pero te amo tanto!...
¡Te amo tanto!...
Pero ahora,
alguien va a morir...
Soy yo quien va a morir...
Y querría saber...
querría preguntarte...
¿No te obstinarás?
Hay que decirle la verdad
a quien va a morir...
Tiene que saber la verdad,
sin ella 
ya no podría dormir...
¿Juras decirme la verdad?

MELISENDA
Sí.

GOLAUD
As-tu aimé Pelléas?

MÉLISANDE
Mais oui, je l'ai aimé.
Où est-il? 

GOLAUD
Tu ne me comprends pas ?
Tu ne veux pas me comprendre?
Il me semble...
Il me semble...
Eh bien! voici.
Je te demande si tu
l'as aimé d'un amour défendu?...
As-tu?...avez-vous été coupables?
Dis, dis? oui, oui, oui...

MÉLISANDE
Non, non, 
nous n'avons pas été coupables.
Pourquoi demandez-vous cela? 

GOLAUD
Mélisande!...dis-moi la vérité
pour l'amour de Dieu! 

MÉLISANDE
Pourquoi n'ai-je pas dit la vérité? 

GOLAUD
Ne mens plus ainsi,
au moment de mourir!

MÉLISANDE
Qui est-ce qui va mourir?
Est-ce moi?

GOLAUD
Toi, toi! et moi,
moi aussi, après toi!...
Et il nous faut la vérité.
Il nous faut enfin la
vérité, entends-tu?
Dis-moi tout!
Dis-moi tout!
Je te pardonne tout...

MÉLISANDE
Pourquoi vais-je mourir?
Je ne le savais pas...

GOLAUD
Tu le sais maintenant...
Il est temps!...
Vite! Vite!...
La vérité! la vérité...

MÉLISANDE
La vérité...la vérité... 

GOLAUD
Où es-tu? Mélisande!
Où es-tu?
Ce n'est pas naturel!
Mélisande! Où es-tu? 

(Apercevant Arkel et le médecin
à la porte de la chambre)

Oui, oui, vous pouvez rentrer...
Je ne sais rien; c'est inutile...
Elle est déjà trop loin de nous...
Je ne saurai jamais!...
Je vais mourir ici
comme un aveugle! 

ARKEL
Qu'avez-vous fait?
Vous allez la tuer...

GOLAUD
Je l'ai déjà tuée... 

ARKEL
Mélisande!

MÉLISANDE
Est-ce vous, grand-père?

ARKEL
Oui, ma fille... 
Que veux-tu que je fasse? 

MÉLISANDE
Est-il vrai que l'hiver 
commence?

ARKEL
Pourquoi demandes-tu cela?

MÉLISANDE
C'est qu'il fait froid 
et qu'il n'y a plus de feuilles. 

ARKEL
Tu as froid? 
Veux-tu qu'on ferme les fenêtres? 

MÉLISANDE
Non...jusqu'à ce que le Soleil
soit au fond de la mer.
Il descend lentement; 
alors c'est l'hiver 
qui commence? 

ARKEL
Tu n'aimes pas l'hiver?

GOLAUD
¿Has amado a Pelléas?

MELISENDA
Por supuesto que lo he amado.
¿Dónde está?

GOLAUD
¿Acaso no me entiendes?
¿No quieres entenderme?
Me parece que...
Me parece...
¡Y bien! Es así.
Te pregunto si tú lo has amado 
con un amor prohibido...
¿Sí?...¿habéis sido culpables?
Dime, dímelo...sí, sí...

MELISENDA
No, no, 
no hemos sido culpables.
¿Por qué me preguntas eso?

GOLAUD
¡Melisenda!... ¡Dime la verdad!
¡Por el amor de Dios!... 

MELISENDA
¿Por qué no digo la verdad?

GOLAUD
¡No me mientas de este modo,
cuando estoy a punto de morir!

MELISENDA
¿Quién va a morir?
¿Yo?

GOLAUD
¡Tú, tú y yo!
¡Yo también, después de ti!
Debemos decirnos la verdad...
Por fin debemos decirnos la verdad.
¿entiendes?
¡Dímelo todo!
¡Dime todo!
Te perdono todo...

MELISENDA
¿Por qué voy a morir?
No lo sabía...

GOLAUD
Ahora lo sabes...
¡Ya es la hora!...
¡Rápido! ¡rápido!...
¡La verdad! ¡la verdad!...

MELISENDA
La verdad...la verdad...

