ACTE III


10. Duo

(Un appartement du palais)

ALPHONSE
N'espérez pas me fuir, 
Je ne vous quitte pas.

ELVIRE
Non, laissez-moi, n'arrêtez point mes pas.

ALPHONSE
Ecoutez, je vous en supplie:
Que le noeud qui nous lie
M'obtienne au moins cette faveur!

ELVIRE
Non, jamais! Vous m'avez trahie,
Et votre perfidie
A porté la mort dans mon coeur.

ALPHONSE
Quelques torts dont je sois coupable
Je fléchirais votre rigueur,
Si du désespoir qui m'accable
Vous pouviez connaître l'horreur.

ELVIRE
Epargnez-vous un tel parjure:
De moi vous n'entendrez, hélas!
Aucun reproche, aucun murmure;
Je pars.

ALPHONSE
Elvire!

ELVIRE
Je pars, n'arrêtez point mes pas!
Ah! je n'accuse que moi-même;
De mon amour je dois rougir.
Pour toujours, hélas! je vous aime!
Et pour toujours je dois vous fuir.

ALPHONSE
En horreur á moi-même,
 Il ne me reste qu'à mourir.
J'ai fait le malheur
De tout ce que j'aime.
 Il ne me reste qu'à mourir.

ELVIRE
Ah! je n'accuse que moi-même;
De mon amour je dois rougir.
Pour toujours, hélas! je vous aime!
Et pour toujours je dois vous fuir.

ALPHONSE
Elvire, si je fus coupable, 
Du moins ce n'est pas envers toi.

ELVIRE
Fuyez, Alphonse, épargnez-moi;
Cessez un entretien coupable.

ALPHONSE
Vois le désespoir qui m'accable:
Ah! jette un seul regard sur moi!

ELVIRE
Non, vous avez brisé nos chaînes.

ALPHONSE
Vois ton amant, vois ton époux.

ELVIRE
Lui seul cause toutes mes peines.

ALPHONSE
Il va mourir à tes genoux.

ELVIRE
Alphonse!

ALPHONSE
Il va mourir à tes genoux!

ELVIRE
Alphonse!

ALPHONSE
Elvire!

ELVIRE
Je pardonne.
Mon faible coeur parle pour toi.

ALPHONSE
Au bonheur mon coeur s'abandonne!

ELVIRE
Et je m'abandonne à ta foi.

ALPHONSE, ELVIRE
Ô moment plein de charmes!
T Tous nos maux sont finis;
Je sens couler des larmes
De mes yeux attendris.

ELVIRE
Mais cette jeune infortunée,
Je dois veiller sur son destin.
Alphonse, ordonnez que soudain
Près de sa souveraine elle soit amenée.

ALPHONSE
Vos désirs seront satisfaits.

(A Selva qui entre)

Courez, soldats, cherchez la fugitive
Qui fut votre captive
Et qu'elle soit par vous conduite en ce palais

(Ils sortent.)

11. Choeur

(La grande place du marché de Naples. On voit arriver, 
en dansant, des jeunes filles portant sur leurs têtes des 
corbeilles de fleurs ou de fruits; des pêcheurs et des 
paysans arrivent apportant leurs denrées. Le marché 
s'ouvre: les fleurs et les fruits s'élèvent en étage de 
chaque côté. Pendant que des jeunes filles et des jeunes 
garçons se livrent à la danse, des habitants de Naples, 
suivis de leurs intendants ou de leurs porteurs passent 
dans les allées du marché, marchandent, achètent. 
Plusieurs lazzaroni, à qui ils donnent des pièces de 
monnaie ou des paniers de fruits, témoignent leur joie 
et se joignent aux danseurs. Pendant ce temps, Fenella 
est entrée avec celles de ses compagnes qu'on a vues 
au second acte; elles se placent sur le devant du 
théâtre, et ont devant elles des paniers de fruits. 
Fenella est triste, pensive et ne prend part à ce qui se 
passe autour d'elle; de temps en temps seulement elle 
se lève et regarde si elle ne voit pas apparaître son 
frère ou quelqu'un de la cour.)

LE CHOEUR
Au marché qui vient de s'ouvrir,
Venez, hâtez-vous d'accourir:
Voilà des fleurs, voilà des fruits,
Raisins vermeils, limons exquis,
Oranges fines de Méta,
Rosolio, vin de Somma,
Nouveaux cédrats de Portici,
Venez à moi, venez ici
C'est moi qui veux vous les offrir:
Vers moi pressez-vous d'accourir.

PÊCHEURS
Venez, adressez-vous au pêcheur de Mysène.

MARCHANDES DE FRUITS
Je vends des fruits au vice-roi.

MARCHANDES DE FLEURS
Et moi des bouquets à la reine.
ACTO III


10. Dúo

(Una estancia del palacio)

ALFONSO
No esperéis huir de mí,
no lo consentiré.

ELVIRA
¡No, dejadme! No os opongáis en mi camino.

ALFONSO
¡Escuchad, os lo suplico!
¡Que el vínculo que nos une
me otorgue este favor!

ELVIRA
¡No, jamás! Me habéis traicionado
y vuestra perfidia,
ha traído la muerte a mi corazón.

ALFONSO
Olvidaríais los errores que cometí
y se aplacaría vuestra cólera,
si pudierais conocer
la terrible desesperación que siento.

ELVIRA
¡Ahorraos tanta mentira!
No escucharéis de mí, ¡ay!
ningún reproche, ninguna queja.
¡Me voy!

ALFONSO
¡Elvira!

ELVIRA
¡Me voy! ¡No os interpongáis en mi camino!
¡Ah, no me acuso más que a mí misma!
Me avergüenzo de mi amor.
Por siempre, ¡ay! os amaré
y para siempre os debo abandonar.

ALFONSO
Horrorizado de mí mismo,
sólo me queda morir.
He traído la ruina
a todo lo que amo.
Sólo me queda morir.

ELVIRA
¡Ah, no me acuso más que a mí misma!
Me avergüenzo de mi amor.
Por siempre, ¡ay! os amaré,
y para siempre os debo abandonar.

ALFONSO
Elvira, si fui culpable,
al menos no era contra vos.

ELVIRA
¡Marchaos, Alfonso, ahorradme
esta discusión sin sentido!

ALFONSO
Ved la desesperación que me invade.
¡Ah, dedicadme una sola mirada!

ELVIRA
¡No, habéis roto los lazos que nos unían!

ALFONSO
¡Mirad a vuestro amado, a vuestro esposo!

ELVIRA
Él es la causa de todos mis males.

ALFONSO
Él va a morir a tus pies.

ELVIRA
¡Alfonso!

ALFONSO
¡Él va a morir a tus pies!

ELVIRA
¡Alfonso!

ALFONSO
¡Elvira!

ELVIRA
Te perdono.
Mi débil corazón intercede por ti.

ALFONSO
¡Mi corazón se abandona ante tal felicidad!

ELVIRA
Y yo cedo ante tu fidelidad.

ALFONSO, ELVIRA
¡Oh momento lleno de encanto!
Todos nuestros males han acabado.
Siento las lágrimas
fluir de mis ojos.

ELVIRA
Pero yo me debo ocupar
del destino de esa joven desafortunada.
Alfonso, ordenad que sea traída
en presencia de su soberana.

ALFONSO
Vuestros deseos serán satisfechos.

(A Selva que entra)

¡Corred, soldados! 
¡Buscad a la fugitiva que fue vuestra cautiva
y conducidla a este palacio!