GOLAUD
¿Dónde estás, Melisenda?
¿Dónde estás?
¡No es normal!
¡Melisenda! ¿Dónde estás?

(Viendo a Arkel y al médico en la
puerta de la alcoba)

Sí, sí, podéis entrar...
No sé nada; es inútil...
Ella ya está demasiado lejos 
de nosotros...
¡Jamás lo sabré!...
¡Moriré aquí como un ciego!

ARKEL
¿Qué has hecho?
Vas a matarla...

GOLAUD
Ya la he matado...

ARKEL
¡Melisenda!

MELISENDA
¿Sois vos, abuelo?

ARKEL
Sí, hija mía...
¿Qué quieres que haga?

MELISENDA
¿Es cierto que ha comenzado 
el invierno?

ARKEL
¿Por qué preguntas eso?

MELISENDA
Es que hace frío 
y no hay más que hojas.

ARKEL
¿Tienes frío?
¿Quieres que cerremos las ventanas?

MELISENDA
No...hasta que el sol
esté en el fondo del mar.
Desciende lentamente.
Entonces, ¿es el invierno 
que ha comenzado?

ARKEL
¿No te gusta el invierno?

MÉLISANDE
Oh! non. J'ai du froid!
J'ai si peur des grands froids... 

ARKEL
Te sens-tu mieux?

MÉLISANDE
Oui, oui; je n'ai
plus toutes ces inquiétudes...

ARKEL
Veux-tu voir ton enfant?

MÉLISANDE
Quel enfant?

ARKEL
Ton enfant. 
Ta petite fille...

MÉLISANDE
Où est-elle?

ARKEL
Ici...

MÉLISANDE
C'est étrange...
je ne peux pas lever les bras 
pour la prendre... 

ARKEL
C'est que tu es encore très faible...
Je la tiendrai moi-même;
regarde... 

MÉLISANDE
Elle ne rit pas...
Elle est petite...
Elle va pleurer aussi...
J'ai pitié d'elle... 

(La chambre est envahie peu à peu
par les servantes du chàteau, qui
se rangent en silence le long des
murs et attendent)

GOLAUD
Qu'y-a-t'il?
Qu'est-ce que toutes ces
femmes viennent faire ici? 

LE MÉDECIN
Ce sont les servantes...

ARKEL
Qui est-ce qui les a appelées!

LE MÉDECIN
Ce n'est pas moi...

GOLAUD
Que venez-vous faire ici? 
Personne ne vous a demandées...
Que venez-vous faire ici?
Mais qu'est-ce que c'est donc?
Répondez!...

(Les servantes ne répondent pas)

ARKEL
Ne parlez pas trop fort...
Elle va dormir;
elle a fermé les yeux... 

GOLAUD
Ce n'est pas?...

LE MÉDECIN
Non, non; voyez; elle respire...

ARKEL
Ses yeux sont pleins de larmes.
Maintenant c'est son âme 
qui pleure...
Pourquoi étend-elle ainsi les bras?
Que veut-elle? 

LE MÉDECIN
C'est vers l'enfant sans doute.
C'est la lutte de la mère 
contre... 

GOLAUD
En ce moment?
En ce moment?
Il faut le dire, dites!
Dites... 

LE MÉDECIN
Peut-être...

GOLAUD
Tout de suite?...
Oh! oh! Il faut que je lui dise...
Mélisande! Mélisande!
Laissez-moi seul!
Laissez-moi seul avec elle! 

ARKEL
Non, non, n'approchez pas...
Ne la troublez pas...
Ne lui parlez plus...
Vous ne savez pas 
ce que c'est que l'âme... 

GOLAUD
Ce n'est pas ma faute...
Ce n'est pas ma faute!...

MELISENDA
¡Oh, no! ¡Tengo frío!
Tengo tanto miedo del frío...

ARKEL
¿Te sientes mejor?

MELISENDA
Sí, sí, ya no tengo
todas esas inquietudes...

ARKEL
¿Quieres ver a tu niña?

MELISENDA
¿Qué niña?

ARKEL
Tu hija
Tu pequeña niña...

MELISENDA
¿Dónde está?

ARKEL
Aquí...

MELISENDA
Es extraño...
No puedo levantar 
los brazos para tomarla...

ARKEL
Es que todavía estás muy débil...
La sostendré yo mismo...
Mira...

MELISENDA
No se ríe...
Es muy pequeña...
También va a llorar...
Siento piedad por ella...