(Salen)

11. Coro

(Gran plaza del mercado de Nápoles. Llegan 
bailando, jóvenes que llevan sobre sus cabezas 
cestas de flores o frutas; pescadores y 
campesinos transportando sus mercancías. El 
mercado se abre: las flores y las frutas se exhiben 
por todos lados. Mientras que los jóvenes bailan, 
los habitantes de Nápoles, seguidos por sus 
sirvientes o porteadores, pasan por los arcos 
del mercado negociando o comprando. Varios 
mendigos, a quienes ellos dan dinero o cestos 
de frutas, dan rienda suelta a su alegría y se unen 
a los danzantes. Durante este tiempo, Fenella ha 
entrado con los compañeros que ha visto en el 
segundo acto. Se colocan en la parte delantera 
del escenario y manteniendo cestas de frutas 
delante de ellos. Fenella está triste, pensativa, 
y no toma parte en lo que pasa a su alrededor; 
sólo de vez en cuando se levanta y mira a ver 
si aparece su hermano o alguno de la corte.)

CORO
¡Venid deprisa
al mercado que se acaba de abrir!
Hay flores, hay frutas,
uvas moradas, limones exquisitos,
estupendas naranjas de Méta,
Rosoli, vino de Somma,
cidras nuevas de Portici.
¡Venid a mí, venid aquí,
soy yo quien os lo quiere ofrecer!
Daos prisa en acudir.

PESCADORES
Venid, dirigíos al pescador de Mysène.

VENDEDORES DE FRUTAS
¡Yo vendo frutas al virrey!

VENDEDORES DE FRUTAS
¡Yo vendo flores al virrey!
12. Final

(Selva entre avec plusieurs soldats qui se dispersent 
dans le marché. Fenella aperçoit Selva. Trompée par 
son uniforme, elle le regarde d'abord avec curiosité: 
mais elle le reconnaît, fait un geste d'effroi, et tâche 
de lui cacher son visage.)

SELVA 
(Pendant que la danse continue, il parcourt les 
différents groupes des jeunes filles et les regarde 
attentivement; arrivé près de Fenella, il fait un geste 
de surprise.)
Non, je ne me trompe pas.
C'est bien elle!... à moi, soldats!
Qu'à l'instant même on me suive!

(Fenella se lève épouvantée et court se réfugier au 
milieu de ses campagnes; par ses gestes elle les 
supplie de la protéger.)

LE CHOEUR DE FEMMES
Ô ciel! l'innocente captive! 
On en veut à ses jours
Qu'a-t-elle fait?

SELVA ET LES SOLDATS
Qu'à l'instant on nous suive!

(On entraîne Fenella.)

LE CHOEUR DE FEMMES
Ah! contre nos tyrans il n'est point de recours?
Qui viendra donc à son secours?

SELVA, SOLDATS
Point de murmure, il y va de nos jours!

(Selva et les soldats sont sur le point d'emmener 
Fenella quand au milieu du marché paraissent 
Masaniello, Pietro et quelques pêcheurs.)

MASANIELLO
Où la conduisez-vous?

SELVA
Que t'importe?

MASANIELLO
C'est ma soeur

SELVA
Tais-toi! c'est par l'ordre du vice-roi.

MASANIELLO 
(tirant son poignard) 
Crains la fureur qui me transporte.

SELVA 
(faisant signe à un soldat)
Arrache-lui ce fer dont il ose s'armer

MASANIELLO 
(poignardant le soldat)
Levez-vous, compagnons! 
Ils veulent m'immoler! 

(Tous les paysans, qui étaient restés assis, se lèvent en 
tirant leurs armes, et en un instant Selva et ses soldats 
sont entourés et désarmés.)

LE CHOEUR
Courons à la vengeance!
Des armes, des flambeaux!
Et que notre vaillance
Mette un terme à nos maux!

(Ils agitent leurs armes, et vont pour sortir.)

Marchons, marchons!

MASANIELLO 
(les arrêtant)
Invoquons du Très-Haut
La faveur tutélaire:
A genoux, guerriers, à genoux!
Dieu nous juge: que sa colère
Aux combats marche devant nous!

(Le peuple se prosterne.)

MASANIELLO, LE CHOEUR
Saint bienheureux, dont la divine image
De nos enfants protège les berceaux,
Toi qui nous rends la force et le courage,
Toi qui soutiens le pauvre en ses travaux,
Tu nous vois tous à tes genoux!
Sois avec nous, protège-nous!
Saint bienheureux, dont la divine image
De nos enfants protège les berceaux,
Tu nous vois tous à tes genoux!
Sois avec nous, protège-nous!
Fais aujourd'hui pour nous 
Des miracles nouveaux.

(On entend le roulement du tambour.)

CHOEUR GÉNÉRAL
Marchons! des armes! des flambeaux! etc. 
Courons à la vengeance!
Des armes, des flambeaux! 
Et que notre vaillance 
Mette un terme à nos maux!

(Ils se partagent des armes et courent des torches à la 
main; les femmes les excitent à la lueur de l'incendie.)

12. Final

(Selva entra con varios soldados que se dispersan 
por el mercado. Fenella ve a Selva. Confundida 
por su uniforme, le mira primero con curiosidad; 
pero lo reconoce, hace un gesto de miedo e 
intenta ocultarse.)

SELVA 
(Mientras el baile continúa, él recorre los 
diferentes grupos de chicas y las mira 
atentamente; llega cerca de Fenella, 
hace un gesto de sorpresa.)
No, no me equivoco.
¡Es ella!... ¡A mí, soldados!
¡Seguidme al instante! 

(Fenella se levanta asustada y corre a refugiarse 
entre sus compañeros; con sus gestos les suplica 
que la protejan.)

CORO DE MUJERES
¡Oh, cielos! ¡La inocente cautiva! 
Quieren llevarla prisionera
¿Qué habrá hecho?

SELVA, SOLDADOS
¡Que al instante nos siga!

(Cogen a Fenella)

CORO DE MUJERES
¿No podemos hacer nada contra nuestros tiranos?
¿Quién vendrá a ayudarla?

SELVA, SOLDADOS
¡No murmuréis, o lo pagaréis con la vida!

(Selva y los soldados están a punto de coger a 
Fenella cuando en medio del mercado aparecen 
Masaniello, Pedro y algunos pescadores)

MASANIELLO
¿Adónde la lleváis?

SELVA
¿Qué te importa?

MASANIELLO
Es mi hermana.

SELVA
¡Cállate! Son órdenes del virrey.

MASANIELLO 
(blandiendo su puñal)
Cuidado con la furia que me invade.

SELVA 
(haciendo una señal a un soldado)
¡Arrebátale ese arma con la que osa amenazarme!

MASANIELLO 
(amenazando al soldado)
¡Alzaos compañeros!
¡Quieren matarme!

(Todos los campesinos, que estaban sentados, se 
levantan con sus armas y en un momento Selva y 
sus soldados se ven rodeados y desarmados)

CORO
¡Venguémonos!
¡A las armas, a las antorchas!
¡Y que el valor
ponga fin a nuestros males!

(Agitan sus armas y se disponen a salir)

¡Vamos, vamos!

MASANIELLO 
(los hace detenerse)
Invoquemos del Altísimo
su protectora gracia.
¡De rodillas, guerreros, de rodillas!
¡Que Dios nos juzgue y que su cólera
vaya delante de nosotros en los combates!

(La gente se arrodilla)

MASANIELLO, CORO
Santo bendito, cuya divina imagen
protege las cunas de nuestros niños.
¡Tú que nos das la fuerza y el coraje,
tú que consuelas a los pobres en sus trabajos,
tú que nos ves postrados a tus pies!
¡Quédate con nosotros, protégenos!
Santo bendito, cuya divina imagen
protege las cunas de nuestros niños.
¡Tú que nos ves postrados a tus pies!
¡Quédate con nosotros, protégenos!
Haz hoy para nosotros
nuevos milagros.

(Se escucha el redoble del tambor)

CORO GENERAL
¡Marchemos! ¡A las armas! ¡Antorchas! etc.
¡Venguémonos!
¡A las armas! ¡Antorchas!
¡Y que nuestra valentía
ponga fin a nuestros males!

(Toman las armas y cogen las antorchas, las 
mujeres les animan a que las enciendan)
ACTE IV


13. Air et Cavatine

(L'intérieur de la cabane de Masaniello. Le fond en 
est fermé par une voile de vaisseau. A droite, une 
chaise et une table; à gauche, une natte qui sert de lit 
à Masaniello. Masaniello, assis, le Marquis de Collone, 
un Magistrat, le Chef de la Justice, et les principaux 
habitants de Naples, debout et groupés autour de 
Masaniello)

MASANIELLO 
(seul)
Spectacle affreux! jour de terreur.
Nos soldats révoltés ont fait trop de victimes…
Et je n'ai pu désarmer leur fureur!
Je ne sais quel dégoût s'empare de mon coeur.
Par des forfaits nous punissons des crimes.
O Dieu! toi qui m'as destiné
A remplir ce sanglant office,
Pour achever le sacrifice.
Grand Dieu! que ne m'as-tu donné
Leur inexorable justice!
Adoucis la rigueur de tes arrêts terribles.
Ne pourrais-je fléchir ces tigres inflexibles?
Rends-moi, pour t'obéir, digne de leur fureur
O Dieu puissant, touche leur coeur!
O Dieu! toi qui m'as destiné, etc.
Et cependant, pour eux mon coeur est alarmé.
Le vice-roi, que poursuivait leur rage,
Aux murs de Château-Neuf est encore enfermé.
Il faut, par un assaut, consommer notre ouvrage.

(Fenella entre.)

MASANIELLO
Que vois-je? Fenella!
Quelle horrible pâleur!
Nous venons, ô ma soeur!
De venger ton outrage.
Qui peut donc causer ta douleur?

(Fenella lui peint le désordre de Naples.)

MASANIELLO
J'ai voulu, mais en vain, 
Mettre un terme au carnage.

(Fenella lui représente, par ses gestes, les horreurs 
auxquelles la ville est livrée, le pillage, le meurtre, 
l'incendie.)

MASANIELLO
Oui, des torches en feu dévorent des palais,
Des enfants étouffés par leur mère,
Des frères frappés par leurs frères.
Hélas! J'ai vu tous ces forfaits!
Mais, tu le sais, je n'en suis pas coupable.
Viens dans mes bras viens calmer ton effroi.

(Fenella lui fait entendre qu'elle ne peut 
résister à la fatigue.)

MASANIELLO
Ferme tes yeux, la fatigue t'accable:
Repose en paix, je veillerai sur toi.
Du pauvre seul ami fidèle,
Descends à ma voix qui t'appelle
Sommeil, descends du haut des cieux!
De son coeur bannis les alarmes:
Qu'un songe heureux sèche les larmes
Qui tombent encore de ses yeux.
Descends, toi par qui l'on oublie,
Sur sa paupière appesantie
De tan coeur bannis les alarmes! etc.

(Fenella s'endort sur le lit à gauche.)

14. Cavatine et Choeur

MASANIELLO
(Pietro entre avec des pêcheurs.)
C'est Pietro... Que voulez-vous de moi?!

PIETRO
Nos compagnons nous dépêchent vers toi?

MASANIELLO
Eh bien! que veut le peuple?

PIETRO
Il demande vengeance.
Plus de tyrans! plus de tyrans!
L'honneur t'engage! Plus d'esclavage!
A nos serments l'honneur t'engage!
Plus d'esclavage, plus de tyrans!

(Fenella, pendant ce choeur, s'éveille et écoute.)

MASANIELLO
Calmez-vous, amis: quel délire
A des meurtres nouveaux
Semble pousser vas bras?

PIETRO
Le fils du vice-roi se dérobe à nos coups.
Notre salut commun exige qu'il expire.
Il a près de ces lieux porté ses pas errants.

(Fenella, à part, exprime les craintes les plus vives.)

MASANIELLO
Eh! n'est-ce pas assez de chasser ces tyrans?
Faut-il les immoler?

PIETRO
Oui, nous voulons sa perte!

MASANIELLO
Ah! que la pitié vous arrête!

PIETRO ET LE CHOEUR
L'honneur t'engage,
Plus d'esclavage,
Plus de tyrans!
A nos serments
L'honneur t'engage!

MASANIELLO
Silence! écoutez-moi!
Trop de sang, de carnage,
Ont signalé votre fureur:
Je saurai mettre un terme
A votre aveugle rage.

PIETRO
Tu voudrais vainement enchaîner notre ardeur.
Tu nous trahis!…

MASANIELLO
Parlez plus bas... Ma soeur...

(Fenella a pris part à la scène, et au moment 
où Masaniello parle d'elle, affecte de dormir 
profondément.)

PIETRO
Elle repose.

MASANIELLO
Elle peut nous entendre.

PIETRO
Eh bien, entrons, suis-nous sans plus attendre.

MASANIELLO
Ah! que la pitié les arrête!

PIETRO, LE CHOEUR 
L'honneur t'engage, etc.

(Ils entrent à l'intérieur de la chaumière. Fenella, 
seule, a tout entendu, elle frémit: mille sentiment confus 
l'agitent: le danger d'Alphonse, le souvenir de sa 
trahison. On frappe à la porte de la chaumière: Fenella 
s'effraie, elle hésite; on frappe de nouveau: elle se 
décide à ouvrir, reconnaît Alphonse et cache son visage 
dans ses mains. Entrent Alphonse et Elvire, enveloppée 
dans un manteau, la tête couverte d'un voile noir.)

ALPHONSE
Ah! qui que vous soyez, accueillez ma prière, 
dérobez-nous à la mort.
Ciel! que vois-je? c'est elle!
O justice sévère!
Elle est maîtresse de mon sort!

(Fenella reculant avec effroi, lui fait entendre que 
jamais un crime ne reste impuni et lui reproche sa 
trahison. Fenella mettant le doigt sur sa bouche, lui fait 
signe qu'on peut les entendre, et l'entraîne rapidement 
de l'autre côté du théâtre, en lui montrant la porte par 
laquelle les pêcheurs viennent de sortir. Fenella jette 
un regard sur Elvire, court vers elle, entrouvre son 
manteau, lui arrache le voile qui couvre son visage, 
s'éloigne d'elle avec colère, et semble dire: voilà donc 
celle que tu m'as préférée, et tu veux que je l'épargne!)

ELVIRE
Fenella, sauvez man époux.

(Fenella n'est plus maîtresse d'elle-même et n'écoute 
que sa jalousie. Elle aurait sauvé Alphonse, mais elle 
veut perdre sa rivale. Déjà elle a fait un pas vers la 
porte de la cabane où les pêcheurs sont rassemblés.)

ELVIRE 
(l'arrêtant)
Vous, nous trahir!
Quel transport vous entraîne?
Ne repoussez pas votre souveraine
Qui vous demande asile
Et tremble devant vous.

(Le coeur de Fenella passe tour à tour de la vengeance 
à la pitié: elle s'arrête entre Alphonse et Elvire.)

ELVIRE
Arbitre d'une vie 
Qui va m'être ravie, 
A ma voix qui supplie 
Laissez-vous attendrir.

(Fenella s'est laissée toucher à la voix d'Elvire; 
et comme frappée de la voir si belle, elle retire 
brusquement sa main, que la princesse tenait dans 
les siennes.)