(La alcoba es invadida poco a poco
por las criadas del castillo, que
se colocan en fila a lo largo de
las paredes y esperan)

GOLAUD
¿Qué sucede?
¿Qué vienen a hacer 
todas esas mujeres aquí?

EL MÉDICO
Son las criadas...

ARKEL
¿Y quién las ha llamado?

EL MÉDICO
No he sido yo...

GOLAUD
¿Qué venís a hacer aquí?
Nadie os ha llamado...
¿Qué venís a hacer?
¿Pero qué es esto?
¡Responded!...

(Las criadas no responden)

ARKEL
No habléis demasiado alto, 
ella va a dormir...
ha cerrado los ojos...

GOLAUD
¿No es?...

EL MÉDICO
No, no, mirad, ella respira...

ARKEL
Sus ojos están llenos de lágrimas.
Ahora es su alma 
la que llora...
¿Por qué extiende sus brazos así?
¿Qué quiere?

EL MÉDICO
Es hacia su hija, sin duda.
Es la lucha de la madre 
contra...

GOLAUD
¿En este momento?
¿En este momento?
¡Hay que decirle, decidle !
Decidle...

EL MÉDICO
Tal vez...

GOLAUD
¿De pronto?
¡Oh, oh! Debo decírselo...
¡Melisenda! ¡Melisenda!
¡Dejadme sólo!
¡Dejadme sólo con ella!

ARKEL
No, no, no te acerques...
No la perturbes...
No le hables...
Tú no sabes 
qué es el alma...

GOLAUD
No es mi culpa...
¡No es mi culpa!...

ARKEL
Attention...Attention...
Il faut parler 
à voix basse, maintenant. 
Il ne faut plus l'inquiéter...
L'âme humaine est très silencieuse.
L'âme humaine aime 
à s'en aller seule...
Elle souffre si timidement.
Mais la tristesse, Golaud...
Mais la tristesse de tout 
ce que l'on voit...
Oh! oh!

(En ce moment toutes les servantes
tombent subitement à genoux au
fond de la chambre) 

Qu'y-a-t'il?

LE MÉDECIN
(s'approchant du lit et tâtant
le corps)
Elles ont raison...

ARKEL
Je n'ai rien vu.
Etes-vous sûr?...

LE MÉDECIN
Oui, oui.

ARKEL
Je n'ai rien entendu... 
Si vite, si vite...
Elle s'en va sans rien dire... 

GOLAUD
(sanglotant)
Oh! oh!

ARKEL
Ne restez pas ici, Golaud...
Il lui faut le silence, maintenant.
Venez, venez...
C'est terrible, 
mais ce n'est pas votre faute...
C'était un petit être 
si tranquille,
si timide et si silencieux...
C'était un pauvre petit être
mystérieux comme tout le monde...
Elle est là comme si elle était 
la grande soeur de son enfant...
Venez...
Il ne faut pas que l'enfant
reste ici dans cette chambre...
Il faut qu'il vive, maintenant, 
à sa place...
C'est au tour de la pauvre petite.



ARKEL
Cuidado...cuidado...
Ahora debemos hablar 
en voz baja.
No hay que inquietarla...
El alma humana es muy silenciosa.
Al alma humana le gusta
partir sola...
Ella sufre tan tímidamente.
Pero la tristeza, Golaud...
La tristeza de todo aquello 
que hemos visto...
¡Oh! ¡oh!

(En ese momento todas las criadas
repentinamente caen de rodillas en 
el fondo de la alcoba)

¿Qué sucede?

EL MÉDICO
(Se acerca al lecho tanteando el
cuerpo)
Tienen razón...

ARKEL
No he visto nada.
¿Estáis seguro?

EL MÉDICO
Sí, sí.

ARKEL
No he oído nada...
Tan rápido, tan rápido...
Se va sin decir nada...

GOLAUD
(Sollozando)
¡Oh! ¡Oh!

ARKEL
No te quedes aquí, Golaud...
Ahora debemos guardar silencio.
Ven, ven...
Es terrible, pero no es tu culpa...
Era una pequeña criatura,
tan tranquila, tan tímida
y tan silenciosa...
Era un pequeño ser,
misterioso como todo el mundo...
Está allí como si fuera
la hermana mayor de su hija...
Ven...
La niña no debe 
de permanecer aquí,
en esta alcoba...
Ahora tiene que vivir
en su propio lugar...
Es el turno de la pobre pequeña.



Traducido y Escaneado por:
Mónica Zaionz 1999