ELVIRE
Je pris pitié de vos alarmes 
Lorsque je vis couler vos larmes; 
A ma voix qui supplie 
Laissez-vous attendrir. 
Dans vos maux, fille infortunée, 
Ma bonté fut votre secours; 
Dans la même journée, 
Je viens implorer votre secours. 
Arbitre d'une vie
Qui va être ravie, etc.

(Fenella ne peut vaincre son émotion: elle les repousse 
encore, mais faiblement, et se détourne pour cacher 
des pleurs qu'elle veut étouffer. Alphonse et Elvire 
qui s'aperçoivent du sentiment qu'elle éprouve, se 
rapprochent d'elle et redoublent leurs instances avec 
un accent plus touchant. Elle ne peut résister aux 
prières d'Elvire; elle fait un violent effort sur elle-
même, saisit leurs mains, et jure de les sauver ou de 
mourir avec eux. On entend du bruit; Masaniello sort 
de la porte à droite; Alphonse saisit son épée.)
ACTO IV


13. Aria y Cavatina

(Interior de la cabaña de Masaniello. El fondo 
está cerrado por la vela de un barco. A la 
derecha, una mesa y una silla. Masaniello está 
sentado, el Marqués de Collone, un Magistrado, 
el Representante de la Justicia y los principales 
ciudadanos de Nápoles están de pie, alrededor 
de Masaniello)

MASANIELLO 
(para sí mismo)
¡Espectáculo horrible! ¡Día de terror!
Nuestros indisciplinados soldados 
han causado demasiadas víctimas...
¡Y yo no he podido calmar su furor!
Con qué amargura se llena mi corazón.
Con fechorías castigamos los crímenes.
¡Oh, Dios mío! Tú que me has destinado
a cumplir este sangrante cometido,
¿por qué no me has dado, gran Dios,
tu inexorable justicia para consumar el sacrificio?
Suaviza el rigor de tus terribles decisiones.
¿No podré doblegar a estos tigres insensibles?
Hazme, para obedecerte, digno de su furor.
¡Oh, Dios poderoso, suaviza su corazón!
¡Oh, Dios! Tú que me has destinado, etc.
Y entre tanto, mi corazón está inquieto por ellos.
El virrey, a quien habían perseguido,
está seguro tras los muros del Castillo Nuevo.
Debemos rematar nuestro trabajo con un asalto.

(Entra Fenella)

MASANIELLO
¿Qué veo? ¡Fenella!
¡Qué horrible palidez!
Venimos, ¡oh, hermana!
de vengar tu ultraje.
¿Qué puede, pues, causar tu dolor?

(Fenella le describe los desórdenes de Nápoles.)

MASANIELLO
He intentado, mas en vano,
poner fin a la matanza.

(Fenella le indica, con sus gestos, los horrores 
que ha sufrido la ciudad, el pillaje, la muerte, 
los incendios.)

MASANIELLO
Sí, las antorchas han devorado los palacios,
los niños han muerto ahogados por sus madres,
los hermanos golpeados por sus hermanos.
¡Ay! ¡Yo he visto todos esos crímenes!
Pero, tú lo sabes, yo no soy culpable.
Ven a mis brazos, ven a calmar tu miedo.

(Fenella le hace entender que no 
puede resistir el cansancio)

MASANIELLO
Cierra tus ojos, pues la fatiga te vence.
Descansa tranquila, yo te cuidaré.
Amigo fiel del desvalido,
desciende a mí, que te llamo.
¡Sueño, desciende de lo alto de los cielos!
Haz desaparecer de su corazón la inquietud.
Que una alegre ilusión seque las lágrimas
que aún brotan de sus ojos.
Desciende, para que se aligere
la pesadez de sus párpados.
¡Haz desaparecer de su corazón la inquietud! etc.

(Fenella se duerme sobre la cama)

14. Cavatina y Coro

MASANIELLO
(Entra Pedro con dos pescadores)
Pedro... ¿Qué quieres de mí?

PEDRO
Nuestros compañeros nos envían a ti.

MASANIELLO
¡Y bien! ¿Qué quiere el pueblo?

PEDRO
Pide venganza.
¡No más tiranos! ¡No más tiranos!
¡El honor te compromete! ¡No más esclavitud!
A nuestras promesas el honor te compromete
¡No más esclavitud! ¡No más tiranos!

(Fenella, se despierta y escucha.)

MASANIELLO
Calmaos, amigos.
¿Qué delirio parece empujar vuestros brazos 
hacia nuevas muertes?

PEDRO
El hijo del virrey esquivó nuestros golpes.
El bien común exige que él muera.
Se le ha visto cerca de estos lugares.

(Fenella, aparte, expresa sus más vivos temores)

MASANIELLO
¡Eh! ¿No es suficiente con capturar a los tiranos?
¿Es preciso matarlos?

PEDRO
¡Sí, queremos su perdición!

MASANIELLO
¡Ah, que la piedad os aplaque!

PEDRO Y CORO
¡El honor te compromete,
no más esclavitud,
no más tiranos!
¡A nuestras promesas
el honor te compromete!

MASANIELLO
¡Silencio! ¡Escuchadme!
Vuestra furia ha causado ya
demasiada sangre y mortandad.
Yo sabré poner fin
a vuestra ira ciega.

PEDRO
Tú pretendes en vano contener nuestro odio.
¡Tú nos traicionas!

MASANIELLO
Hablad más bajo... Mi hermana...

(Fenella que ha escuchado todo, en el momento 
en que Masaniello habla de ella, finge dormir 
profundamente)

PEDRO
Está dormida.

MASANIELLO
Nos puede oír.

PEDRO
Muy bien, salgamos. Acompáñanos.

MASANIELLO
¡Ah! ¡Que la piedad les aplaque!

PEDRO Y CORO
El honor te compromete, etc.

(Se van. Fenella queda sola. Miles de 
sentimientos confusos la agitan: el miedo 
a Alfonso, el recuerdo de su traición... Llaman 
a la puerta de la choza, Fenella se asusta, duda; 
llaman de nuevo, se decide a abrir; reconoce a 
Alfonso y se cubre la cara con las manos. Entran 
Alfonso y Elvira, ésta va envuelta en una capa y 
con la cabeza cubierta con un velo negro.)

ALFONSO
¡Ah! Quien quiera que seas, escucha mi ruego. 
¡Líbranos de la muerte!
¡Cielos! ¿Qué veo? ¡Es ella!
¡Oh, justicia implacable!
¡Ella es la dueña de mi suerte!

(Fenella retrocede con miedo, le hace entender 
que un crimen jamás queda impune y le reprocha 
su traición. Después, poniéndose el dedo en los 
labios, le indica que les pueden oír y lo lleva 
rápidamente al otro lado de la choza, 
enseñándole la puerta por la que acaban de salir 
los pescadores. Fenella mira a Elvira, va hacia 
ella, entreabre su capa y le retira el velo que le 
cubre la cara y parece decir: "¡He aquí a la que 
tú has preferido y quieres que yo la salve!)

ELVIRA
¡Fenella, salva a mi esposo!

(Fenella ya no es dueña de sí y sólo escucha a su 
pasión. Ella salvaría a Alfonso, pero quiere que 
se pierda su rival. Da un paso hacia la puerta de 
la cabaña donde están reunidos los pescadores.)

ELVIRA 
(deteniéndola)
¡Nos vas a traicionar!
¿Qué te ha pasado?
No rechaces a tu soberana
que te pide refugio
y tiembla ante ti.

(El corazón de Fenella pasa de golpe 
de la venganza a la piedad.)

ELVIRA
Juez de una vida
que me va a ser arrebatada.
¡Atiende
mi súplica!

(Fenella se emociona ante las palabras de 
Elvira y conmovida al verla tan bella, retira 
bruscamente su mano que la princesa tenía 
entre las suyas)

ELVIRA
Me apiadé de tus temores
cuando vi tus lágrimas,
atiende pues
a mi súplica.
En tus momentos de desolación,
mi bondad fue tu socorro.
Hoy soy yo
quien viene a implorar tu ayuda.
Juez de una vida
que me va a ser arrebatada, etc.

(Fenella no puede vencer sus emociones y se 
vuelve para ocultar sus lágrimas. Alfonso y 
Elvira que se dan cuenta de esos sentimientos que 
ella quiere rechazar, se acercan y redoblan sus 
peticiones con un tono aún más conmovedor. 
Fenella no puede resistir las súplicas de Elvira, 
sobreponiéndose a sus sentimientos toma sus 
manos y jura salvarlos o morir con ellos. Se oye 
ruido; Masaniello entra por la derecha; Alfonso 
coge la espada.)
15. Scène et Choeur

MASANIELLO
Des étrangers dans ma chaumière! 
Qui cherchez-vous?

(Fenella fait signe à son frère qu'ils sont proscrits, 
qu'ils cherchent un asile, qu'elle leur a promis son 
appui.)

ALPHONSE
Errant dans l'ombre de la nuit,
Nous n'avons plus d'espoir;
Le peuple nous poursuit
Et nous fuyons sa fureur meurtrière.

MASANIELLO
A cette porte hospitalière
Jamais un malheureux n'a frappé vainement
Oui, quel que soit le sang
Dont cette arme est trempée,
Entrez, je vous reçois;
Et, mieux que votre épée,
L'hospitalité vous défend.

(Fenella exprime sa joie, et par ses gestes semble dire: 
ne craignez rien, vous voilà sauvés; mon frère répond 
de votre vie. Pietro et Borella entrent avec quelques 
conjurés.)

PIETRO
Par le peuple conduit,
Marchant d'un pas docile,
Les magistrats napolitains
Viennent déposer dans tes mains
Les clefs des portes de la ville.

(Apercevant Alphonse.)

Que vois-je?
O, juste Dieu! le fils du vice-roi!

MASANIELLO
Que me dis-tu, Pietro?

PIETRO
Lui-même est devant toi!

MASANIELLO
Je sens qu'en sa présence
Les torts de sa naissance
Réveillent mon courroux.
Mais, plus fort que la haine,
Le serment qui m'enchaîne
Le dérobe à leurs coups.

PIETRO
Du transport qui m'anime
Il sera la victime:
Qu'il craigne mon courroux.
Un hasard favorable
Permet que le coupable
Tombe enfin sous nos coups.

ELVIRE
J'attends avec constance
L'arrêt de leur vengeance
Qui doit me joindre à vous.
Le péril nous rassemble:
Si nous mourons ensemble,
Mon sort sera doux.

ALPHONSE
Funeste destinée!
Ah! qu'une infortunée
Échappe à leur courroux!
S'ils épargnent sa vie,
Je brave leur furie;
Mon sort me sera doux.

PIETRO, LE CHOEUR
Oui, tu nous l'as promis;
Qu'il tombe sous nos coups.
Oui, c'est lui que le ciel
Livre à notre courroux.

ALPHONSE 
(à Pietro)
Farouche meurtrier, 
Je brave ton courroux; 
Viens me donner la mort 
Ou tomber sous nos coups.

(Ils lèvent tous leurs poignards sur Alphonse. Fenella 
se jette entre eux et Alphonse, puis elle court vers son 
frère, et par ses gestes elle lui dit: il était sans asile, 
sons défense, il est venu en suppliant vous demander 
un asile; vous le lui avez accordé, vous l'avez reçu 
sous votre toit, vous lui avais juré protection, et vous 
le laisseriez immoler! Ces murs seraient teints de son 
sang!)

MASANIELLO 
(à Fenella)
Sa confiance en moi ne sera pas trompée!
Je me rappelle mon serment: 

(à Alphonse)

Et mieux que ton épée,
L'hospitalité te défend,
Qu'on respecte ses jours!

PIETRO ET LE CHOEUR 
Nous avons ton serment, 
Et sa vie est à nous.

MASANIELLO
D'où vous vient tant d'audace?
Qu'on se taise

PIETRO ET LE CHOEUR
Tyran, crains mon juste courroux!

MASANIELLO
Je suis tyran pour faire grâce,
Comme toi pour donner la mort.

(A Elvire, et à Alphonse.)

Partez, ne craignez rien.

(A Borella.)

Monte sur ma nacelle:
Aux murs du Château-Neuf
Conduis-les, sois fidèle:
Cours, Borella, tu réponds de leur sort.

PIETRO, LE CHOEUR
Tyran, crains mon juste transport!

MASANIELLO 
(saisissant une hache) 
Pour marcher sur leur trace, 
Si de franchir le seuil
Un de vous a l'audace,
Il tombe sous ce bras vengeur.

PIETRO ET LE CHOEUR 
(à voix basse)
N'avons-nous fait que changer d'oppresseur?

(Tous ouvrent un passage à Alphonse et à 
Elvire qui s'éloignent en regardant Fenella.)

16. Marche et choeur

(Le fond de la cabane, qui était formé par une voile 
de navire, s'ouvre en cet instant. On aperçoit les 
principaux habitants de Naples apportant à Masaniello 
les clefs de la ville. Le cortège porte des couronnes et 
des palmes)

CHOEUR
Honneur, honneur et gloire!
Célébrons ce héros!
On lui doit la victoire,
La paix et le repos.

PIETRO, LES CONJURÉS
De le frapper j'aurai la gloire:
Malheur à lui, j'en fais serment. 
Du haut de son char de victoire 
Je ferai tomber ce tyran!

(On présente à Masaniello les clefs de la ville, on le 
revêt d'un manteau magnifique, et un lui amène un 
cheval, sur lequel on l'invite à monter.)

MASANIELLO
Adieu donc, ma chaumière!
Adieu, séjour tranquille!
Je t'abandonne pour jamais.
Bonheur que j'ai goûté
Dans ce modeste asile,
Me suivras-tu dans un palais?

CHOEUR
Honneur, honneur et gloire!
Célébrons ce héros!
On lui doit la victoire,
La paix et le repos.

PIETRO ET LES CONJURÉS
De le frapper j'aurai la gloire; 
Malheur à lui, j'en fais serment. 
Malheur à lui
Au milieu des champs de victoire 
Je ferai tomber ce tyran!

(Masaniello est monté sur un cheval au milieu du 
peuple qui se presse autour de lui, et il est environné de 
danses. Pendant ce temps Pietro et les conjurés le 
menacent de leurs poignards. Fenella, qui est près de 
Pietro, l'examine avec crainte, et pendant que le 
cortège s'empresse autour de son frère, ses regards 
inquiets s'élèvent vers le ciel et semblent prier pour lui.)

15. Escena y Coro

MASANIELLO
¡Extraños en mi choza!
¿Qué buscáis?

(Fenella le indica a su hermano que son 
proscritos y que buscan asilo. Ella les 
ha prometido su ayuda.)

ALFONSO
Errantes en la sombra de la noche,
no nos queda más esperanza.
El pueblo nos persigue
y huimos de su furor homicida.

MASANIELLO
A esta puerta hospitalaria
jamás ha llamado un desdichado en vano.
Sí, sea cual sea la sangre
con la que este arma se ha templado,
entrad, yo os recibo.
Y, mejor que vuestra espada,
os defenderá la hospitalidad.

(Fenella expresa su alegría y parece decir: 
"no lloréis más, aquí estáis a salvo, mi hermano 
os protegerá". Pedro y Borella entran con 
algunos conjurados.)

PEDRO
Conducidos por el pueblo,
marchando con paso dócil,
los magistrados napolitanos
vienen a depositar en tus manos
las llaves de la ciudad.

(Viendo a Alfonso)

¿Qué veo?
¡Oh, justo Dios! ¡El hijo del virrey!

MASANIELLO
¿Qué dices, Pedro?

PEDRO
¡Él mismo que está delante de ti!

MASANIELLO
Siento que en su presencia
los pecados de su nacimiento
despiertan mi furor.
Pero, más fuerte que el odio,
el juramento que me encadena
le libra de sus zarpazos.

PEDRO
De la rabia que me empuja
él será la víctima.
Que tema mi cólera.
Una casualidad favorable
permite que el culpable
caiga al fin bajo nuestros puños.

ELVIRA
Espero con firmeza
la llegada de su venganza
que me unirá a vos.
El peligro nos reúne.
Si morimos juntos,
dulce será mi suerte.

ALFONSO
¡Destino funesto!
¡Ah, que esta desdichada
escape de su cólera!
Si ellos le salvan la vida,
yo arrostraré su fiereza
y dulce será mi suerte.

PEDRO, CORO
¡Sí, tú nos lo prometiste,
que caiga bajo nuestros puños!
¡Sí, es él quien el cielo
entrega a nuestra ira!

ALFONSO 
(a Pedro)
¡Asesino bárbaro,
desafío tu furor!
Ven a darme la muerte
o ríndete ante mi espada.

(Todos amenazan a Alfonso. Fenella se interpone 
entre ellos, luego corre hacia su hermano y con 
gestos le dice: "él está sin refugio, sin defensa, 
ha venido suplicante a pedirte protección; le has 
acogido, le has recibido bajo tu techo, le has 
prometido protección... ¿vas a dejarlo morir? 
¡Estos muros se teñirán con su sangre!)
- ... demasiado para una muda ¿no? N. del T.-

MASANIELLO 
(a Fenella)
¡Su confianza en mí no será defraudada!
Reitero mi promesa.

(a Alfonso)

La hospitalidad te defenderá
mejor que tu espada.
¡Qué su vida sea respetada!

PEDRO, CORO
Tenemos tu palabra
y su vida nos pertenece.

MASANIELLO
¿De dónde os viene tanta audacia?
¡Guardad silencio!

PEDRO, CORO
¡Tirano, tiembla ante nuestro furor!

MASANIELLO
Yo soy tirano para mostrar compasión,
mientras que tú lo eres para matar.

(A Elvira y a Alfonso.)

Marchad, no temáis nada.

(A Borella.)

Sube en mi barca y condúcelos 
a las murallas del Palacio Nuevo.
Sé leal.
¡Corre, Borella, tú respondes de su suerte!

PEDRO, CORO
¡Tirano, tiembla ante nuestra cólera!

MASANIELLO 
(blandiendo un hacha)
Si alguno de vosotros,
cruza este umbral
para seguirlos,
caerá bajo mi brazo justiciero.

PEDRO, CORO 
(en voz baja)
¿No hemos hecho más que cambiar de opresor? 

(Abren un camino a Alfonso y Elvira, que 
se alejan mirando a Fenella.)

16. Marcha y Coro

(El fondo de la cabaña, que estaba cerrado por 
una vela de barco, se abre en este momento. Se 
ve a los principales habitantes de Nápoles 
dándole a Masaniello las llaves de la ciudad. 
El cortejo lleva coronas y palmas)

CORO
¡Honor, honor y gloria!
¡Rindamos homenaje al héroe!
A él le debemos la victoria,
la paz y el descanso.

PEDRO, LOS CONJURADOS
Conseguiré la gloria de humillarlo.
¡Desdicha para él, lo juro!
¡Yo haré caer a este tirano
desde lo alto de su carro de victoria!

(Presentan a Masaniello las llaves de la ciudad, 
le visten con un manto magnífico, le traen un 
caballo y le invitan a montarlo.)

MASANIELLO
¡Adiós, choza mía!
¡Adiós, tranquila morada!
Te abandono para siempre.
¿Me seguirá al palacio la felicidad 
de la que he gozado
en este modesto refugio?

CORO
¡Honor, honor y gloria!
¡Rindamos homenaje al héroe!
A él le debemos la victoria,
la paz y el descanso.

PEDRO, LOS CONJURADOS
Conseguiré la gloria de humillarlo.
¡Desdicha para él, lo juro!
Desdicha para él,
¡En medio de los campos de victoria
yo haré caer a este tirano!

(Masaniello está montado en el caballo en medio 
de la gente, que, entre danzas, se agolpa a su 
alrededor. Mientras, Pedro y los conjurados le 
hacen gestos amenazantes. Fenella, que esta 
cerca de Pedro, le observa con miedo y, cuando 
el cortejo se acerca a su hermano, su mirada 
inquieta se dirige al cielo y parece rezar por él.)
ACTE V


17. Barcarolle

(Le vestibule du palais du vice-roi. A gauche, un large 
escalier en pierre conduisant à une terrasse. Au fond, 
dons le lointain, le sommet du Vésuve. Pietro, pêcheurs, 
jeunes filles du peuple. Ils sortent de l'appartement à 
gauche, qui est celui du festin. C'est la fin des agapes. 
Ils tiennent à la main des coupes, des vases remplis de 
vin; d'autres tiennent des guitares)

PIETRO 
(une guitare à la main)
Voyez du haut de ces rivages
Ce frêle esquif voguer sur la mer en fureur!
Les vents, les flots et les orages
Menaçaient d'engloutir le malheureux pêcheur.
Mais la Madone sainte a guidé l'équipage:
Par elle protégés, nous revoyons le bord.
Plus de crainte, plus d'orage!
Notre barque a touché le port.

LE CHOEUR
Plus de crainte, notre barque a touché le port.

UN PÉCHEUR 
(bas à Pietro)
De ce nouveau tyran as-tu brisé les chaînes?

PIETRO 
(de même)
Oui, j'ai de notre chef puni la trahison.

(Montrant à gauche la salle du festin.)

Et par mes soins, un rapide poison
Déjà circule dans ses veines.

(Il continue la chanson)

Ivres de sang et de pillage,
Des pirates cruels, la terreur de nos mers,
Parfois le soir sur cette plage,
Attendent le pêcheur
Pour lui donner des fers.
Mais la Madone sainte a guidé l'équipage,
Par elle protégés, nous revoyons le bord.
Plus de crainte, plus d'orage!
Notre barque à touché le port.

LE CHOEUR
Plus de crainte, notre barque a touché le port.

18. Finale

PIETRO
On vient! silence, amis!

(Borella entre de l'appartement à gauche.)

PIETRO
Quelle frayeur t'agite, Borella?

BORELLA
Compagnons, armez-vous, ou tremblez!
De nombreux bataillons
Qu'Alphonse a rassemblés
Marchent vers ce palais, ils s'avancent...

PIETRO
O rage!

BORELLA
Le ciel même paraît combattre contre nous.
De quelque grand malheur
Trop sinistre présage,
Les sourds gémissements
Du Vésuve en courroux
De ce peuple crédule ont glacé le courage.

LE CHOEUR DE PÊCHEURS
D'un juste châtiment qui peut nous préserver?

LE CHOEUR DE FEMMES
Masaniello peut seul arrêter leur furie.

LE CHOEUR DES HOMMES
Masaniello peut encore nous sauver.

BORELLA 
(montrant la porte à gauche) 
Masaniello, n'y comptez plus!

LE CHOEUR
O ciel! il a perdu la vie!

BORELLA
Non, il respire encore;
Mais, sourd à nos accents,
Je ne sais quel délire a maîtrisé ses sens.

PIETRO
C'est Dieu qui l'a frappé.

BORELLA
Tantôt, sombre et farouche,
 Il se croit entouré
De mourants et de morts;
Tantôt, le sourire à la bouche, il chante
Et croit guider sa barque sur nos bords.

LE CHOEUR
Misérable Pietro, tu mourras s'il expire!

PIETRO
Non, sa raison sur lui reprendra son empire.

BORELLA
Mais il vient! il vient!

(Masaniello entre. Le désordre de ses 
vêtements annonce le trouble de ses esprits.)

MASANIELLO
Courons à la vengeance!
Des armes, des flambeaux!

PIETRO
Reviens à toi!

MASANIELLO 
(lui prenant la main)
Parle bas, pêcheur, parle bas;
Jette tes filets en silence.

BORELLA
Masaniello!

LE CHOEUR
Viens, marchons, viens, guide nos pas, Masaniello!

PIETRO
Sais-tu quel péril nous menace?
Voici nos ennemis, mais guide notre audace
Sois notre chef! Parais,
Ils fuiront devant toi. Partons!

MASANIELLO
Oui, oui, partons!

PIETRO, LE CHOEUR
C'est l'honneur qui t'appelle.

MASANIELLO 
(d'un air riant)
Partons, la matinée est belle;
Venez, amis, venez tous avec moi!…

(A ce moment le ciel s'obscurcit, et le Vésuve, qu'on 
aperçoit de loin, commence à jeter quelques flammes.)

Chantons gaiement la barcarolle,
Charmons ainsi nos courts loisirs.

BORELLA
Mortels délais! vains souvenirs!

LE CHOEUR
Mortels délais! vains souvenirs!
Masaniello si vous tardez on nous immole.

MASANIELLO
Le roi des mers ne t'échappera pas!

(Fenella entre et court à Masaniello. Elle lui explique 
que les soldats du vice-roi s'avancent en bon ordre, 
enseignes déployées, et que les tambours battent aux 
champs. Devant eux les lazzaroni se sont enfuis 
effrayés: les uns ont jeté leurs armes, les autres, à 
genoux, ont demandé la vie. Elle entraîne Masaniello 
vers la fenêtre du palais... Les voilà, ils avancent; ils 
ont juré qu'aucun de vous n'échapperait.)

PIETRO 
(à Masaniello)
Tu le vois, leur fureur nous devons au trépas?

MASANIELLO 
(revenant un peu à lui, et serrant Fenella 
contre son coeur)
Ma Fenella! ma soeur! qui cause tes alarmes?

PIETRO
L'ennemi!… 
Que ce mot te rappelle aux combats!

MASANIELLO
Qu'entends-je?

PIETRO
Ce sont eux.

MASANIELLO
Eh! qui donc?

PIETRO
Nos tyrans!

LE CHOEUR
Nos tyrans!

MASANIELLO
Nos tyrans?

(revenant à lui)

Mes armes!

LE CHOEUR
Victoire! il va guider nos pas; 
Plus de discordes, plus d'alarmes! 
Victoire! il va guider nos pas! 

(Ils sortent tous l'épée à la main en entraînant 
Masaniello, qui recommande à Borella de rester 
près de sa soeur et de veiller sur elle. Quelque temps 
Fenella, (seule), suit son frère des yeux. Elle revient 
sur le bord du théâtre, et prie pour que le ciel le 
protège. C'est tout ce qu'elle demande, car pour elle 
il n'y a plus d'espoir de bonheur... Elle regarde encore 
cette écharpe qu'Alphonse lui a donnée; elle veut s'en 
séparer, elle ne peut s'y résoudre, elle la regarde, la 
couvre de baisers; elle entend marcher et la cache... 
C'est Elvire, c'est sa rivale qui entre pâle et échevelée; 
Fenella court à elle: comment vous trouvez-vous seule 
en ces lieux? d'où venez-vous?)

ELVIRE
N'approchez pas! le meurtre et l'incendie
Dévastent ce palais;
Venez, fuyons de ces lieux.

(Fenella n'a rien à craindre; elle veut rester.)

ELVIRE
Entendez-vous les cris
Dont ils frappent les cieux?
Je vois le fer sanglant qui menaçait ma vie,
J'allais périr!... un mortel généreux,
Votre frère lui-même a trompé leur furie.

BORELLA
Masaniello! grands dieux!
Il a triomphé? Le destin se prononce!
Écoutez
Il revient... qu'ai-je vu? c'est Alphonse!

(Alphonse entre avec sa suite. Fenella court à lui, 
et lui demande où est Masaniello.)

ALPHONSE
Votre frère!... Ô douleur! Ô regrets éternels!
Il combattait encore... Hélas! à ces cruels
Il voulait épargner un crime.
Prête à périr, Elvire embrassait ses genoux...
Il a sauvé ses jours, et le peuple en courroux...

BORELLA
Il en était l'idole.

ALPHONSE
Il en est la victime.

(Fenella écoute ce récit en tremblant et tombe à moitié 
évanouie dans les bras de Borella qui la soutient.)

ALPHONSE
Et je n'ai pu le secourir! 
Je l'ai vengé du moins:
Nos bataillons fidèles
Ont au loin dispersé ces hordes de rebelles.
Masaniello n'est plus... Ils ne savent que fuir.

(Fenella sort peu à peu de son évanouissement, 
aperçoit Alphonse auprès d'Elvire, se relève, jette 
sur Alphonse un dernier regard de regret et de 
tendresse et unit sa main à celle d'Elvire, puis elle 
s'élance rapidement vers l'escalier qui est au fond 
du théâtre. Surpris de ce brusque départ, Alphonse et 
Elvire se retournent pour lui adresser un dernier 
adieu. A ce moment le Vésuve commence à jeter des 
tourbillons de flamme et de fumée, et Fenella, parvenue 
en haut de la terrasse, contemple cet effrayant 
spectacle. Elle s'arrête et détache son écharpe, la jette 
du côté d'Alphonse, lève les yeux au ciel et se précipite 
dans l'abîme. Alphonse et Elvire poussent un cri 
d'effroi. Mais au même instant le Vésuve mugit avec 
plus de fureur; du cratère du volcan la lave en flamme 
se précipite. Le peuple épouvanté se prosterne.)

LE CHOEUR
Grâce pour notre crime!
Grand Dieu! protège-nous!
Et que cette victime
Suffise à ton courroux!




ACTO V


17. Barcarolla

(Vestíbulo del palacio del virrey. A la izquierda, 
una larga escalera de piedra que conduce a una 
terraza. Al fondo y a lo lejos la cima del Vesubio. 
Pedro, pescadores, jóvenes del pueblo, salen de 
los aposentos de la izquierda, donde se ha 
celebrado la fiesta. Sostienen en sus manos copas 
y vasos llenos de vino. Otros traen guitarras)

PEDRO 
(con una guitarra en la mano)
¡Mirad desde lo alto de estas orillas cómo navega
ese endeble esquife sobre la mar embravecida! 
Los vientos, las olas y las tempestades amenazan
con engullir a los desdichados pescadores.
Pero la Santa Señora ha guiado a la tripulación.
Protegidos por Ella vemos de nuevo la orilla.
¡No más temor, no más tempestades!
Nuestro barco ha llegado a puerto.

CORO
No más temor, nuestro barco ha llegado a puerto.

UN PESCADOR 
(en voz baja, a Pedro)
¿Has roto las cadenas de este nuevo tirano?

PEDRO 
(del mismo modo)
Sí, ya he castigado la traición de nuestro jefe.

(Señalando a la izquierda la sala de la fiesta.)

Por mi mano, un rápido veneno
corre ya por sus venas.

(continúa cantando)

Borrachos de sangre y saqueos,
los crueles piratas, terror de nuestros mares,
algunos atardeceres, en esta playa, 
esperaban al pescador
para matarlo.
Pero la Santa Señora ha guiado a la tripulación.
Protegidos por Ella vemos de nuevo la orilla.
¡No más temor, no más tempestades!
Nuestro barco ha llegado a puerto.

CORO
No más temor, nuestro barco ha llegado a puerto.

18. Final

PEDRO
¡Alguien viene! ¡Silencio, amigos!

(Borella se acerca desde la izquierda)

PEDRO
¿Qué te inquieta, Borella?

BORELLA
¡Compañeros, armaos o temblad!
Numerosos batallones,
reunidos por Alfonso,
avanzan hacia este palacio, marchan...

PEDRO
¡Maldición!

BORELLA
El mismo cielo parece luchar contra nosotros.
Como el siniestro presagio
de una gran desgracia,
los sordos gemidos
de un enfadado Vesubio
han helado el coraje de nuestra crédula gente.

CORO DE PESCADORES
¿Quién nos puede librar de un justo castigo?

CORO DE MUJERES
Sólo Masaniello puede contener su furia.

CORO DE HOMBRES
Masaniello aún puede salvarnos.

BORELLA 
(señalando la puerta de la izquierda)
Masaniello... ¡No contéis más con él!

CORO
¡Cielos! ¿Ha perdido la vida?

BORELLA
No, aún respira.
Pero, permanece indiferente a nuestras palabras.
No sé qué delirio ha dominado sus sentidos.

PEDRO
Ha sido Dios quien lo ha castigado.

BORELLA
Unas veces, melancólico y cruel,
se cree rodeado
de agonizantes y muertos.
Otras, con la sonrisa en los labios, canta
y cree guiar su barca a nuestras orillas.

CORO
¡Miserable Pedro, morirás si él pierde la vida!

PEDRO
No, él recuperará la razón.

BORELLA
¡Pero él viene! ¡Aquí llega!

(Entra Masaniello. El desorden de sus ropas 
deja ver su atormentado espíritu)

MASANIELLO
¡Venguémonos!
¡A las armas! ¡Antorchas!

PEDRO
¡Vuelve en ti!

MASANIELLO 
(cogiéndole la mano)
Habla bajo, pescador, habla bajo...
Lanza tus redes en silencio.

BORELLA
¡Masaniello!

CORO
¡Vámonos! ¡Guía nuestros pasos, Masaniello!

PEDRO
¿Sabes qué peligro nos amenaza?
Llegan nuestros enemigos. 
¡Guíanos! ¡Sé nuestro jefe! 
Si tú sales, ellos huirán. ¡Adelante!

MASANIELLO
¡Sí, sí, vayamos!

PEDRO, CORO
Es el honor quien te llama.

MASANIELLO 
(con aspecto sonriente)
Vayamos, la mañana es bella.
¡Venid, amigos, venid todos conmigo!...

(el cielo se oscurece y el Vesubio, que se ve en la 
distancia, comienza a lanzar algunas llamas.)

Cantemos alegremente la barcarola.
Alegremos así nuestros breves ratos de ocio.

BORELLA
¡Funestas dilaciones! ¡Vanos recuerdos!

CORO
¡Funestas dilaciones! ¡Vanos recuerdos!
Masaniello, si te demoras, nos matarán.

MASANIELLO
¡El rey de los mares no se te escapará!

(Fenella entra y corre hacia Masaniello. Le 
explica que los soldados del virrey avanzan en 
formación, con sus estandartes extendidos y 
haciendo sonar sus tambores. Los "lazzaroni" 
han huido asustados ante ellos. Fenella conduce 
a Masaniello a la ventana del palacio... "Ahí 
están, avanzan, han jurado que ninguno de 
vosotros escapará")

PEDRO 
(a Masaniello)
¿Lo ves? Su odio traerá nuestra muerte.

MASANIELLO 
(volviendo en sí por un momento, estrecha
a Fenella contra su corazón)
¡Fenella! ¡Hermana! ¿Quién causa tus desvelos?

PEDRO
¡El enemigo!... 
¡Que esta palabra te empuje al combate!

MASANIELLO
¿Qué oigo?

PEDRO
Son ellos.

MASANIELLO
¡Eh!... ¿Quienes?

PEDRO
¡Nuestros tiranos!

CORO
¡Nuestros tiranos!

MASANIELLO
¿Nuestros tiranos?

(volviendo en sí)

¡Mis armas!

CORO
¡Victoria! Él va a guiar nuestros pasos.
¡No más disputas, no más miedos!
¡Victoria! ¡Él va a guiar nuestros pasos!

(Salen todos arrastrando a Masaniello, quien 
pide a Borella que permanezca cerca de su 
hermana y cuide de ella. Durante un momento 
Fenella, sola, sigue a su hermano con la mirada. 
Se dirige a un lado del escenario y reza para que 
el cielo lo proteja. Ya no hay más esperanza de 
felicidad. Fenella contempla aún el echarpe que 
Alfonso le regaló; quiere desprenderse de él, 
pero no se decide. Lo mira, lo cubre de besos, oye 
pasos y lo oculta... Es Elvira, su rival, que entra 
pálida y con los cabellos en desorden; Fenella 
corre hacia ella: "¿cómo estáis sola en estos 
lugares?", "¿de dónde venís?")

ELVIRA
¡No te acerques! 
¡La muerte y el fuego devastan este palacio!
¡Ven, huyamos de estos lugares!

(Fenella quiere quedarse.)

ELVIRA
¿Oyes los gritos de quienes claman al cielo?
Veo la espada ensangrentada 
que amenazaba mi vida... ¡Iba a perecer!... 
Pero un hombre generoso, tu hermano, 
ha atajado su furia.

BORELLA
¡Masaniello! ¡Gran Dios!
¿Ha triunfado? ¡El destino se pronuncia!
Escuchad... él vuelve... 
¿Qué veo?... ¡Es Alfonso!

(Alfonso entra con su séquito. Fenella corre 
hacia él y le pregunta dónde está Masaniello.)

ALFONSO
¡Tu hermano!... ¡Qué angustia, qué dolor!
Luchaba aún, ¡ay!, quería impedir que 
los crueles villanos cometieran un crimen.
Dispuesta a morir, Elvira se echó a sus pies...
Él la salvó, y la gente encolerizada...

BORELLA
Era su ídolo.

ALFONSO
Ha sido su víctima.

(Fenella cae medio inconsciente en brazos 
de Borella que la sostiene.)

ALFONSO
¡No he podido ayudarle!
Pero al menos le he podido vengar.
Nuestros batallones leales
han dispersado a esas hordas de rebeldes.
Masaniello no está... Ellos no saben más que huir.

(Fenella se recupera poco a poco de su desmayo, 
ve a Alfonso cerca de Elvira, se levanta, dirige a 
Alfonso una última mirada de pena y dulzura a la 
vez y une su mano con la de Elvira; después 
corre hacia la escalera que está al fondo del 
escenario. Sorprendidos, Alfonso y Elvira se 
vuelven para dirigirle un último adiós. En este 
momento el Vesubio comienza a lanzar 
llamaradas, y Fenella, desde lo alto de la terraza, 
contempla este sobrecogedor espectáculo. Se 
detiene, se quita el echarpe, se lo lanza a Alfonso, 
eleva sus ojos al cielo y se arroja al abismo. 
Alfonso y Elvira emiten un grito de terror. En 
este mismo instante, el Vesubio ruge aún con más 
furor, y del cráter del volcán sale la lava 
incandescente. La gente se arrodilla)

CORO
¡Perdón por nuestro crimen!
¡Gran Dios, protégenos!
¡Y que esta víctima
aplaque tu ira!


Escaneado por:
Antonio Curiel Estrada
Traducido por: 
María José Álamo Mendizabal  2003